vendredi 20 février 2009

Petits désordres au château (Stéphanie Mesnier)

Bonjour aux châtelain(ne)s
Bonjour aux éditions du Rocher
Bonjour aux zotres

J'ai reçu ce livre courant janvier et je l'avais commencé avant de partir aux USA mais je ne l'ai pas intégré à mes bagages en raison de son format d'une part mais aussi et surtout parce que la moitié lu jusque là me laissait penser que la découverte de l'autre moitié pouvait largement attendre deux semaines sans que je me ronge les ongles jusqu'au sang et que je puisse attribuer mes insomnies à autre chose que le décalage horaire et les bruits de climatisation.

Le sujet

Ysambart des Rancins est un noble désargenté et un peu (beaucoup ?) lunaire uniquement préoccupé de son potager, de légumes anciens et de ne pas trop contrarier Astrid, sa femme, aussi superbe que snob et terre à terre. Cette dernière a justement décidé de faire élire son mari député et, pour financer la réfection des toitures, de vendre les écuries du château familial à une milliardaire trois fois veuve toujours en contact spirituel avec ses chers et fortunés époux défunts. Ces deux projets contrarient fort Ysambart qui n'aspire qu'à cultiver son jardin tranquille...

Mon avis

Dès le début j'ai compris que ce livre n'était pas pour moi. En fait, dès que j'ai lu les mots "comédie déjantée" sur le 4e de couverture : d'une part parce que c'est une promesse fort difficile à tenir en littérature (citez moi des livres qui puissent être qualifiés de "comédie déjantée", comme ça, spontanément... pas évident, hein...) et d'autre part parce que même si elle avait été tenue, cela n'aurait pas correspondu à mes goûts (j'en veux pour preuve le fait que j'abandonne le vraiment très déjanté "guide de Mongolie" de Svetislav Basara au bout d'une trentaine de pages). Dans les lignes qui vont suivre, je vais donc tenter de faire la part des choses entre ce que je n'aime pas à titre personnel et ce que je trouve mauvais par nature...

Le premier problème de "Petits désordres au château" de Stéphanie Mesnier tient à la lenteur du début du livre... Le style est très descriptif et détaillé, limite si on ne nous donne pas le nombre de marches quand un personnage emprunte un escalier ! La progression du récit est donc leeeeente et hyper linéaire et l'on se demande quand ça va démarrer, un peu comme lorsqu'on écoute une chanson d'un groupe de rock dont l'introduction et le premier couplet seraient trop longs et trop moux avant qu'enfin arrive le refrain, les riff de guitare électrique et les déchaînements vocaux libérateurs...

L'auteure met un temps fou à installer sa galerie de portraits improbables où figurent un comte un peu mollasson voire franchement falot, une comtesse arriviste et revêche, une jeune bonne candidate à l'équivalent de la Star Academy, une cuisinière alcoolique, un vrai psychiatre se faisant passer pour un faux maître d'hôtel, la fille naturelle d'un évèque et sa mère star de music hall à Broadway, etc. Tout ce petit monde est brossé de façon caricaturale, taillé à coup de serpe grossiers et pourvu de caractéristiques aussi subtiles que les noms des personnages du Cluedo.

Est-ce en raison d'une sorte d'état de grâce post voyage ? d'ivresse des cimes due à 4 trajets en Airbus ? de paranthèse enchantée jetlaguesque ? ou tout simplement parce que la seconde moitié du roman est meilleure que la première, je ne sais pas, toujours est-il que j'ai pris plus de plaisir (et moins de temps) à lire la fin du roman. Il faut dire qu'il s'y passe enfin quelque chose. Rien de très original ou passionnant, non... mais enfin il se passe quelque chose et les couples se forment comme dit parfois Nagui vers 12h30 sur France 2.

Le livre se veut visiblement pétillant, léger, enjoué, il est surtout convenu et naïf voire un peu gnan-gnan malgré quelques rares bonnes idées hélas sous exploitées (par exemple, les journaux intimes de jeunesse soit-disant compromettants d'Ysambart sont d'un niveau que n'importe quel potache moyen d'école de commerce dépasse dès sa semaine d'intégration).

