mardi 21 octobre 2008

Deux livres chorales (de Joseph Connolly)




Bonjour aux vacancier(e)s
Bonjour aux embrasseur/ses
Bonjour aux zotres

Je garde un très bon souvenir du film "Embrassez qui vous voudrez" de et avec Michel Blanc lors de sa sortie en salle. J'avais beaucoup aimé ces chassés-croissés amoureux et/ou adultèrins, ces semi-mensonges et totales hypocrisies et surtout, j'avais découvert un adolescent prometteur : Gaspard Ulliel dont j'ai immédiatement eu hâte qu'il ait quelques années de plus.

Je garde un souvenir meilleur d'une récente rediffusion du film à la télévision. Il faut dire qu'entre temps, j'avais lu le roman de Joseph CONNOLLY qui a inspiré le film. Il s'agit de "Summer things", initialement traduit "Vacances Anglaises". L'adaptation de Blanc est extrêmement fidèle, hyper conforme à son modèle allant jusqu'à reprendre mot pour mot certaines répliques. Loin d'être pesante, cette fidélité est une des forces du film et on a plaisir à visualiser Charlotte Rampling ou Karin Viard, Jacques Dutronc ou Vincent Elbaz, Clothilde Coureau ou mon chouchou Gaspard derrière les noms d'Elisabeth, Dottie, Howard, Miles, Melody ou Colin. Si j'ai aimé le film, j'ai adoré le livre et, quelques mois plus tard, je me suis délectée de sa suite "N'oublie pas mes petits souliers" qui reprenait les mêmes personnages et les mêmes ingrédients qui avaient fait le succès du premier opus.

Les livres comiques ne sont pas légion et dans le tas, ceux qui me font vraiment rire ou au minimum sourire sont plus rares encore. Voici ce que j'ai écrit (de très gentil) après avoir lu (et aimé) ces deux romans déjantés et réjouissants.



LE SUJET DE VACANCES ANGLAISES

Une semaine de vacances mouvementée pour trois couples et les personnes qui gravitent autour d'eux : enfants, amis, amants... On suit avec une certaine délectation voire une délectation certaine les aventures et déboires d'Elisabeth, une bourgeoise riche et gentiment égocentrique, de son mari ayant trouvé un bon prétexte pour rester à Londres, de sa fille délurée partie en cachette à Chicago avec son amant qui n'est autre que l'employé de son père, de leurs voisins fauchés tentant désespérément de suivre leur train de vie, de la belle Lulu affublée d'un mari obsessionnellement jaloux et de quelques autres qui, au cours de ces vacances connaîtront des espoirs et des revers, des espoirs et des déboires.


MON AVIS SUR CE LIVRE

Il est rare que je trouve un roman comique vraiment drôle et celui-ci atteint parfaitement son but : détendre et faire rire, faire rire vraiment. Il est remarquablement bien écrit dans un style mêlant habilement narrations et récits à la première personne du singulier, faits objectifs et interprétations subjectives, réalités factuelles et mensonges énormes... L'effet est garanti et fait du lecteur un témoin omniscient qui n'ignore rien des veuleries des uns, des aveuglements des autres et, au final, de la bassesse de tous ou presque.

Si cette bassesse fait parfois rire jaune à l'écran, elle est plus réjouissante dans le livre qui ne possède pas les touches d'amertume qui transparaissent parfois dans la version filmée. Le processus d'identification vis à vis des différents personnages joue moins dans le roman sans doute parce que le ridicule des situations, les travers et les névroses de chacun des protagonistes sont plus appuyés. Selon moi, Michel Blanc a eu raison de gommer quelque peu la caricature et le loufoque dans son adaptation mais cela passe superbement à l'écrit grace à l'imagination débridée, l'humour so british et le talent narratif de l'auteur.

C'est drôle, c'est caustique, c'est chaud... Un petit bijou, un vrai régal. Je ne doutais pas une seule seconde que j'aimerais également la suite publiée en France sous le titre "N'oublie pas mes petits souliers". Comme le tome précédent, j'ai dévoré et adoré ce livre drôle et coquin et je vous le conseille vivement.



LE SUJET DE N'OUBLIE PAS MES PETITS SOULIERS

Elle prépare Noël et ce qui promet un réveillon "parfaitement réussi" selon les propres termes de l'insouciante, riche et gentiment égocentrique (ou faussement aveugle) Elisabeth. Il va sans dire que de multiples grains de sable viendront contrecarrer ses projets.

