samedi 28 décembre 2013

Norman (avoir un chat)

Caresses à Gato et Sergi (le chat de Norman)
Bonjour aux zotres


Pour tout vous dire, je trouve que ça manque singulièrement de rythme et que c'est mal joué mais les situations sont drôles et je défie celles et ceux qui ont un chat de ne pas rire (jaune évidemment). Les zotres riront cruellement sur le mode "ils sont fous tous ces gens qui ont un chat" en se félicitant de ne pas faire partie de cette cohorte d'esclaves insensés.

mercredi 25 décembre 2013

Casse-tête (parce qu'aujourd'hui est de toute manière une journée où l'on a mal au crâne)

Bonjour aux fans de casses-têtes énigmes et autres jeux cérébraux
Bonjour à celles et ceux qui ont trop arrosé le réveillon de Noël
Bonjour aux zotres

Certain(e)s se lèvent aux zaurores pour voir ce que le Père Noël a apporté, d'autres se ruent vers l'armoire à pharmacie pour tenter de compenser chimiquement les effets indésirables des excès de la veille. Je m'adresse à celles et ceux là !

Si vous voulez un bon prétexte pour expliquer votre mal aux cheveux, penchez vous sur cette petite question. Cela dit, les solutions aux énigmes soit disant les plus coriaces sont un peu comme les chocolats (de Noël par exemple...) : on tombe parfois sur le bon du premier coup (ce n'est pas la maman de Forest Gump qui me contredira). C'est un  peu ce qui m'est arrivé et je doute que la réponse soit si diffi-Cécile à trouver (surtout avec 5 propositions pour valider son hypothèse). Qu'en pensez-vous ?

lundi 23 décembre 2013

Mon coloc et moi (épisode 5 - la communication)

Bonjour à celles et ceux qui se comprennent sans se regarder
Bonjour à celles et ceux qui se regardent sans se comprendre
Miaou à Gato
Bonjour aux zotres


Résumé des épisodes précédents

1 - Le contexte - lundi 25/11
2 - La rencontre - lundi 02/12
3 - Le transport - lundi 09/12
4 - L'arrivée - lundi 16/12

Comme au cinéma

Celles et ceux qui ont vu Le Dictateur de Sacha Baron Cohen me comprendront (si j'ose dire) et se souviendront d'une scène désopilante au début du film où une voix off précise une particularité de la langue parlée dans la République de Wadiya : les mots "oui" et "non" se disent de la même façon puis précise, exemples filmés à l'appui que cela peut parfois générer quelques confusions et désagréments (comprendre des exécutions capitales).

He bien figurez-vous que, depuis que je fréquente Gato, j'ai la sensation d'avoir un coloc Wadiyen ! Pire j'ai l'impression qu'en chat, tous les mots se disent globalement "miaou" et que seules les intonations, le volume sonore et les durées changent allant ainsi du "maaaouw" trainant et plaintif au "mio" expédié et revendicatif en passant par toutes les combinaisons de... ben... ben... de "miaou" quoi !

Mais pire qu'un film muet sans sous-titres

Cela limite singulièrement nos échanges et ne facilite pas notre compréhension mutuelle. Je sens et même je SAIS qu'il veut me dire quelque chose mais bon sang, quoi ? Inversement je vois bien qu'il me regarde avec un air de reproche interloquée voire dédaigneux devant ce qu'il analyse sûrement comme de la stupidité de ma part. Il a peut-être raison.

Si vous avez en stock un dico français-miaou merci de me le prêter parce que si on a inventé Babelfish, Babelcat se fait encore attendre !

Ni du Baudelaire, ni du Audiard

Pour vous aider à saisir la situation, voici une retranscription fidèle de nos échanges types de la journée.

Le matin au réveil
Gato : miaou
Moi : oui mon bébé j'arrive

Le matin au lever
Moi : eh bien bonjour joli mimi
Gato : miaou
Moi : Oh le joli Chat ! Hum qu'il est BO ! le chat !
Gato : miiiaaaooouuu !!!