Pendant toute ma lecture j'ai pensé à un vaudeville, à une pièce de théâtre de boulevard avec Michel Roux et Maria Pacôme dans les rôles principaux, Laurence Badie ou Monique Tarbès (deux femmes aux voix étonnantes) dans celui de la bonne, Henri Guybet dans celui du psy-maître d'hôtel et deux jeunes premiers un peu fades mais agréables à regarder pour jouer les zamoureux. La fin est d'ailleurs aussi bâclée et expéditive que celle d'une pièce de Molière (ce n'est pas trahir un secret d'état que de préciser que tout s'arrange au mieux, vous vous en doutez déjà). Je me suis dit que c'était aussi une bonne idée de scenario pour un téléfilm diffusé un lundi soir sur TF1... Je n'ai rien contre dans l'absolu, mais pas dans ma bibliothèque.

Ce que j'ai préféré ? L'histoire du truffard barbu et surtout (et de très loin), vers la fin, le portrait du Président Bernedac qui fait furieusement pensé à un certain Jacques époux d'une certaine Bernadette Chirac.

Conclusion

La sympathique carte manuscrite qui accompagnait le livre affirmait "Une vraie bouffée d'air frais". C'est sans doute vrai mais, hélas, ce n'est pas ce que je recherche dans un roman et quand je veux de l'air frais (ce qui est rare car j'adore les villes), je ne lis pas, je vais à la campagne. J'aime les proses plus sombres et profondes, les mauvaises pensées et les idées amorales. Moi ce qui me fait rire c'est "Fume et tue" (mon roman préféré en 2008). Pour être gentille, je dirai que j'ai trouvé "Petits désordres au château" gentillet. Un avis similaire au mien et des liens vers des points de vue plus enthousiastes chez Sylire.

9 commentaires:

Nathalie Croisé a dit…

Tu rattrapes ton retard:)

Cécile Qd9 a dit…

en quelque sorte

Anonyme a dit…

Ah, dommage, j'avais envie de le lire pour me replonger dans de vieux souvenirs, mais là, bof...

Cécile Qd9 a dit…

Mais Liliba, tu aimeras peut-être surtout si tu as une "raison" de lire ce livre, nos points de vue ne coïncideront pas forcément...

Cécile Qd9 a dit…

@ Liliba : lis les critiques des zotres (voir le lien cité en conclusion) et ne t'arrête pas forcément à la mienne...

Anonyme a dit…

"Convenu, naïf et gnan-gnan" dis-tu ? Ce n'est pas pour moi non plus ! Je passe !

Cécile Qd9 a dit…

tu sais, je peux aussi écrire ça de Foenkinos ou Nothomb... et certain(e)s adorent.

Anonyme a dit…

C'est celui que j'ai reçu aussi… Mais il ne me fait pas envie. Je le tourne dans tous les sens, il est là sur mon bureau. Je crois qu'il va y rester…

Lou a dit…

Je réponds chez moi et chez toi avec un sublime copier-coller (admire le mouvement agile des doigts qui sautillent sur le clavier, pif paf ça y est... hum:))

Je n'ai pas souffert des longueurs du début (dont je ne me souviens pas franchement), par contre c'est vrai, le ton est un peu convenu... il y a un côté Paris Match "prout prout" assez déjà vu (j'ai horreur de l'expression mais bon, appelons un chat un chat, je trouve qu'elle convient à merveille ici), qui me rappelle plutôt quelques films comme cette parodie de Lady Diana avec Armelle... mais le livre m'a plus amusée, j'ai apprécié les références récurrentes au monde des légumes, pour leur côté décalé. Ysambart est sans doute mon personnage préféré... il oscille entre la caricature, le stéréotype de l'aristo et le portrait du bouffon, ce qui me le rend très sympathique. Ce n'est pas non plus un livre dont je me souviendrai jusqu'à la fin de mes jours mais pour un divertissement je le trouve très honnête.

Et en exclusivité ici (attention!) : en fait je comprends bien que tu n'aimes pas les livres de ce type pour te détendre. De mon côté je préfère en général l'humour anglais, noir et ironique. Mais en lisant ton commentaire je me demande pourquoi tu t'es torturée en lisant un livre qui visiblement n'avait vraiment rien pour te plaire (enfin je dis ça mais ça m'arrive et en ce moment j'ai quelques livres à lire rapidement, dont certains qui ne me tentent pas franchement dans l'immédiat... et je me demande ce que je fabrique !).