lundi 25 juillet 2011

Professeur de désir (Philip Roth)

Bonjour aux profs
Bonjour aux êtres animés de désirs divers et variés
Bonjour aux zotres

Certains achats de romans sont des évidences quand le nom d’un auteur, la séduction d’un titre et l’attractivité du prix d’un poche d’occasion débusqué sur un marché aux livres font que non, décidément, on n’a comme seul choix que de céder à son désir en espérant qu’il sera satisfait une fois le roman lu.

Le sujet

De son adolescence à sa vie d'homme, un professeur de littérature tente d'analyser l'évolution de son rapport aux femmes, le pourquoi de ses relations précédentes et des causes de leur échec et se demande si le bonheur ne réside pas, finalement, dans la simplicité de ce que l'on ne recherche (désire ?) pas forcément a priori.

4e de couverture

David Kepesh, jeune professeur (très doué) de littérature comparée, est resté un étudiant (tout aussi doué) en érotisme comparé. Sa devise est celle de Byron : « Studieux le jour et la nuit licencieux. » Son étude approfondie du désir passe d'abord par des jeux scabreux avev Bettan et Birgitta, jeunes Suédoises aventureuses, puis le plonge dans l'exotisme et la passion avec Helen, belle, mystérieuse, insaisissable. Il épouse son héroïne mais se retrouve perdu dans le désert de l'amour. La traversée en sera dure, il y perdra jusqu'à la trace du désir. Puis c'est la découverte enfin de l'oasis inespéré. Claire est belle, voluptueuse, mais limpide comme son nom, droite, sans équivoque. Ne s'agit-il pas encore une fois d'un mirage ?

Mon avis

Sur les romans de Philip Roth, j’ai des avis très contrastés entre la détestation du très court Le sein à l’admiration bluffée pour le magnifique La tache en passant par l’ennui profond inspirée par je ne sais trop quelle histoire narcissico judéo new yorkaise verbeuse abandonnée largement avant la fin. Je me demandais dans quelle catégorie j’allais classer Professeur de désir et, en fait, aucune.
J’ai bien aimé le roman mais je l’ai trouvé inégal. Si certains passages m’ont rappelé le plaisir éprouvé en lisant La tache, à d’autres moments (plus rares), j’avais hâte de passer au paragraphe suivant tant je sentais poindre la tentation du baillement déjà ressentie (et pour les mêmes raisons) lors d’une précédente tentative. Heureusement, à aucun moment le livre ne m’a horripilée comme Le sein.

J’ai trouvé le roman brillant, j’ai aimé sa construction analytique, le souci pour les détails et anecdotes qui donnent du corps aux personnages et les rendent tellement humains, j’ai aimé les réflexions sur les rapports de couple et la fatalité de certains échecs courus d’avance.
En revanche, j’ai regretté le côté prise de tête voire mesquin de certains dialogues ou échanges épistolaires pour le moins artificiels et, surtout, quelques facilités et ellipses vers la fin du roman : ainsi ne saura-t-on rien de la rencontre et du début de l’amour entre David et Claire alors que les circonstances et le contexte liés aux précédentes relations de David étaient très précises ce qui renforçait la crédibilité de ces histoires de couple et l’intérêt romanesque que l’on peut leur porter.

Comparée à Helen et aux suédoise, Claire est une ombre et son histoire avec David paraît plus improbable et artificiellement plaquée que réellement construite. Peut-être est-ce voulu ? Peut-être est-ce le constat un brin béat que dresse le personnage lui-même ? Peut-être ressent-il le même étonnement un brin indifférent que nous ? Mais s’il le vit bien en tant que personnage de roman ayant connu une relation précédente passionnée et fatigante, en tant que lecteur/trice moins concerné(e), on aspirerait à plus de corps et on se demande si l'auteur n'est pas lui-même frappé d'intérêt déclinant pour son propre sujet.

Du coup, on est plus dans le constat que dans l'analyse. Or, à mon avis, c'est bien le pourquoi et le comment de la rencontre avec Claire qui aurait été intéressant.