5 minutes plus tard dans la cuisine
Gato : miaou
Moi (le paquet de croquettes dans une main la gamelle dans l'autre) : oui, attends mon bébé. Oh c'est bon chat ! (à prononcer sur un enjoué et complice : je ne désespère pas qu'un jour il se marre à cette vanne pourrie)

Le matin quand je pars bosser (les jours où le chat est de bonne humeur)
Gato : miaou
Moi : Oui mon bébé ! Oh qu'il est BO ! (à prononcer sur un ton tonique voire explosif et en tout cas très convaincant) le chat !

Le matin quand je pars bosser (les jours, plus fréquents, où le chat est de mauvais poil)
Moi : Mimi ? Mimi ? Mimi ?
Gato : (...)
Moi : Mimi ? Il est où le beau chat ? Mimi ?
Gato : (...)
Moi : (...)

Le soir quand je rentre
Gato : Maaaaaoouwwww (en se dirigeant vers la cuisine)
Moi : Oh bonjour ! Bonjour le beau chat ! Oh qu'il est BO ! le chat ! Oui mon bébé j'arrive... Hum... C'est bon chat ! (ce qui constitue ma réplique la plus longue, qui, cela n'aura échappé à personne, n'est qu'une sorte de compilation de mes répliques du matin)

Le soir, 5 mn plus tard, après la bouffe de monsieur
Gato : Maaaaaaoooooouuwwww Maaaaoooooooouuwww
Maaaaaaaaaaaoooooowwwww Maaaooouuuwwww Maaaaoooouwww (etc. vous voyez l'idée)
Moi : Oui mon bébé. Qu'est-ce que tu veux ? Je ne comprends pas. Qu'est-ce qu'il y a ?

Le soir quand je regarde la télé ou que je me livre à une activité du même tonneau
Moi : Mimi ? Mimi ? Mimi ? Viens me voir. Tu es où Mimi ? Viens me voir joli mimi.
Gato : (...)
A répéter plusieurs fois dans la soirée

Au bout de la plusieurème fois + une
Moi : Mimi ? Mimi ? Mimi ? Coucou Mimi. Viens me voir.
Gato (se déplaçant avec une lenteur calculée vers le canapé)
Moi : Viens me voir

Quand eeeeeeenfin, au bout d'environ 95 plombes le chat s'est hissé sur le canapé s'accompagnant du seul "miaou" que je comprends et qui signifie "oh hisse !"
Moi : eh bien bonjour ! Oh le beau chat ! Coucou le beau chat !
Gato : miaou

Et là peut commencer ce que j'ai décidé de nommer "la cérémonie du Schrountch-schrountch" dont je reparlerai plus tard !




mercredi 18 décembre 2013

A méditer (ou pas)

Bonjour à celles et ceux qui sont good
Bonjour à celles et ceux qui sont fast
Bonjour à celles et ceux qui sont cheap
Bonjour à celles et ceux qui pensent qu'elles/ils peuvent être tout ça à la fois (quelle naïveté)
Bonjour aux zotres

Choisissez votre camp !
Quant à moi, il va sans dire que je suis toujours Gooooood (voire godissimesque !) et, selon les moments et les circonstances, j'alterne entre Cheap et Fast.

mardi 17 décembre 2013

Les 3 romans (que j'apporterai au DLE de ce soir)


Bonjour à celles et ceux qui seront à la maison Peret
Bonjour à celles et ceux qui ont le moral
Bonjour aux zotres


Ma sélection pour le Diner Livres Echanges de ce soir se caractérise par 2 choses :
- la qualité des 3 livres proposés
- la tristesse allant de la mélancolie à la noirceur de chacun. Bref, du pas franchement gai mais du franchement comme dans le cochon !

David Golder
Irène Némirovsky
Je viens d'en parler en bien ici

L'Adversaire
Emmanuel Carrère
Ma critique du 15-02-2011
L'analyse quelque peu dérangeante (mais ça fait partie de l'intérêt de cette lecture) de l'auteur sur la personnalité complexe de l'auteur d'un des faits divers les plus "estomacants" de la fin du XXe siècle : "Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand assassine sa femme, ses deux enfants, ses parents avant de prendre des cachets et de mettre le feu à sa maison. Il vivra."

