mercredi 2 décembre 2009

Mon père n'est pas mort à Venise (extraits)

Bonjour Sophie
Bonjour les zotres


Avant la mise en ligne de ma critique du roman d'ici quelques heures (odieux teasing sadique, je sais), voici quelques extraits qui vous feront sans doute comprendre pourquoi j'ai aimé ce livre.


Il est là-haut, coincé dans son fauteuil roulant. Elle est dessous, dans la cave. Comme sa vie, en bordel, conservateur de papiers et de souvenirs. l a exigé, la maladie donnait cette raideur du corps et de l'esprit, il a décidé qu'elle, sa fille, range les livres. On va construire des étagères pour donner à la pièce un air propre, elle doit donc déplacer tous les livres, faire des piles, et puis trier.
Elle est là, en dessous de lui coincé, immobile. Il sait ce qu'elle est en train de faire, il veut absolument que ce soit elle qui le fasse. Qu'elle mette de l'ordre dans son passé. (P.9)

Son corps s'affaisse, rien à faire, il s'enlaidit, il souffre, il finit par n'exister qu'au travers des douleurs. L'esprit a compris qu'il sera le dernier à vivre, avec les envies de courir encore vives et le corps, lui, restera planté là dans le fauteuil roulant. Ca fera mal dans les jambes coincées, inutiles, et ça fera mal dans l'âme. Tout sera mort et pendra, là, devant lui. (P.10)

Elle avait l'air heureuse avec ses six enfants, et ce mari gigantesque. Elle ne paraissait pas accablée, ni harassée. Elle semblait, comment dire, parfaitement à l'aise dans cette situation. Marianne se disait, elle va bien, finalement il ne faut pas avoir peur, il y a des familles entières qui sont heureuses, avec de l'argent et une bonne santé, cette gaieté des enfants, les joues rondes, les sourires. Et puis elle remarqua les jambes aux veines éclatées, depuis le haut du mollet qui remontaient vers les cuisses des varices roses et violettes. Cette femme avait perdu la peau des jambes, bébé après bébé. Qu'est-ce qu'elle pensait en se regardant dans la glace ? (P.25)

Marc s'étonnait qu'on fasse encore des autodictées. Il y avait comme ça des choses invariables qui traversaient les âges, mais oui, bien sûr, il ferait réciter le texte consciencieusement, il aimait bien de temps en temps ces cérémonies des devoirs, des rituels qui avaient pour but de faire de vous des parents, que vous le vouliez ou non. (P.54)

"J'ai pas peur de mourir, j'ai peur de rester mort" (P.63)

- Oui, oui, ma mère m'aimait. Bienau chaud à la maison à être une petite fille modèle. Mais vivre avec l'idée qu'on se fait de son enfant, c'est faire comme s'il n'était pas là, non? (P.71)

2 commentaires:

ficelle a dit…

(c'est la classe…)

Cécile Qd9 a dit…

je ne te le fais pas dire !