Conclusion

Une lecture intelligente et agréable dont certains passages semblent cependant plus artificiels et/ou moins travaillés que l'ensemble du roman.

dimanche 24 juillet 2011

Sélection bloguesque (de la semaine 29-2011)

Bonjour à ceux (et celles) qui profittent du viagra
Bonjour à celles et ceux qui lisent en vacances
Bonjour Kenza
Bonjour aux zotres

Source du dessin
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Quand certaines collections sont plus utiles que d'autres
Le tout est de ne pas se la faire bêtement voler... surtout si elle est illégale.

Quand je suis surprise au bain
Toile sublime découverte chez Kenza. Le message stipule à juste titre "Corps délicat" mais "créature aux traits carnassiers guettant les faiblesses de ses proies masculines" me semble très exagéré.

Quand je suis sondée
L'an dernier, le blog voyelle et consonne avait donné quelques conseils de lectures estivales. Cette année, il veut connaître les habitudes de lectures des zun(e)s et des zotres. La question est simple
"Comment lisez-vous pour vos vacances ?"
Que ce soit pour mes vacances ou pour mes déplacements professionnels, j'ai mis en place une sorte de procédure "lecture d'ailleurs" dont j'ai déjà parlé
ici : livres fins, faciles, d'occasion et lâchement abandonnés sur place après lecture (pour pouvoir rapporter plus de paires de chaussures et autres souvenirs de voyage).

samedi 23 juillet 2011

Amy Winehouse (est morte)

Adieu Amy
Bonjour à ses fans
Bonjour aux zotres


Je me souviens de la première fois où j'ai entendu une chanson de Amy Winehouse. C'était sur Europe 1 après un éloge dithyrambique de la part du journaliste qui présentait cette jeune artiste comme une pépite, un prodige et que sais-je encore. Si les premières notes de Rehab ne m'ont pas insupportée, dès que j'ai entendu la voix de la chanteuse, j'ai su que je n'aimerai pas. De fait, sa carrière ne m'a jamais intéressée et ses excès non plus puisque ce sont bien eux qui la propulsaient régulièrement sur le devant de la scène médiatique faute d'assurer sur celle d'un concert. Cela dit, j'avais pitié d'elle tant sa fin semblait programmée à court terme mais quelle férocité il faut pour tirer sur une ambulance.

Cette photo a été prise en juin dernier à l'occasion de son "fameux" concert "mythique" à Belgrade. Sur le net, on trouve hélas des photos 1000 fois pire, où la chanteuse apparaît maigre, pathétique, défigurée, malade.

Je me souviens qu'à une époque certain(e)s pariaient pour savoir qui de Britney Spears ou Amy Winehouse allait mourir en premier (hé oui, certaines personnes ont vraiment des passe-temps sains). On tient la gagnante.

mardi 5 juillet 2011

Tu sais que tu es à Singapour (quand tu croules sous les boissons bizarres)

Bonjour à celles et ceux qui ont participé à ma dégustation de Fanta fraise guinéen ou qui ont subi l'épreuve ultime du jus de tamarin
Bonjour aux zotres

En pleine dégustation gourmande de jus de fruit du dragon (dragon fruit juice pour les intimes) fraîchement pressé sur un food market à Singapour... délicieux !
Lors d'un DLE passé, j'ai apporté deux canettes de Fanta fraise précieusement importées de Guinée... Les avis étaient partagés entre souvenirs d'enfance et relent médicamentaux ce qui n'est d'ailleurs pas incompatible, loin de là.
Quelques mois plus tard, je récidivais en rapportant du jus de tamarin, la boisson la plus infecte que j'ai testé de ma vie (cela dit je n'ai jamais bu de jus de melon ni de nectar de durian !). Selon moi, ça rappelle le goût de la cosse de petit pois ou du haricot vert cru.

Si la bière du coin n'a rien de traumatisant et si certaines boissons locales comme le thé aux chrysanthèmes ou le jus de canne à sucre (très sucré forcément) sont plus surprenantes pour un palais occidental que franchement désagréables, d'autres breuvages testés à Singapour ont de quoi rebuter même les plus intrépides aventurier(e)s du goût !

Là-bas, il m'a été donné d'acheter et de tester des boissons tout aussi bizarre et pas toujours agréables (loin de là !) mais, hélas, poids de la valise oblige, je n'ai rien pu rapporter.

