mercredi 10 décembre 2008

Je suis belle et j'en fais exprès (ou presque)





Bonjour Jérémy
Bonjour Nathalie
Bonjour Véronique
Bonjour la sangria
Hips ! aux zotres





Il se trouve que je viens de regarder une nouvelle émission sur M6 intitulée "Belle toute nue". Le principe est très simple : des nanas tellement complexées par leur corps qu'à ce niveau là c'est pathologique sont prises en main par un coach aussi fashion que sympa, souriant, drôle, efficace et gay (enfin je crois et sinon il fait bien semblant).

Comme tout le monde, j'ai des complexes (oui, même moi...). Disons plutôt comme toutes les femmes car j'ai remarqué que les hommes avaient plus naturellement tendance à aimer leur physique que nous parfois avec aussi peu de bon sens que nous en mettons à dramatiser nos défauts réels ou supposés. Je disais donc que j'ai des complexes, comme tout le m... enfin... toutes les femmes... mais pas du tout là où les hommes visent quand ils se veulent taquins ou lourds ou les deux. Qu'on se le dise une fois pour toutes : j'aime beaucoup mes seins et je n'en changerais pour rien au monde. Ils sont petits, so what ?

Aucun regard sur mon absence de décolleté ne pourra changer ça : j'aime vraiment mes seins. En revanche, je sais qu'un regard ou un mot peuvent altérer la perception que j'ai de moi, ce que je vois quand j'observe d'autres parties de mon corps, potentiellement jusqu'à l'obsession (passagère, certes, envolée dès qu'un nouveau mot, un nouveau regard bienveillant se pose sur moi en attendant la prochaine vacherie ou maladresse).

Tout le monde connait cette problématique du corps et du regard, de l'être et de l'apparence, de la dialectique infernale : "on est l'image que l'on renvoie" versus "on est l'image que les autres nous renvoient". C'est pourquoi tout le monde peut être touché par les mots de Jérémy Patinier, le très sympathique auteur (si, si...) de Les gens moche ne le font pas exprès. qui se joue jusqu'à la fin de cette semaine (urgence donc) au théâtre Pandora (salle de 20 places environ - 30 rue Keller - Paris 11e).

Après le spectacle, j'ai dîné en sa compagnie avec Nathalie et Véronique avec qui j'ai vu la pièce et j'ai ainsi eu l'occasion de lui dire ce que je vais vous répéter dans pas plus longtemps que quelques secondes :
1 - J'ai aimé le texte de la pièce.
2 - J'ai aimé l'actrice, son énergie et son culot.
3 - Je n'ai pas aimé la mise en scène ou plutôt son absence.

Le texte

Jérémy Patinier
écrit plutôt bien des choses tantôt sensibles, tantôt drôles, tantôt finement observées, tantôt tout ça à la fois soupoudré de ce qu'il faut de mauvaise foi, d'exagération, de parti-pris pour que le résultat soit personnel et attachant.
Bien sûr il y a quelques redites ou au contraire quelques contradictions entre les seynettes mais peu importe, le texte est une sorte de kaléïdoscope sur la mochitude ou plutôt la grossitude qui met le doigt là où ça fait mal.
Certaines formules sont excellentes et font mouche mais je n'ai pas eu le temps de les mémoriser tant le texte est dense.

L'actrice

Le texte est dense disais-je ou pas tant que ça... La pièce a duré 45 minutes montre en main tant l'actrice, Sarah François, s'est précipitée pour dire son texte. Elle est touchante, émouvante, forte au sens propre comme au figuré et elle transmet son émotion au public.
Quand on pèse (bip) kilos voire plus, ne pense pas que ce soit forcément très simple de monter seule sur scène à 20 cm du public, vêtue d'un tutu, toutes vergetures et bourrelets au vent et d'offrir son corps au regard en même temps que son texte aux oreilles (c'est même tout le propos du texte). Peut-être est-ce pour cela qu'elle en rajoute parfois des tonnes (si j'ose dire), qu'elle s'engouffre dans l'excès là où le propos de l'auteur n'est justement pas la caricature.
Les meilleurs moments de la pmièce ne sont pas du tout ceux où elle hurle (pitié ! On n'est pas au Stade de France mais dans une salle de 20 places !!!) et gigote dans tous les sens mais celles où elle fait montre de retenue et de pudeur.

La mise en scène

Comme je l'ai dit à l'auteur, je suis convaincue que le petit bémol évoqué précédemment à propos du jeu parfois excessif de Sarah François n'est pas un problème de qualité d'interprétation mais une déficience de direction d'actrice et de mise en scène en général. Je pense que le texte de Jérémy Patinier mérite plus de sincérité, plus de mesure, plus de sobriété. Quand le texte est bon ou même pas mauvais, on n'a pas besoin d'artifices, au contraire. Comme je l'ai déjà dit (ici) à propos de 24 heures de la vie d'une femme de Zweig, lorsqu'on est dans la surchenchère gestuelle et volumétrique, on perd en authenticité et donc en force et dans le cas précis des Gens moches n'en font pas exprès, on fait aussi un contresens.
C'est le genre de constat qui me donnerait envie de faire de la mise en scène. Bon, disons d'être "assistante à la mise en scène" parce que je n'ai pas que ça à faire non plus, j'ai aussi un job, un blog, des ami(e)s et plus si affinités dans ma vie.

Conclusion

Une pièce sympa à rapprocher de "Dans la peau d'une grosse" également vue avec Véronique et Nathalie (son avis ici) et dont j'ai honte de ne pas avoir parlé ici parce que j'avais beaucoup aimé (je me fouette mentalement).
J'ai dit à Jérémy Patinier de publier son texte (pourquoi pas chez lulu.com ?), parce qu'il le vaut bien, parce que j'y retrouverais ces fameuses phrases précieuses, ces moments d'intelligence et de finesse, ces petites pépites trop vite oubliées, noyées dans le débit impressionnant de Sarah François.

2 commentaires:

Nathalie Croisé a dit…

Tu le sais déjà, je partage ton avis (merci pour le lien).
Amusant car "Belle toute nue" a suscité une vive réaction aussi de ma part!
J'en ai marre de ce coaching forcé..assumons nos différences,mer....!!!

Cécile Qd9 a dit…

de rien !