Balzac et la petite tailleuse chinoise
Dai Sijie
Le 07-09-2010, j'en ai est trop peu parlé ici.
Je ne peux que redire tout le bien que je pense de ce livre émouvant et édifiant sur l'époque de la révolution culturelle et de la grande purge des intellectuel(le)s en Chine, "rééduqué(e)s" dans les zones les plus isolées et asservis aux tâches les plus physiques de la vie rurale. Pour deux adolescents de la ville, cet univers dur et violent se trouve soudain adouci par une petite tailleuse et quelques romans cachés dans la montagne.

David Golder (d'Irène Némirovsky)

Bonjour à celles et ceux qui aiment les histoires tristes
Bonjour aux zotres


A l'occasion du DLE de ce soir, je répare une injustice envers Irène Némirovsky à la limite de la honte totale : ne pas avoir parlé plus tôt de son roman David Golder.

Le sujet

Le 11/10/2010, j'avais écrit ce qui suit : "Malade, trahi et abandonné par les siens, David Golder, financier redoutable, pourrait accepter la ruine de sa banque. Mais pour sa fille Joyce, frivole et dépensière, sur laquelle il n'a d'ailleurs aucune illusion, le vieil homme décide de reconstruire son empire, et entame cet ultime combat avec une énergie farouche".

Mon avis

Ce qui précède était sans doute un 4e de couv car à l'époque, je n'avais pas encore lu ce roman, emporté à Dakar en juin 2011, dévoré au bord de la piscine du Novotel et laissé sur place comme tous les livres de poche que je lis à l'étranger.

Je garde hélas peu de souvenirs précis de ma lecture sinon la confirmation du talent de Irène Némirovsky, auteure découverte lors de ma lecture de Le Bal. Dans les deux cas le récit est grinçant, les ressorts de l'intrigue cruels et les rapports familiaux pour le moins peu enviables.

L'auteure dépeint dans un style à la fois fin et fluide la complexité des rapports humains entre sentiment de culpabilité, désir de vengeance, attachement paternel et fatalisme. Le panel des situations dramatiques et des réactions complexes décrites dans ce roman n'épargnent aucun protagoniste et personne ne sort grandi de cette histoire qui oscille entre noirceur et pathétique, grandeur et décadence, cruauté et résignation.

J'apporterai cet excellent roman au dîner livres échanges de ce soir. J'espère que tout le monde se battra pour le récupérer car il le mérite.

Quelques liens

Ma critique de Le Bal sur ce blog
Une critique de David Golder en espagnol
Une analyse détaillée intéressante plus qu'une critique (car pleine de spoilers)

Conclusion

A lire quand on a le moral et déjà plus trop d'illusions sur les relations humaines en général et les rapports familiaux en particulier.

lundi 16 décembre 2013

Moi coloc et moi (épisode 4 - L'arrivée chez moi... enfin, chez nous...)

Bonjour à celles et ceux qui vivent leur colocation dans l'harmonie
Bonjour à celles et ceux qui savent qu'ils ont eu un coloc un jour, qui voient encore quelques traces de son existence de temps en temps mais ne l'ont pas croisé en vrai depuis mars 1997
Caresses à Tigris alias Gato
Bonjour aux zotres


Résumé des 3 zépizodes précédents

Moi vouloir chat (épisode 1)
Troupeau de chats chercher maison (épisode 2)
Transport de chat choisi par moi épineux (épisose 3)
Chaque lundi un nouvel épisode depuis le 25/11/2013. le premier est ici

Début d'un suspens insoutenable

Quand j'ai ouvert la porte de chez moi c'était à la fois la fin d'un calvaire et, potentiellement, à en croire la bénévole évoquée à l'épisode 2 (ici), le début d'un autre. Je me suis dit que j'allais vite être renseignée et, un peu comme on n'a que quelques secondes pour faire bonne (ou mauvaise) impression lors d'un entretien d'embauche, je savais que les premières réactions du matou à son nouvel environnement seraient déterminantes pour la suite. Une des clefs du succès de cette adoption résidait dans les premières minutes et, j'en étais sûre, dans le choix du lieu où j'allais poser et ouvrir la cage de mon nouveau coloc.