Pourtant, la canette de Rose Bandung ci-contre avait de quoi fasciner ! La couleur du liquide qui en sortait oscillait entre celle d'une glace industrielle à la fraise et celle d'une eau dans laquelle un pinceau uniquement dédié à de la gouache rose cochon aurait longtemps séjourné. Au goût ça évoquait autant la rose que la m... ou le plâtre (ou un pansement gastrique). Enfin, vous voyez ce que je veux dire...

Les 3 petits centilitres que j'ai osé avaler m'ont convaincue de jeter illico les 30 autres dans le lavabo de ma chambre d'hôtel.

Ce qui était franchement agréable, c'était les boissons où nageaient des dés d'aloé véra, un produit consommé sous diverses formes à Singapour, du yaourt au jus (seul ou comme ici associé à la myrtille) en passant par le bonbon.

Le Nonya Kaya n'a rien d'une boisson, il s'agit d'une délicieuse spécialité locale à base de noix de coco (dont je ne suis pourtant pas fan habituellement). il s'agit d'une pâte à tartiner très sucrée évoquant plus la crème d'amande, très riche et très appréciée des singapourien(ne)s de 7 à 77 ans.

On a l'embarras du choix des formes et des couleurs, des goûts et des odeurs... mais on ne sait pas toujours ce que l'on boit ! Ainsi, je serais incapable de vous dire ce qu'il y avait dans la bouteille au petit dauphin rose !

Je crois que de toutes mes découvertes liquides, celle que j'ai préféré est le frutee ce jus d'agrumes paradoxalement pulpé et artificiel... J'ai bu les 2x50 cl en moins d'une heure (cela dit, il fait tellement chaud et orageux dans ce bled que ce n'est pas un exploit mais une quasi nécessité) et j'en ai fait un stock pour tout le reste de mon séjour.

dimanche 3 juillet 2011

Sélection bloguesque (de la semaine 26)

Bonjour à celles qui marchent avec des talons
Bonjour à ceux qui les regardent marcher
Bravo à Taïg Khris
Bonjour aux zotres

Source de la photo

Une sélection paradoxale, qui décolle tout en restant au ras du bitume... Cliquer sur le mot quand pour accéder au message d'origine.

Quand je ne tenterais pas la même chose même pour 100 millions d'euros
Pour sa propre santé mentale et physique, il est important de connaître ses limites. J'espère que Taïg Khis connaît les siennes car il serait vraiment dommage qu'un si bel homme se rompe les os à force de jouer les casses cou à grands renforts de sauts dans le vide. La photo prise par Eric au Sacré Coeur me donne le vertige au propre comme au figuré... quant à celles, un peu moins spectaculaires (quoique...) de lui en maillot de bain blanc moulant pendant Koh Lanta, elles lui ont paraît-il valu le surnom de "La poutre". Je peux comprendre.

Quand n'importe quelle femme ayant déjà chaussé des talons sait que c'est faux
Toute femme peut vous dire que le nombre de regards masculins posés sur elle est sensiblement plus élévé quand elle porte des talons : démarche différente, tenue naturellement plus droite (enfin, artificiellement puisque ce sont les talons qui en modifiant l'équilibre, obligent à se redresser plutôt qu'à s'avachir) donc buste plus en avant, jambes amincies, bruit des talons, tenue différente (qui a déjà une porteuse de talons affublée d'un jogging ?)... autant de facteurs d'explication potentiels à ce "phénomène" pas si inexplicable que ça...

Quand Tata Paulette propose une nouvelle solution amincissante
C'est vraiment drôle et je ne peux m'empêcher de songer que 10 ans plus tard le télé achat vendra aux mêmes Connes-sottes-matrices des corsets pour soulager leurs dos maltraités par ces chaussures pour gogo (pas danseuses)...

