dimanche 6 décembre 2009

Tu sais que tu es au bord de la piscine du Novotel de Conakry (quand tu ressembles à un Semiffredo au bout de 2 heures)

Bonjour à celles et ceux qui enchaînent les longueurs
Bonjour à celles et ceux qui préfèrent barboter
Bonjour à celles et ceux qui engraissent les fabriquants de biaphine et de crème hydratante
Bonjour aux zotres

L’embêtant quand on ne peut pas sortir d’un hôtel pour cause d’insécurité potentielle à mettre un pied dehors c’est qu’il n’y a pas grand-chose à faire. Surtout quand :
- les connexions wifi dans les chambres sont suspendues depuis plus de 2 mois de même que les lignes téléphoniques internationales,
- la moitié des chaînes de TV est out ou avec une image tellement pourrie que c’est pareil voire pire et quand l’autre moitié se compose majoritairement de chaînes diffusant du sport (beurk) ou des télénovella africaines (c’est sympa à découvrir 15 minutes mais au-delà on déplore rapidement l’infectitude caricaturale du jeu des acteurs à côté desquels Brigitte Bardot ou Arielle Dombasle sont confondantes de naturel ou n’importe quelle dinde botoxée, liftée, péroxidée et choucroutée de Côté Ouest ou Amour Gloire et Beauté mériterait un Oscar.

Alors, bien sûr, il reste RFI à la radio et les chaînes d’info (France 24, euronews et CNN) qui, en cette période instable, font le point toutes les ½ heures (la première en fait, parce que les 2 zotres, elles en sont encore à chercher la Guinée sur une carte apparemment) et démontrent par là même qu’elles ne savent pas du tout ce qui se passe ici et encore moins si le président est blessé un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ou pas du tout. Remarquez, ici non plus on ne sait pas trop mais on suppute, on conjecture, on imagine. Mais bon, une fois que le sujet est abordé, débattu, rebattu, usé jusqu’à la corde, on a envie de passer à autre chose.

Mais à quoi, je vous le demande ? A priori 3 options s’offrent alors :
- la sieste,
- la piscine,
- la sieste à la piscine.

Il se trouve que malgré tout le mal que je pense du Novotel de Conakry, il y a une chose qu’on ne peut lui retirer : sa piscine ! Elle est grande, l’eau est diaboliquement chaude, bordée de palmiers, située sur une terrasse au pied de la mer et, de fait, elle offre une vue que l’on peut certes qualifier de magnifique sur des îles, un phrare, des bateaux de pêche, des rochers à marée basse où de jeunes hommes viennent ramasser dieu (qui n’existe toujours pas) sait quoi. En outre, contrairement à tout le reste ici : elle nickelment chromément propre !

Bien sûr, la vue donne envie de dépasser la margelle carrelée de la terrasse et d’accéder à la plage mais c’est juste inenvisageable non pas à cause des quelques barbelés rouillés qu’il suffirait d’enjamber ou de contourner (il n’y en a pas partout !) mais parce que, pour ma propre sécurité, je suis semble-t-il condamnée à ne voir ce pays et ses habitants que de loin, derrière les fenêtres du 4e étage d’un immeuble de bureau, derrière les vitres teintées d’un 4x4 conduit par un chauffeur, derrière le parapet d’un hôtel pour personnel de compagnies aériennes, hommes d’affaires blancs, diplomates noirs, journaleux/ses et ONGistes de tous poils.

Il paraît que le pays est magnifique mais je n’en verrai qu’un peu de béton et quelques rues sur 5 km2 maximum. Il paraît que les gens sont adorables. J’ai serré la main à deux ministres, quelques consuls étrangers, des gouverneurs, des conseillers, un sélectionneur de foot et à qui sais-je encore. En revanche, je ne rencontrerai pas le peuple en dehors des plantons et vigiles divers de l’hôtel qui, c’est vrai, sont plutôt sympa et très souriants contrairement aux zodieuses serveuses.

C’est frustrant. C’est dommage. Pour moi bien sûr mais surtout pour ce pays. Attention, je ne suis pas en train de dire que je suis quelqu’une de teeeeeeellement géniaaaaaaalissime que la Guinée toute entière gagnerait à me connaître (quoique…), je suis juste en train de dire qu’un pays mérite mieux que la méfiance et la peur des gens qui y séjournent et que tant que cette méfiance et cette peur perdureront, tant que les conditions ne seront pas réunies pour qu’elles disparaissent, le dit pays ne pourra pas se développer, quelque soit ses richesses et son potentiel. C’est ça qui est dommage.

Quelque chose me dit que je suis lentement mais sûrement en train de dériver en dehors de la piscine, loin de son eau calme au bleu olympien et au chlore raisonnablement présent. Pourtant, c’est bel et bien de ce sujet d’une très haute importance dont je voulais vous entretenir dans la mesure où moi, parmi les trois options évoquées plus haut, j’ai choisi une subtile combinaison entre les deux dernières et si je continue à ce rythme là, je sens que je vais rentrer avec la peau frippée (qui vient de faire une remarque déplacée sur mon âge et sous entendre qu’au lieu de me moquer des actrices chirurgicalées je ferais mieux de me regarder dans un miroir ou dans l’eau de la piscine), avec les mains et les pieds palmés, avec un profil de sirène (mi femme mi thon). Je passe mon temps dans l’eau, essentiellement à faire la planche ou à battre des pieds tant mes points communs avec Laure Manaudou se limitent à un goût prononcé pour les beaux bruns (nageurs ou non, italiens ou pas…).

En enlevant mon maillot de bain il y a une heure ou deux, j’ai pu constater que ces batifolages aquatiques n’étaient pas sans effet sur ma carnation faute d’en avoir sur ma silhouette. Je ne sais pas si vous connaissez ce dessert dégueulasse qui était servi dans les restaurants bas de gamme quand j’étais enfant et qui s’appelait le Semifreddo. Rien à voir entre la version dont je parle et celui de la photo d'à côté qui a l'air délicieux : il s’agissait en fait d’un rectangle de glace industrielle posé sur une gaufrette, moitié vanille, moitié fraise le tout emballé dans une sorte de papier doré ou argenté je ne sais plus.

Eh bien je suis un peu comme ça : couleur bidet là où je portais un maillot de bain, couleur maillot de bain là où je n’en portais pas. Il va sans dire que mon maillot de bain n’est ni vert ni gris mais bien de la couleur du drapeau marocain ou chinois ou autre du même genre (la preuve en image ici). Ouais, tiens, c’est vrai, j’ai un petit côté drapeau Suisse aujourd'hui !

4 commentaires:

ficelle a dit…

Quand même, elle fait sacrément envie ta piscine, et même le rouge sur la peau qui va avec…
Ici, le temps est comme quand t'es venue ;-) Je vais peut-être aller me faire couler un bain chaud et imaginer que je suis toi…

Cécile Qd9 a dit…

@ Ficelle : bon, je penserai à toi aussi en faisant la planche et en me tartinant de crème Biotherm indice 50

liliba a dit…

Ce sont les autochtones qui ratent quelque chose, de ne pas pouvoir faire enfin ta connaissance et succomber à ton charme indéniable... Il fut un temps ou d'autres pays furent plus heureux et eurent la grâce de ta présence un peu partout... et ou certains autochtones eurent même droit à tes marques de maillot alors que nous, pauvres blogueurs, nous ne faisons que les imaginer !
Il faudra donc que tu reviennes quand la situation sera plus calme (et que tu auras repris des couleurs à peu près normales !)

Cynthia a dit…

Je vais de ce pas me renseigner sur les avancées réalisées en matière de télétransportation!