J'ai décidé de la poser sur le canapé, d'ouvrir la porte et de m'éloigner un peu, de le laisser en sortir à son rythme. J'avais négligeamment jeté un vieux plaid ikea rouge à l'autre bout du canapé.

Que les scenaristes de polars en prennent de la graine

Gato est sorti à la fois rapidement et lentement c'est à dire quasi immédiatement après l'ouverture de la boite à chat mais avec un luxe de précautions, une lenteur dans les gestes silencieux, qui feraient pâlir d'envie le moindre acteur d'une série policière au moment où, l'arme au poing, il traque le méchant dans un vieux bâtiment industriel abandonné.

Il a sauté par terre comme au ralenti et a regardé autour de soi, sans doute à la recherche de l'ennemi(e) (moi ?). Je me suis approchée doucement en lui parlant et là encore la métaphore policière est flagrante. J'étais dans le rôle de la négociatrice qui pose son flinge par terre et avance lentement pour raisonner le forcené et aboutir à sa rédition sans qu'il fasse de victimes. J'ai dû avoir un deug de psychologie féline dans une vie antérieure car j'ai pu attraper le chat (MOOOOON chat) et le poser sur le plaid rouge.

J'avoue en avoir conçu et en concevoir encore une certaine fierté voire une fierté certaine. Et puis ça m'a rassurée pour la suite jusqu'à ce que j'entende "maaaouw" (très différent de "miaou").

Le calme avant la tempête ?

Ce premier maaaouw fut bientôt suivi d'un 2e puis d'un 3e puis d'autres et j'en analysai avec crainte la fréquence et l'amplitude. Ces maaaouw étaient visiblement plaintifs ou plutôt craintifs, assez timides, et en tout cas bien loin du volume sonore à faire trembler les mûrs prédit par la bénévole. En outre, leur fréquence a rapidement eu tendance à s'espacer. Je poussai un ouf de soulagement intérieur non dénué de vigilance tant j'avais conscience que rien n'était encore gagné.

Le deuxième point positif fut que celui qui ne s'appelait pas encore Gato (mais déjà plus Tigris tant j'ai instantanément trouvé ce nom affreux, débile, non adapté à un gros matou n'ayant rien de "ti" (mais tout de gris certes) et peu euphonique) resta sur la couverture à la fois suffisamment longtemps pour que je comprenne qu'il s'y sentait à l'aise et suffisamment peu de temps pour montrer qu'il possédait plus de curiosité que de crainte envers son nouvel environnement.

Toutes oreilles dressées, toutes narines ouvertes, toutes poustaches dehors, l'ex-Tigris et futur Gato au sauté du canapé dans un ralenti pétri d'élégance non sans rappeler Keanu Reeves dans Matrix (je comprendrais que vous puissiez douter voire discuter cette affirmation).

Progressant à la vitesse d'un explorateur en terrain piégé (souvenez-vous des Indiana Jones), mon coloc s'est fait un devoir d'inspecter visuellement et olfactivement tout le salon, d'en explorer méthodiquement chaque recoin en adoptant une technique complexe et minutieuse alliant escalade de cartons, rampage sous buffets, tatage de matériaux, contournage de valises, frôlage de fils électriques et autres analyses complexes jusqu'à ce qu'il fasse enfin ce que je guettais depuis le début : un frottage en règle des meubles avec la tête pour les imprégner de son odeur et donc, se les approprier. Mon coloc se sentait visiblement à l'aise dans mon appartement.

Le troisième point positif était que je n'avais aucun mal à attraper mon coloc. Aussi l'ai-je rapidement orienté vers la cuisine pour qu'il poursuive la visite et comprenne où se situait son coin repas... ce en quoi il fut aidé par une gamelle pleinde de pâté pour chat qu'il engloutit en moins de temps qu'il ne m'en avait fallu pour le servir.

Du ouf au ho ho ?