Quand une blogueuse teste et désapprouve
Elle apporte de l'eau à mon moulin quant au regard exigeant des hommes sur les pieds des femmes...

vendredi 1 juillet 2011

Shutter Island (de Dennis Lehane)

Bonjour aux aliéné(e)s
Bonjour aux sain(e)s d'esprit (ou à celles et ceux qui se considèrent comme tel(le)s)
Bonjour aux zotres

Le problème avec ce genre de livre, c'est que le simple fait de donner son avis et de l'expliquer constitue déjà un début de spoiler. Je vais donc tenter de ne pas donner plus d'infos que ce que je savais déjà du romans avant de l'avoir lu et sans avoir vu le film. Je ferai une partie "Spoiler" tout à la fin de ce message (en tout petit et en orange avant la conclusion) pour les plus curieux/ses et pour celles et ceux qui connaissent déjà ce roman.
Je conseille à celles et ceux qui ne voudraient pas en apprendre trop de ne pas lire les commentaires.

Le sujet

Une dizaine d'années après la seconde guerre mondiale, le marshall Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule sont amenés à enquêter sur la disparition mystérieuse d'une patiente de l'asile de Shutter Island où sont enfermés de dangeureux criminels. Une tempète les bloque sur l'île pendant 4 jours et 4 nuits éprouvants.

Mon avis

Une pub Canal+ annonçant la diffusion du film que Martin Scorcese a tiré du roman de Dennis Lehane disait en substance : "A chaque fois que Leonardo di Caprio prend le bateau, il a des ennuis". Outre le clin d'oeil humoristique à Titanic, cette affirmation livre une information sur le roman que tout(e) lecteur/trice obtient aussi dès les premières pages : le marshall Daniels pressent qu'on va chercher à l'empêcher de quitter l'île avec son co-équipier et ses craintes se renforcent à chacune de ses découvertes.

Le suspens réside donc ailleurs : quel secret inavouable peuvent bien cacher le personnel et la direction de l'asile psychiatrique de Shutter Island ? Jusqu'où sont-ils prêts à aller pour contrecarrer l'enquête en cours ? A qui Teddy et Chuck peuvent-ils faire confiance ? Comment la vérité éclatera-t-elle ? etc.

L'écriture est agréable, l'intrigue est prenante, la personnalité des deux enquêteurs est intéressante et complexe, leur passé est lourd : autant d'ingrédiens qui font que les pages se tournent à un rythme aussi soutenu que l'attention et que, comme Teddy, on guette le moindre indice. De fait, on en repère certains et, au fur et à mesure que les pages défilent, les hypothèses se précisent et une partie de la vérité affleure.

Il n'en reste pas moins que les révélations des derniers chapîtres vont bien au delà de ce que le/la lecteur/trice attentif/ve avait pressenti. Et c'est là qu'intervient le gros bémol qui fait que, même si j'ai énormément apprécié ma lecture, je ne peux la qualifier de coup de coeur.

L'ensemble de l'histoire repose sur un présupposé se voulant structurant et expliquant tous les événements de ces 4 jours mais il me semble au contraire que cet élément est pour le moins acadabrantesque voire totalement absurde ce qui, à mes yeux toujours, amoindri considérablement l'intérêt du livre.

En outre, je ne suis pas convaincue à 100% de la cohérence globale du récit et, comme on a envie de revoir le film après avoir vu Usual Suspects ou Le 6e sens, on ne peut s'empêcher de se demander si le récit de Shutter Island ne comporte pas des failles ou des éléments tout aussi abracadabrantesques que le présupposé de départ. A mon avis, oui... mais je ne suis ni psychiatre, ni marshall, ni malade mentale (enfin je crois... puisqu'il paraît que le déni est la preuve ultime de la folie).

Certain(e)s considèrent que la fin est ouverte et d'autres non, je fais partie de ce dernier clan et, pour moi, le devenir de Teddy et Chuck ne fait aucun doute.

Quelques liens

allociné
Wikipedia (mini spoiler)
Eloge sur la Conjuration des livres et gros spoiler volontaire décryptant la fin du roman (lu 2 fois)

Spoiler (partiel)

Qui pourra me faire avaler qu'une poignée de médecins se soient donné un tel mal de chien et aient fait prendre autant de risques à leur personnel pour monter ce plan ? C'est totalement absurde. Quant à l'interprétation des dernières pages, pour moi elle est limpide : leur plan a échoué à l'issue des 4 jours alloués avec toutes les conséquences que cela implique.

Conclusion

Un livre un peu dingue qui rend accro et dont le final fait douter de ses propres facultés.