jeudi 8 janvier 2009

La souris bleue (de Kate Atkinson)


Bonjour aux souris bleues en peluche et aux souris vertes qui couraient dans l'herbe
Pas bonjour aux vilaines souris grises de WW2
Bonjour aux zotres


Il y a des livres dont on a tellement entendu parler en bien, sur lesquels on a lu tant de louanges qu'on est partagée entre la hâte de les découvrir et la crainte d'être déçue.

Stephen King qui en connaît en rayon en matière de polars, thrillers et autres romans noirs aurait qualifié "La souris bleue" de meilleur mystère de la décennie. Rien que ça ! Je ne partage pas son avis.

En fait, je suis à 99% d'accord avec cette critique : moi aussi j'ai aimé mais moi aussi j'ai été déçue par rapport à mes attentes tant il est vrai que trop d'enthousiasmes (chez les zotres) nuit souvent à l'enthousiasme (chez soi).

Le sujet

Les trois premiers chapitres du roman décrivent trois drames (dont deux affaires non résolues) s'étant déroulés par le passé :
- la disparition d'Olivia, une fillette de trois ans il y a 34 ans,
- l'assassinat de Laura, une adolescente de 18 ans il y a 10 ans,
- le meurtre d'un jeune père de famille par sa femme il y a 25 ans.
A quelques semaines d'intervalle, le détective privé Jackson Brodie dont l'essentiel de l'activité se résumait jusqu'ici à des filatures dans le cadre d'adultères et à des recherches de chats pour une octogénaire siphonnée, est amené à enquêter sur ces trois affaires anciennes et à rencontrer certains des protagonistes survivants. Chaque chapitre présente les événements et relations en cours selon la perception de l'un des personnages impliqués (les soeurs d'Olivia, le père de Laura, le détective, etc.).

Les points faibles

Le rythme du récit et la longueur du texte
J'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre. Moi qui adore les digressions, j'ai paradoxalement trouvé qu'il y en avait beaucoup trop et cela nuit au rythme du récit qui ne fait pas moins que 412 pages sur lesquelles j'en enlèverais facilement 50 à 100. Le problème de ces digressions est qu'elles sont constituées d'anecdotes, de souvenirs et qu'elles n'approfondissent pas ou très peu la dimension psychologique des personnages. Le paradoxe est qu'on sait énormément de choses sur eux mais que cela reste assez superficiel.

Le suspens
Rien d'haletant en fait dans la mesure ou :
- soit il est possible de deviner + ou - les événements et là les ficelles sont assez grossières
- soit Kate Atkinson tombe dans la facilité et nous sort une information ou un personnage inconnu de sa manche à la dernière minute (un peu comme Patricia Cornwell aime le faire) et là, évidemment, impossible de deviner mais je ne vois pas où est la prouesse en terme de construction du récit.
De fait, je trouve la fin un peu bâclée et je n'ai pu m'empêcher de penser "tout ça pour ça". Je regrette également la tentation du "happy end pour tou(te)s", fâcheuse à mon avis, à laquelle l'auteure n'a pas totalement résisté.

Le côté constamment descriptif
Kate Atkinson s'attarde plus sur les faits que sur leurs conséquences, sur l'action plutôt que sur les motivations. Du coup, on a du mal à s'attacher aux personnages qui manquent un peu de chair. On a l'impression de les voir en photo, pas de les connaître. C'est particulièrement gênant, je trouve, pour le personnage de Sylvia (mais pas seulement).

Les points forts

L'écriture
Le texte est bien écrit et se lit agréablement notamment grâce au parti-pris de mener plusieurs intrigues en parallèle et d'alterner les points de vue entre les différents protagonistes.

L'imagination
L'auteure n'en manque pas ! Elle multiplie les anecdotes sur chacun(e), les allers-retours entre passé et présent.

L'humour
Le livre est plein d'humour, d'esprit, de petites phrases caustiques. Certains passages sont franchement drôles, quand il est question de sexe par exemple.

La noirceur
L'ensemble du livre n'est pas franchement gai, certains passages sont mêmes assez durs tant ils décrivent des choix difficiles, des expériences dramatiques, le plus terrible de ce qui peut survenir dans la vie d'un homme ou d'une femme.

Conclusion

La souris bleue de Kate Atkinson est certes un bon livre mais pas du tout le chef d'oeuvre fréquemment annoncé. Je doute qu'il m'en reste beaucoup de souvenirs dans quelques mois.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu adores les digressions, toi ? A te lire depuis quelques mois, j'avais remarqué !

Cécile Qd9 a dit…

tu es donc une lecture vachement perspicace, attentive et psychologue ! ;o)

Anonyme a dit…

Merci pour le petit message sur bibliophage pour nous prévenir que tu empruntais notre article :)

tout le monde n' pas cette délicatese.

bonne année et continuation !

Cécile Qd9 a dit…

@ Romain... heu... Soit, merci de ton merci, sauf que je ne l'ai pas "emprunté", je l'ai juste cité en joignant un lien... Nuance.