Avais-je vendu la peau de l'ours (enfin... du chat) trop tôt ? Avais-je surestimé la simplicité de cette adaptation quasi immédiate des lieux ? Toujours est-il que, rapidement, les maaaouw ont repris. Toujours d'un volume sonore allant du bas plaintif au fort vindicatif mais restant dans le domaine de l'acceptable. A chaque maaaouw je répondait par un "oui" compatissant ou une question de pure forme. La fréquence de ses manifestations sonores était elle aussi très supportable et elles étaient entrecoupées de longues plages de silence félin pendant lesquelles je tentais de maintenir un dialogue plus constructif et apaisé où je faisais une analyse de la situation, compatissait au stress que j'imaginais sans peine pour mon coloc dans ce nouvel environnement à découvrir, à apprivoiser.

Les maaaouw ne cessant pas, je décidai de dormir dans le salon pour ne pas laisser mon chat tout seul la première nuit et ajouter à son traumatisme. Même si j'ai échappé aux hurlements nocturnes, la suite prouvera que ce n'était pas forcément la meilleure idée qui soit pour un "détail" qui prouvera, lui aussi, que si j'ai peut-être eu un deug en psychologie féline, je n'ai pas encore atteint le niveau licence... mais j'y travaille avec assiduité depuis le 23/11 !

Quelques liens

10 comportements
5 idées reçues
Significations des miaulements
Penser Chat






vendredi 13 décembre 2013

Chien Blanc (de Romain Gary)

Bonjour à celles et ceux qui possèdent un chien et qui l'ont dressé pour donner la patte et recevoir des caresses
Bonjour aux zotres


Chien blanc est le premier roman de Romain Gary que j'ai lu il y a bien longtemps. Je me demande si je n'étais pas ado. Tout cela ne nous rajeunit pas mais je préfère me souvenir que ce livre fut une rencontre avec un grand auteur !

Le sujet

En 1968, sur fond de guerre du Vietnam et de mai parisien, Roman Gary qui vit alors avec Jean Seberg en Californie, recueille un berger allemand et s'aperçoit bien vite que l'animal est un "chien blanc" à savoir un chien qui a été spécifiquement dressé pour attaquer les noirs. Avec l'aide d'un noir, il va chercher à déprogrammer l'animal.

Mon avis

Ce livre est important parce qu'il fait réfléchir, parce qu'il analyse la haine, ses causes et son absurdité, parce qu'il transcende l'histoire individuelle quasi anecdotique de ce chien, il touche à l'universel, parce qu'il est étrangement moderne (qu'on soit d'accord ou non avec l'idée développée dans l'extrait sur la "société de provocation" on ne peut nier qu'il aurait pu être écrit hier).

Chien blanc est la fois un pamphlet contre les travers d'une époque, d'une culture mais aussi l'histoire personnelle d'une relation amoureuse et d'un engagement politique et sociétal. En cela, il constitue un témoignage important et empreint d'humanité qui constitue autant un document sociologique et ethnologique (Romain Gary n'est pas américain) qu'un autoportrait attachant d'un homme complexe, intelligent, profondément humaniste.

On ressort forcément un peu grandi(e) d'une telle lecture.

Quelques extraits (merci Babelio pour les 2 longs extraits)

Mes poings serrés proclament surtout l’impuissance des poings.

Je ne devrais pas leur en vouloir : ils ont des siècles d'esclavage derrière eux. Je ne parle pas des Noirs. Je parle des Blancs. ça fait deux siècles qu'ils sont esclaves des idées reçues, des préjugés sacro-saints pieusement transmis de père en fils, et qu'ils ont pieds et poings liés par le grand cérémonial des idées reçues, moules qui enserrent les cerveaux, pareils à ces sabots qui déformaient jadis dès l'enfance les pieds des femmes chinoises. J'essaie de me dominer, pendant qu'on m'explique une fois de plus que "vous ne pouvez pas comprendre, vous n'avez pas dix-sept millions de Noirs en France". C'est vrai : mais nous avons cinquante millions de Français, ce qui n'est pas jojo non plus.