MON AVIS SUR CE LIVRE

On peut parfaitement lire "N'oublie pas mes petits souliers" sans avoir lu "vacances anglaises" mais franchement je n'en vois guère l'intérêt, le principal attrait de ce tome deux résidant dans le fait de retrouver les personnages découverts au fil des pages de "vacances anglaises". Comme Connolly les a déjà largement décrits pour ne pas dire décortiqués dans "vacances anglaises", il apporte moins de soin aux aspects psychologiques de leurs portraits. Ce n'est pas un reproche, c'est juste que ce n'est plus une nécessité. "Winter breaks" (titre en V.O.) s'attache plutôt à décrire les conséquences de ce qui s'est passé dans le tome 1. On voit donc qui fait quoi, qui vit où, qui quitte qui, qui aime qui, qui couche avec qui avec l'entrée en scène de quelques nouveaux personnages (Cyril, Edna, Laa-Laa, Rick l'américain, etc.) qui génèrent autant de situations inédites.

Comme souvent, je déconseille de lire "n'oublie pas mes petits souliers" dans la foulée du précédent. En effet, le style et l'humour sont rigoureusement les mêmes et je trouve dommage de ne pas s'octroyer une petite pause entre les deux pavés de 500 pages afin de mieux savourer l'un et l'autre et d'éviter une possible lassitude au bout du compte.

Peut-être ai-je plus ri en lisant "vacances anglaises" mais cela ne veut pas dire que la suite est moins bonne, loin de là. C'est juste que la découverte ne joue plus ce qui est paradoxal étant donné que contrairement au tome 1 ce tome 2 n'a pas encore fait l'objet d'une adaptation cinématographique. Dans "n'oublie pas mes petits souliers", on a un peu l'impression que les personnages sont lâchés dans la nature, plus fous si possible que dans le tome 1 et on rêverait que Michel Blanc réunisse à nouveau la même brochette d'acteurs pour leur faire vivre les nouvelles errances de John, Lulu et des autres.

Même dans la caricature et l'excès, chaque personnage sonne incroyablement juste et c'est tout le talent de Joseph Connolly d'écrire à la fois bien et drôlement voire drôlement bien une histoire à la fois implacable (forcément ça va foirer et ce quelque soit le "ça" considéré), déjantée et réaliste, acide et légère mettant en scène des personnages à la fois totalement improbables et terriblement comme vous et moi (ou presque).



POUR EN SAVOIR PLUS

Quelques infos sur l'auteur et son œuvre
Wikipedia et Evene

Quelques critiques enthousiastes de Vacances Anglaises
Chez Caro[line] et ici et
Quelques critiques enthousiastes de N'oublie pas mes petits Souliers
Chez Caro[line] et ici et



CONCLUSION

Connolly est un excellent auteur comique bien loin de la mièvrerie exaspérante de Lodge (et de son inaptitude totale à parler de sexe sans tomber dans le ridicule le plus achevé et donc dans la vulgarité). Pour moi ce diptyque est un VRAI coup de coeur. Drôle, caustique, jubilatoire, cruel, idéal en cas de cafard, parfait en cas de bonne humeur.

Je dois pourtant préciser que le miracle ne s'est hélas pas reproduit avec le troisième roman de Joseph Connolly que j'ai lu et qui s'intitule drôle de bazar et qui, pour le coup ne méritait pas vraiment l'adjectif compris dans son titre.

Pour info : ce message est une compilation retravaillée de deux messages datant d'il y a un an ou deux ou plus (le temps passe tellement vite de nos jours) que j'avais initialement rédigés pour ma liste de discussion à moi que j'aimeuh beaucoup et qui parle de critiques ciné, théâtre, livres, musique, expos, restos, etc. (mais pas de moooaaa...)
http://fr.groups.yahoo.com/group/Quoide9

4 commentaires:

Anonyme a dit…

J'avais beaucoup aimé vacances anglaises aussi, c'est le seul livre de l'auteur que j'ai lu

Nathalie Croisé a dit…

Tout pareil..j'ai dévoré les deux premiers...je vais sûrement aller jeter un oeil au 3ème...
Je te trouve un peu cruel avec Lodge..il y a de très bons passages..c'est inégal mais son humour me plaît..

Jerry OX a dit…

le film de Michel blanc était un pur régal !! un beau chassé-croisé qui m'avait ravi (tout comme toi à ce que je lis) à sa sortie en salles !! j'ai beaucoup aimé (du meme Michel Blanc) le film "grosse fatigue" qui relate une certaine paranoia propre à la célébrité ...j'ai trouvé la mise en scène et l'histoire assez audacieuse !!

si tu as l'occasion : viens donc lire ma dernière loufoquerie !

Cécile Qd9 a dit…

@ Orchidée : tu aimeras la suite aussi à n'en pas douter

@ Nathalie : Lodge j'en ai lu 4 et un seul a à peu près trouvé grace à mes yeux : changement de décor... Je considère que Thérapy et la chute du British Museum figurent parmi les livres les plus vulgaires que j'ai lus dans ma vie. Mais je veux bien concevoir que ma définition de la vulgarité n'est pas forcément la plus courante. Disons que je déteste les auteurs qui parlent de sexe sans savoir ce que c'est.

@ Jean-Philippe : je passe régulièrement te lire