mardi 2 février 2010

Le grand nulle part (James Ellroy)

Coucou à James
Coucou à Miss Restling qui a choisi ce titre comme nom à son blog (même s'il n'y a pas de mesage consacré à Ellzoy dessus)
Coucou les zotres

A l'occasion de la sortie de son dernier livre dont le titre m'échappe (mais en tête des ventes malgré ses 800 pages), Mister James Ellroy a passé quelques temps dans notre splendide capitale début janvier (ai-je besoin de vous rappeler pour le 856e fois qu'il s'agit en fait de la plus belle ville du monde). Il en a profité pour fréquenter nos plateaux télé et quelques librairies.

C'était déjà le cas en mars 2001 a moment du salon du livre et de la sortie de American Death Trip. Le 24 mars, il s'était arrêté au Divan, rue de la Convention... autant dire à 3 minutes de chez moi et, comme j'aime beaucoup offrir des livres dédicacés, je me suis précipitée pour faire 20 minutes de queue et échanger une poignée de main (c'est un vrai pro de la promo) et 3 mots (guère plus) avec lui pendant qu'il traçait en majuscule les prénoms des ami(e)s à qui je destinais mes emplettes... Dédicaces impersonnelles et même franchement indigentes achevées par une signature qui n'en ai pas une, plutôt deux vastes courbes que l'on peut, avec une certaine imagination, prendre pour un J et un E minuscules...

Je ne me suis pas oubliée dans ma distribution. J'ai moi aussi voulu mon laconique (je n'invente pas) :

CECILE
j e

L'homme est réputé fantasque voire frappadingue, assez incontrôlable, désagréable et mégalomane. C'est un peu l'impression qu'il m'avait donné après m'avoir gratifiée d'un "Go bless you Cécile" auquel j'avais répondu en articulant bien (surtout le premier mot) : "It doesn't exist" avant de tourner les talons.

Je n'avais encore rien lu d'Ellroy et, pour ma découverte, j'avais choisi Le grand nulle part. Je l'ai acheté en français et heureusement car c'est un roman dense, exigent (mais fabuleux). Même dans ma langue natale, j'ai trouvé que cela n'avait rien d'évident à lire... En outre, c'est plein d'argot et l'argot U.S. ce n'est pas ma spécialité.

Le sujet

Le corps d'un musicien de jazz est retrouvé le 1er janvier 1950 quelque part à Los Angeles bientôt suivi de 3 autres cadavres d'hommes violés et mutilés. Personne ne s'intéresse à ce "règlement de compte de Tantouzes" si ce n'est Danny Upshaw, un flic du Comté, âgé de 28 ans, brillant d'intelligence et d'ambition, qui enquête sur cette affaire sordide avec un zèle qui dérange et en oubliant, parfois, les règles les plus élémentaires et les juridictions...

Au lieu de se faire remonter les bretelles par les huiles du LAPD (Département de Police de Los Angeles) pour avoir empiété sur leur enquête, ses qualités professionnelles évidentes et son physique ad hoc lui permettent d'être détaché au bureau du procureur et de travailler sur "la menace rouge" sous les ordres de Mal Considine qui en fait son poulain. Son rôle est d'infiltrer un syndicat professionnel dans le milieu du cinéma proche du P.C. américain et de séduire Claire de Haven pour obtenir des informations et faire tomber un maximum de têtes face au Grand Jury.

En échange de quoi, on lui accorde une équipe pour enquêter sur "So affaire" et, chose non négligeable, il a de fortes chances de devenir le plus jeune Sergent du Comté grâce à la protection de Considine, lui même promu Capitaine et chef des enquêteurs du Procureur.

Dans cette chasse aux sorcières sont également impliqués Buzz Meeks, l'ex-amant de la 1ere femme de Considine, un ancien flic qui reprend du service pour l'argent et trempe dans tous les coups plus que verreux du milliardaire Howard Hugues ou de Mickey Cohen, le truand juif qui "arrose" la police du Comté et aussi le Lieutenant Dudley, un flic violent qui met presque ouvertement des bâtons dans les roues de Danny pour résoudre l'affaire du quadruple meurtre.

Les choses ne sont donc pas simples... et elles le sont d'autant moins que les deux enquêtes semblent parfois se recouper étrangement et que chacun des hommes impliqués dans celles-ci doit faire face à ses poblèmes personnels et à son destin.

Buzz tombe amoureux d'Audrey la Lionne, la fiancé de son truand de patron, Mal lutte pour obtenir la garde de son fils adoptif d'origine Tchèque et traumatisé par la guerre, quant à Danny, il accumule les irrégularités dans son enquête et les rivalités pour ne parler que des moindres de ses problèmes...

