lundi 2 mars 2009

Quand tu aimes, il faut partir (d’Alina Reyes)


Bonjour à celles et ceux qui partent
Bonjour à celles et ceux qui restent
Bonjour à celles et ceux qui font des allers et retours
Bonjour aux zotres

Je ne suis pas du genre gogo de la pub (enfin… je suis tout de même assez sensible au mot «nouveau» imprimé sur n’importe quel packaging de produit alimentaire surtout si celui-ci est sucré) mais vous avez sous le nez (façon de parler), un exemple type de la nana qui se laisse fa-Cécilement piéger par un titre de roman un peu joli ou décalé.

Combien de romans poussifs et de livres oubliés sitôt refermés ai-je lu à cause de ça ? Mystère. Voici toutefois quelques exemples révélateurs :
Accessible à une certaine mélancolie de Patrick Besson
(là)
Le Potentiel érotique de ma femme de David Foenkinos
(là)
Comment je suis devenu stupide de Nicolas Page

Il faut croire que le potentiel créatif, poétique et/ou humoristique de certain(e)s auteur(e)s ne dépasse pas la couverture tant un grand titre n’annonce pas tout à toujours d’un grand livre. De fait, Quand tu aimes, il faut partir d’Alina Reyes est un tout petit roman par la taille et pas très grand non plus par le contenu.

Le sujet
La narratrice est écrivaine, mère de deux fils et surtout amoureuse d’Oscar, un homme plus jeune qu’elle. Ce livre est l’occasion de lui dire à travers quelques bribes de récit de voyages et de vie.

Mon avis

Devant la couverture, je me suis immédiatement arrêtée en vertu de l’aveu qui précède mais aussi parce que je me suis demandé quel sens donner à ce titre. L’injonction s’applique-t-elle aux voyages ou appelle-t-elle à quitter celles et ceux qu’on aime ? La réponse se trouve dans la solitude d’un chalet des Pyrénées, un exil au Canada et deux mois d’errance à travers les Etats-Unis.

D’Alina Reyes j’avais lu et apprécié Le Boucher (1988), son premier livre retentissant, prix Pierre-Louÿs 1987. Depuis, on ne peut pas dire qu’elle ait beaucoup occupé le devant de la scène littéraire et la lecture de Quand tu aimes, il faut partir m’a fait comprendre qu’elle avait perdu son éditeur à une certaine époque et, de fait, je conçois qu’une maison un peu exigeante sur l’intérêt de ses publications refuse de publier ce genre de livre qui ne brille ni par l’intérêt du sujet, ni par la profondeur des idées ou des émotions traduites, ni par la qualité d’écriture. On sent le livre facile, rapidement écrit à des fins alimentaires et je me dis que le nom de l’auteur(e) sur la couverture est la seule explication plausible que je vois à sa parution.

Bien sûr, ce n’est pas excessivement mauvais ni terriblement mal écrit et certaines idées auraient même pu être intéressantes si elles avaient été développées un peu ce dont l’auteure se dispense pour ne livrer au final que 81 pages d’un texte écrit très gros et, de son propre aveu, en une semaine et en partie dans le train. La conséquence est qu’on a parfois l’impression d’une enfilade de poncifs là où Reyes, en développant un peu, aurait pu apporter un point de vue féminin pertinent et intéressant sur certaines notions relatives comme les choix de vie, l’exigence, etc. Mais l’exigence est

Le résultat est évidemment superficiel et frustrant, il tient parfois de l’énumération lapidaire (que dire des deux pages de souvenirs ou plutôt de flashes évoquant la traversée des USA ? Cela tient du bloc note personnel, du commentaire d’album photo, du « tu te souviens de ça ? et de ça ? » mais certainement pas de la littérature.

Restent quelques belles pages parce que Reyes est intelligente, cultivée et sûrement intéressante, quelques impressions à propos de choix de vie décalés et hédonistes, d’une personnalité de femme autonome et exigeante, plus amoureuse que mère.

Quelques extraits


Le malheur des femmes et des hommes est d’être constamment obligé des choisir, de devoir abandonner une voie pour une autre. Mais c’est un malheur bien plus grand encore de n’avoir pas de choix, ou de ne pas s’en donner. (P.42)

Conclusion

Un rendez-vous un peu manqué et l'impression frustrante qu'on a entre les mains le premier jet à étoffer d'un futur livre et non le roman abouti.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Sinon, dans une version encore plus courte, il y avait l'original de Cendrars, mais c'était peut-être moins bien packagé, et en plus pas nouveau du tout pour le coup... ;)

Anonyme a dit…

Je l'avais lu aussi à l'époque où il était sorti, comme toi très accrochée par le titre… et puis par le fait que j'ai habité quelque temps dans le même immeuble que sa maman. Je sais qu'elle avait un blog, j'avais jeté un oeil. J'ai le sentiment qu'elle est devenue très mystique, mystico-païenne… Plus trop ma tasse de thé.