J'appelle "société de provocation" toute société d'abondance et en expansion économique qui se livre à l'exhibitionnisme constant de ses richesses et pousse à la consommation et à la possession par la publicité, les vitrines de luxe, les étalages alléchants, tout en laissant en marge une fraction importante de la population qu'elle provoque à l'assouvissement de ses besoins réels ou artificiellement créés, en même temps qu'elle lui refuse les moyens de satisfaire cet appétit. Comment peut-on s'étonner, lorsqu'un jeune Noir du ghetto, cerné de Cadillac et de magasins de luxe, bombardé à la radio et à la télévision par une publicité frénétique qui le conditionne à sentir qu'il ne peut pas se passer de ce qu'elle lui propose, depuis le dernier modèle annuel "obligatoire" sorti par la General Motors ou Westinghouse, les vêtements, les appareils de bonheur visuels et auditifs, ainsi que les cent mille autres réincarnations saisonnières de gadgets dont vous ne pouvez vous passer à moins d'être un plouc, comment s'étonner, dites-le-moi, si ce jeune finit par se ruer à la première occasion sur les étalages béants derrière les vitrines brisées ? Sur un plan plus général, la débauche de prospérité de l'Amérique blanche finit par agir sur les masses sous-développées mais informées du tiers monde comme cette vitrine d'un magasin de luxe de la Cinquième Avenue sur un jeune chômeur de Harlem.
J'appelle donc "société de provocation" une société qui laisse une marge entre les richesses dont elle dispose et qu'elle exalte par le strip-tease publicitaire, par l'exhibitionnisme du train de vie, par la sommation à acheter et la psychose de la possession, et les moyens qu'elle donne aux masses intérieures ou extérieures de satisfaire non seulement les besoins artificiellement créés, mais encore et surtout les besoins les plus élémentaires.

Quelques liens

Asphodèle trouve le livre important et bouleversant. Elle renvoit en outre vers d'autres critiques
Historianman précise : Prophétiquement (le livre a été publié en 1970), il dénonce déjà les évolutions qui sont celles de notre société actuelle : l'histoire mémorielle version repentance
" Il serait inique et indigne d'en vouloir aujourd'hui et de leur faire grief des crimes de leurs ancêtres, lesquels n'étaient pas des crimes à l'époque et la montée des communautarismes. Rien de plus aberrant que de vouloir juger les siècles passés avec les yeux d'aujourd'hui".
D'autres avis sur Babelio et plus d'infos sur Wikipedia

Conclusion

A lire AB-SO-LU-MENT !!! Chien blanc n'est peut-être pas mon roman préféré parmi tous ceux que j'ai lu de l'auteur mais c'est, de loin, celui que je trouve le plus essentiel. S'il n'est pas étudié au lycée, il devrait l'être.
Lire aussi Lady L, Au delà de cette limite votre ticket n'est plus valable, la vie devant soi, la promesse de l'aube, etc. Tout Gary quoi !

Friday (S.O.A.B. !)

Bonjour aux zipper sticieux/ses
Bonjour aux zotres

Est-ce ça porte malheur d'insulter un vendredi 13 ?

mardi 10 décembre 2013

Beatriz et les corps célestes (Lucia Etxebarria)

Bonjour aux hispanophones
Bonjour aux zotres

J'ai lu ce roman lors de l'été 2012 entre Malaga et Séville car j'aime bien emporter avec moi des livres qui me parlent (un peu) de l'endroit que je visite même si ce roman ne se déroule ni à Séville ni à Malaga mais entre Madrid (que je ne connais pas encore) et Edimbourg (que j'ai vu superficiellement au cours d'un après-midi pluvieux d'octobre 2011).

Ce roman est le 2e de l'auteure et il a obtenu le prix Nadal 1998 (rien à voir avec le tennis évidemment). C'est le 3e que je lis d'elle et je l'ai énormément aimé comme les deux autres.