Mon avis

Le grand nulle part est un excellent polar noir. Il s'agit du 2e opus d'un quatuor entamée avec Le Dalhia Noir (lu plus tard net aimé aussi), suivi avec L.A. Confidential (lu et aimé aussi) et terminé par White jazz (pas lu). On peut très facilement les lire dans le désordre... Enfin, "facilement" c'est vite dit car il faut tout de même un peu s'accrocher pour tout suivre tant l'intrigue est complexe (il suffit de lire le résumé pour s'en convaincre), les personnages nombreux et les ramifications et les connexions multiples.

On s'attache beaucoup aux 3 personnages principaux du roman. Ces 3 flics peu orthodoxes (mais en existe-t-il dans les années 50 à L.A. ?) ont des personnalités bien campées qui transpirent d'humanité, de faiblesses allant parfois jusqu'à la bassesse mais aussi de qualités, de volonté et de droiture avec parfois des éclairs de loyauté et de grandeur.

Le tout fait 639 pages qui se dévorent à pleines dents et vous verez que dans ce livre certaines dents jouent, si j'ose dire, un rôle peu "rat-goutant". James Ellroy transcende magistralement le genre du polar souvent considéré comme mineur et produit une "vraie" littérature. Il écrit magnifiquement bien et le moins que l'on puisse dire est qu'il en connait un rayon sur les années et les milieux qu'il évoque, sans doute encore torturé par sa propre histoire familiale et le meurtre de sa mère dont il tira d'ailleurs un livre (Ma part d'ombre).

Conclusion

Il faut absolument lire James Ellroy. Le grand nulle part est un bon choix pour commencer.

7 commentaires:

Mangolila a dit…

Je n'arrive pas à accrocher à cet auteur, trop difficile pour moi, mais je passe pour féliciter ton courage!

Mangolila a dit…

Oublié de te dire combien j'ai aimé² ta réponse au souhait de l'auteur le jour des dédicaces! :) Tu as du répondant! :)

ficelle a dit…

Oui, c'était bien de lire du ellroy ! Moi j'avais démarré par White Jazz (le 3ème) et je n'y comprenais rien mais bon dieu comme je suis régalée de cette langue, de ce flot… Après j'ai quasi tout lu. Le dernier sorti me tente moins, je ne sais pas pourquoi. Je l'avais vu il y a quelques années et son hurlement à la mort dans les salons rouges et chics de Mollat, avec les petites vieilles en public, c'était assez délicieux. Mais je l'ai vu à la télé qui faisait toujours son entrée avec son cri de chien… J'ai trouvé ça fastoche, et du coup bof… Mais je cèderai sans doute à la tentation plus tard.

Mathevet N a dit…

Vous donnez autant envie de lire que Balladur donne envie de faire de la politique... Voila, vous êtes la Balladur des Arts et Lettres... Pas UNE idée interessante sur Ellroy... Que des jugements de valeur immotivées genre "c'est de la VRAIE littérature" (ah bon?) "Il écrit bien" (ah oui?), une petite anecdote minable (mais vraiment minable...)... J'arrete la, c'est à la fois trop court et trop long... Mais je risquerais de devenir VRAIMENT désagréable... Et, sincèrement, vos écrits (sic) n'en valent pas la peine... Ils ne méritent qu'un tout petit peu d'agacement, j'ai envie de vous dire:
"Mêlez-vous de ce qui vous regarde, allez faire un peu de shopping, vous êtes plus à votre place aux Galeries Lafayettes que dans une librairie..."
God bless you (Allez-vous encore une fois et avec tant de courage tourner les talons..?)

Le Journal de Chrys a dit…

Je n'ai jamais rien lu de lui...

Cécile Qd9 a dit…

@ Mango : tout dépend je pense par lequel tu as commencé

@ Ficelle : Le grand nulle part est très compréhensible

@ Mathevet : je ne prétends pas avoir des idées (encore moins qu'elles soient intéressantes), je prétends juste donner mon avis comme j'en ai envie sur le fond comme sur la forme. Quant aux Galeries Lafayette, pourquoi pas ? J'ai dû y mettre les pieds 3 fois maximum les 50 dernières années (dont une pour accompagner une amie qui essayait sa robe de mariée)...
Tourner les talons n'est pas un signe de non courage mais la simple reconnaissance que, parfois, il n'y a rien de plus à attendre... je te suggère donc de continuer ton chemin. Bye

Cécile Qd9 a dit…

@ Chrys : tu devrais