mercredi 10 décembre 2008

Une mauvaise pièce peut-elle en cacher une bonne ? (24 heures de la vie d'une femme d'après Stefan Zweig)

Bonjour David
Bonjour FX
Bonjour les zotres

J'avais traîné un peu et j'avais (presque) renoncé à terminer la rédaction d'une critique de 24 heures de la vie d'une femme joué à l'Essaion (on ne tire pas sur une ambulance) mais deux événements concommitants me poussent à reprendre et à compléter mon bla-bla d'origine :

- le fait que 24 heures de la vie d'une femme vient d'être repris au Petit Montparnasse avec Catherine Rich dans le rôle principal et que FX, un de mes lecteurs zassidus, m'a proposé d'aller voir la pièce avec lui,
- le fait que j'ai eu vent le même jour de la parution d'un inédit de Zweig intitulé "Voyage dans le passé" que je me suis empressée d'acheter et d'offrir mais que j'ai hâte qu'on me prête.

Stefan Zweig est sans doute mon auteur classique préféré. En fait non, c'est plus simple que ça, je reformule : Stefan Zweig est le seul auteur classique que j'ai envie de lire et dont chaque page est un enchantement tant sa plume est belle et tant ses analyses de l'âme humaine sont fines. Donc, j'admire profondément Stefan Zweig et j'aime ses livres.

Lorsque David, l'auteur de l'excellente pièce "Trains de banlieue" (que j'ai hâte de revoir !) et le metteur en scène du "Plus heureux des trois" de Labiche m'a proposé de l'accompagner à l'Essaïon , j'étais certaine, sans rien savoir de la pièce, de passer un bon moment tant le texte est magnifique.

Mais, après avoir vu la pièce (qui est encore à l'affiche), la question que je me pose est la suivante : quand on dispose d'une prose aussi magnifique, aussi forte, pourquoi ne pas rester humble et se contenter de la servir ? Pourquoi tenter d'en rajouter par des effets superflus voire ridicules ?

Surtout quand, à l'évidence, on dispose de moyens très limités.
A quoi sert un décor de bric et de broc ?
A quoi servent des lumières de bazar (en outre très mal réglées et aveuglantes voire limite douloureuses) autour d'une caricature de table de jeu ?
A quoi sert de rajouter un personnage de bonne potiche qui joue faux même quand elle se contente de sourire ou de crier "24 !" (authentique !) ?
A quoi servent des ponctuations musicales agaçantes (certes c'est à la mode et j'ai noté ces temps-ci une tendance à vouloir "rallonger la sauce" de textes courts par des interventions instrumentales artificielles) ?
Qu'est-ce que ce fatras apporte au texte ? et aux spectateurs/trices ?

Quand on veut être gentil(le), la réponse est : rien. Quand on veut être moins gentil(le) et sans doute plus objectif/ve on ajoute que tout cela dessert plutôt l'oeuvre de Zweig que cela ne la sert. Sans compter que la direction d'actrice me laisse perplexe tant elle manque de subtilité.

Je ne sais toujours pas si Laure Meurice (la nièce de Paul) joue bien ou mal tant certaines scènes sont démonstratives, surinterprétées (exemple : l'actrice dit "je cours" et paf, elle court sur la scène... minuscule... ridicule... dommage), tant des éclats de voix intempestifs cassent le rythme et l'émotion qui s'installait quelques minutes plus tôt.

Si j'en juge par ce que j'ai lu sur l'excellent site, les 3 coups, je ne suis pas la seule à avoir regretté les égarements de la mise en scène (auxquels je préfère ceux du coeur et de la raison si bien écrits par l'auteur).

Alors, je me suis concentrée sur le texte, tentant de faire abstraction de tout ce parasitage et je me suis demandée ce que cette oeuvre donnerait dans une mise en scène intelligente, sobre et jouée avec finesse. D'après ce que j'ai pu lire à propos de cette nouvelle version, il semblerait que ce soit le cas au Poche Montparnasse... Tant mieux pour le public et tant mieux pour Zweig qui le vaut bien.

7 commentaires:

Nathalie Croisé a dit…

Je n'ai pas vu la pièce mais entièrement d'accord avec toi. Inconditionnelle de Sweig, j'estime qu'il mérite aussi la sobriété)...Et c'est avec plaisir que j'irai voir une pièce avec toi (si tu m'acceptes environ 2 heures dans ta vie:-))))

admin a dit…

je n'étais pas du tout au courant pour le bouquin inédit de Zweig disponible depuis le mois dernier... merci ... par contre tu n'as pas confirmé pour la date donc je n'ai pas encore pris des places... et si Nathalieba veut se joindre à nous j'en prends 3 ;-)

Cécile Qd9 a dit…

@ Nathalie : avec un "Z" comme dans Zorro. Pour la date, voir avec FX. Le mieux serait peut-être de s'écrire sur le sujet sur facebook ?

@ FX : de nada. Quant à la date, voir ce que j'ai écrit à Nathalie

Nathalie Croisé a dit…

Dézolée, z'ai ripé!
Mais je le connais pas moi, François-Xavier:-))))

Anonyme a dit…

J'ai acheté samedi Ces Correspondances, après une hésitation entre cette nouvelle inédite et ce gros livre. Je te raconterai… (pour l'instant je termine un roman "Une adoration" de Nancy Huston, dont je suis une inconditionnelle)(et c'est un régal)

Cynthia a dit…

Je viens de finir "Lettre d'une inconnue", tellement aimé que je me précipiterai sur "24 heures de la vie d'une femme" ;)

Bénédicte a dit…

je viens de terminer vingt quatre heures de la vie d'une femme Comme toi je suis subjuguée par la qualité et la finesse des écrits de Zweig et je viens d'écrire deux articles que je te laisse découvrir Merci de ma laisser une trace de ton passage Bonne journée