jeudi 10 avril 2008

Le plus heureux des trois (ce jour là, ce n'est pas Martin)



Episode 3
L'amant
Avant hier : Episode 1 le mari
Hier : Episode 2 la femme


Pourquoi n'appelle-t-elle pas ? On avait dit 10h30, après son brieffing avec cette truffe de Jacques. Comment peut-elle bosser avec ce type ? Mystère... enfin... Ils ont peut-être commencé en retard ou elle prend un café ou elle n'a pas aimé mon SMS d'hier ? Pourtant elle raffole de mes SMS d'habitude et elle adore quand je la vouvoie. Je l'aime... mais elle ?

Je vais lui envoyer un texto. "Vous me manquez déjà. Vous me manquez tellement. Je vous verrai dans deux heures mais je souffre déjà en songeant au moment où vous me quitterez." Un peu emphatique mais bon, ça résume bien l'idée. Même quand on est ensemble, elle me manque. Elle me quitte toujours pour retourner au bureau ou chez elle, rejoindre son mari, son bébé, sa vie. Et puis un jour elle me quittera tout à fait. Je ne fais pas partie de son existence. Elle me donne des bulles de temps volées à son quotidien. C'est fragile les bulles, ça éclate. Je sais bien que cela ne va pas durer toujours.

Martin repensa à la façon étrange dont ils s'étaient rencontrés six mois plus tôt à Prague. Il partait le lendemain et elle arrivait pour une semaine. Ses parents gardaient le bébé et c'était ses premiers moments en couple depuis sa naissance. Son mari aurait dû être là aussi mais ce débile avait raté son avion et finalement, il avait négocié un vol le lendemain avec l'agence. Un truc comme ça. Martin ne s'était guère intéressé aux détails et il les avait oubliés. Mais il se souvenait de Séverine en colère contre son imbécile de mari et contre la terre entière dans le hall de l'hôtel, essayant de se faire comprendre d'une réceptionniste réfractaire à l'anglais. Séverine ne parlait pas allemand. Martin si. En fait c'était sa langue paternelle.

Il l'a aidée, à se faire comprendre, à porter son sac, à ouvrir sa porte, à passer une bonne soirée. Au restaurant, ils se sont aperçus qu'ils aimaient les mêmes vins (celui qu'on leur avait servi était infect), qu'ils avaient fait les mêmes études, qu'ils avaient quelques connaissances communes (qu'ils s'étaient bien gardés de recontacter ensuite) et qu'ils fréquentaient les mêmes petits restaurants japonais du côté d'Opéra à l'heure du déjeûner. Ils s'étaient peut-être déjà croisés sans le savoir... Ils se sont promis de se revoir à Paris. Elle a noté son numéro de portable dans le sien et il a remarqué qu'elle le rentrait sous le nom de quelqu'un d'autre. Déjà un aveu de culpabilité. Elle avait de belles mains. Elle était gauchère. Son alliance brillait tandis qu'elle tapotait sur les touches de son clavier.

Plus tard, il a continué à l'aider, à se déshabiller, à passer une nuit inoubliable, à faire de beaux rêves.

Le 2e SMS avait suivi le premier de près. "Je vous veux une nuit entière, comme la première fois." Il était accro, il quémandait. Il savait qu'il ne fallait pas mais c'était plus fort que lui. "Je vous aime" avouait un 3e message. Il l'avait déjà dit et elle n'avait rien répondu. Il s'était promis de ne pas le répéter... D'une certaine façon il avait tenu parole puisque, cette fois, il l'avait écrit.

Séverine ne répondit pas. Son silence était insupportable et contre toute prudence, il se décida à l'appeler. La voix de Benoît le glaça. Ca, ce n'était pas prévu, vraiment pas. Il manqua totalement de sang froid mais d'un autre côté, qu'aurait-il pu dire ? Surtout après les SMS que l'autre avait sûrement trouvés. Il raccrocha. Sans grande surprise, son téléphone sonna aussitôt.

Il comprit que quoiqu'il arrive, rien ne serait plus jamais comme avant.

9 commentaires:

Christophe a dit…

Faut-il vraiment trouver le plus heureux des trois ?

Anonyme a dit…

J'ai vu "Le plus heureux des trois" au Mouffetard avec deux amies et nous avons passé un agéable moment très coloré,les Alsaciens sont excellents surtout le comédien(?) que nous avons trouvé très mignon.Les chansons sont très drôles aussi.
On vous conseille vivement ce spectacle pour sortir de la grisaille du quotidien.
Solène Fraise

Cécile Qd9 a dit…

@ Christophe : Certes. Tu noteras d'ailleurs que je ne l'ai pas cherché...

@ Solène Fraise : Moi aussi j'ai vraiment eu un coup de coeur pour les deux alsaciens et pour les jolies fes... oups je m'égare... je veux dire... l'excellent jeu de scène de Nicolas Maudeux (c'est comme ça qu'il s'appelle). Mais bizarrement j'ai l'impression chère Solène Fraise que je te l'ai déjà dit de vive voix lundi dernier devant un pichet de rouge, non ?

Anonyme a dit…

Le suspense parfait! Quelles sont nos chances de connaître la suite?

Anonyme a dit…

Pfff c'est trop court :-(
Une autre histoire...? "Le plus malheureux des trois (ce jour là ce n'est pas....)"

Anonyme a dit…

Ah ben M... alors, je pensais que c'était la suite "Vélib, toute première fois". A moins que cette suite ne vienne finalement s'insinuer dans cette passionnante aventure à trois personnages. Bon, je vous laisse, mon portable a sonné. Ça doit un spam SMS. Ah tiens, non, c'est une certaine Séverine...

Cécile Qd9 a dit…

@ La Puce : merci... je ne sais pas, en fait je n'avais pas du tout pensé à une suite éventuelle. A priori je ne pense pas en écrire une.

@ Ceucidit : pouquoi pas... lol

@ Mister TdE : embrasse-la de ma part (et fais gaffe où tu laisses ton tél)

Anonyme a dit…

C'est dommage mais en même temps il faut peut-être mieux. La suite ne peut apporter que des douleurs.

Le plus heureux? A long terme: la femme. Si elle n'aime plus son mari, elle aura maintenant le courage de se séparer et de chercher son bonheur d'ailleurs.

Le mari en revanche aura pour toujours le sentiment amer d'avoir été trompé... Je le plains.

Christophe a dit…

@LaPuce: J'suis pas d'accord :-D

C'est un peu capillotracté comme aurait dis le regretté Pierre Desproges mais j'aurais tendance à dire que c'est le mari le moins malheureux & peut être l'amant le plus.

Ça va être un peu long à expliquer si je veux le faire bien donc peut être dans un futur commentaire