4e de couverture

" Beatriz tente de faire son chemin amoureux, et son chemin tout court, entre deux lieux, Madrid, sa ville d'origine, et Edimbourg, sa ville d'adoption, et entre deux amies aux corps célestes, Monica, la mangeuse d'hommes compulsive, et Cat, une lesbienne convaincue. A Edimbourg, Beatriz croisera Ralph, et... Et bientôt Beatriz, qui rêvait d'incendies, et qui se brûlait aux grands feux de l'amour, renaîtra de ses cendres, et pourra enfin vivre de quelques braises de passion partagée. En paix avec elle-même et avec les autres, Lucia Etxebarria épingle la comédie humaine, écrit entre le tendre et le cru, et fait superbement rimer amour avec humour. " Nord Eclair " On retrouve l'auteur d'Amour, Prozac et autres curiosités dans un roman plus dense et émouvant encore qui lui a valu le prestigieux prix Nadal. " 24 heures

Le sujet

Adolescente, Beatriz aime Monica mais la relation platonique qu'elle entretient avec cette dernière est aussi platonique que délétère. Pour se sauver de son emprise et de celle de ses parents, Beatriz fuit Madrid pour Edimbourg où elle rencontre Caitlayn et Ralph.

Mon avis

J'avais adoré Un miracle en équilibre, beaucoup aimé Amour Prozac et autres contrariétés et cette troisième lecture confirme tout le bien que je pense des romans de Lucia Extebarria. J'apprécie leur structure, leur modernité, leurs thématiques "féminité, sexe, famille, drogue, névroses", leurs références culturelles et musicales qui me parlent. J'aime la façon dont l'auteur mord dans les mots et les sujets sans faux semblant, sans pudibonderie ni vulgarité mais avec la modernité de ton empreinte de légéreté et de gravité à la fois qui fait tout le sel d'un roman attachant et efficace, profond et doux.
Quelques références musicales

Dans ce roman, l'univers musical occupe une place importante à travers un name dropping qui inclut par exemple the obital, the shamen, the orb, the prodigy, l'album caleidoscope de Siouxie & the Banshees et la chanson dear Prudence des Beatles. L'auteur cite aussi quelques paroles de chansons gothiques des années 80 : I play at night in your house... I've never loved this life... I drown at night in your house... Pretending to swim. Tout cela me parle.

Quelques liens

Critique élogieuse sur Voir Montréal

Quelques extraits

S'il ne tenait qu'à moi, je passerais mes journées à faire l'amour, pas seulement parce que j'aime ça, mais parce que c'est là que les choses atteignent leurs limites ; même si cela ne dure que trois secondes, je fuis, je sors de moi-même, je me gonfle de lumière et je m'éclaircis, heureuse, sans mémoire, accrochée à des lèvres qui inventent de superbes duperies. Je me dis alors que cela a un sens de continuer, malgré la certitude d'être toujours seule. (P.31)

A dix-huit ans j'étais encore vierge. Quant à Monica, elle avait déjà couché avec un tas de garçons. Nous n'étions pourtant pas si différentes, elle et moi. Le défaut ou l'excès en la matière signifiaient la même chose : fuir tout engagement, renoncer. (P.92)

Dans un style académique, je devrais dire que, quand nous faisions l'amour, c'était Ralph qui me possédait, me prenait. Cependant, c'était plutôt moi qui le possédais, qui l'accueillais puisqu'il entrait en moi. (P.255)

L'amour n'appartient qu'à lui-même, sourd aux prières, immuable devant la violence. L'amour n'est pas négociable. Seul l'amour est plus fort que le désir, l'unique raison juste de résister à la tentation. Jeannette Winterson Ecrits dans le corps (exergue partie 2)

Là où commence le désir, à l'endroit de la peur, là où rien n'a de nom et rien n'est mais paraît. Cristina Peri Rossi Désastres intimes (exergue partie 3)

J'aimerais penser qu'il y a du vrai dans l'aphorisme Amor vincit omnia. Mais s'il est une chose que j'ai apprise dans cette triste et courte vie, c'est que cette idée reçue est un mensonge. Et un insensé celui qui y croit. Donna Tart - Le secret (exergue de la partie 4)

Conclusion

Même si de Lucia Etxebarria mon roman chouchou reste Un miracle en équilibre, j'ai adoré Beatriz et les corps célestes, un livre riche, marquant, bien écrit et féminin au sens non péjoratif du terme.