mercredi 6 août 2008

Le jour où j'ai dû changer (de mot de passe)

Bonjour aux standardistes
Bonjour aux hotliners
Bonjour aux consultants parmonzéparvo
Bonjour aux possesseurs/seuses d'une messagerie pro
Bonjour aux zotres

La scène se passe quelque part dans un bureau parisien hier après-midi.

Acte 1
Elle - Cabinet Machin-Truc bonjour !
Moi - Bonjour ici Cécile Bidule, je souhairais parler à quelqu'un du service informatique s'il vous plaît
Elle - Vous êtes du cabinet ?
Moi - Voui
Elle - Ne quittez pas, je vous mets en relation avec Untel
Moi - Merci (je suis une fille polie)
(musique d'attente)
Elle - Ah désolée, il a dû s'absenter, voulez-vous que je lui laisse un message ?
Moi - Je rappellerai, pouvez-vous m'indiquer son n° direct ça sera plus simple

Elle - Repassez par le standard, je ne bouge pas (ben oui, c'est même pour ça qu'on paie les hôtesses, pour ne pas bouger de l'accueil et du standard)
Moi - OK, à tout à l'heure.


Je zappe 3 coups de fil similaires afin de ne pas lasser mon lectorat attentif et j'en arrive à la suite


Acte 2
Elle - Cabinet Machin-Truc bonjour
Moi - Cécile Bidule à nouveau, pourrais-je parler à Untel (entre temps, j'ai réussi à retenir son nom et à se que la standardiste se souvienne du mien. L'aspect humain de la relation progresse)
Elle - ne quittez pas
Lui - Allo ?
Moi - Bonjour, ici Cécile Bidule je suis en mission chez ZeBoite et je ne parviens plus à accéder à ma messagerie. J'étais malade 3 jour la semaine dernière et mon mot de passe a expiré à ce moment là (ça n'arrive qu'à moi ça). J'ai tenté de suivre la procédure de création d'un nouveau mot de passe mais ça ne marche pas.
Lui - oui, c'est normal, tu ne peux pas modifier un mot de passe qui a expiré (on ne se connaît pas, on se tutoie, on bosse dans le même cabinet et on est cool)
Moi - Ah bon ? pourtant c'est ce qu'on m'a dit de faire... (par "on" entendez l'écran de mon ordinateur)
Lui - ... (silence lourd d'indifférence teinté d'un zeste de "j'espère qu'elle ne va pas se mettre à râler cette cruche)
Moi - ... (silence lourd de sous-entendus genre "Ca se comprend mais c'est nul de ne pas le dire "avant" et dans ce cas là pourquoi un pop-up n'affiche-t-il pas un message d'alerte avec le n° du service informatique et demandant de le contacter ?")
Lui - tu repasses quand au cabinet ?
Moi - Ah non, je ne suis jamais (j'insiste) au cabinet. Je suis à plein temps chez Zeboite depuis que j'ai commencé (non mais, j'vais pas perdre deux heures pour ça quand même !)
Lui - Bon, ton nom c'est Cécile Bidule c'est ça. Tu veux quoi comme mot de passe
Moi - (eh bien voilà, tu vois quand tu veux...) heu... attends... heu "6 juin 1944"
Lui - 6
Moi - oui
Lui - Juin
Moi - Oui
Lui - 44
Moi - Non, 1944.
Lui - ...
Moi - ...
Lui - Voila, c'est bon. Tu pourras te logguer avec ce nouveau mot de passe dans une dizaine de minutes.
Moi - Merci beaucoup. Bonne fin d'après-midi (je suis une fille polie)

Là encore je vous la fais courte. Dix minutes après je me dis "je vais encore attendre 3 minutes au cas où" et après une tentative infructueuse, je pense "bah, je m'en doutais, je n'ai pas attendu assez longtemps". Je vais donc prendre un café, un verre d'eau et un bol d'air et je réessaye à mon retour sans plus de succès que la première fois. Je vais aux toilettes (le café c'est duérétique surtout suivi de trois verres d'eau), je passe un coup de fil et je retente avec plutôt moins de succès cette fois puisqu'un message m'informe que mon compte est désormais vérouillé. Soit, soyons zen et passons à la suite.

Acte 3
Elle - Cabinet Machin-Truc bonjour !
Moi - Allo. C'est encore Cécile (on est super copines maintenant, je zappe mon nom de famille), pourriez-vous me repasser Untel s'il vous-plaît ?
Elle - Il s'est absenté je peux prendre un message ?
Moi - Dites lui que sa manip n'a pas marché et demandez lui de me rappeler au 06.mon.nu.mé.ro Elle - C'est noté
Moi - Merci beaucoup. Au revoir (je suis une fille polie)
10 minutes plus tard

Epilogue
Lui - Allo Cécile ? J'ai eu ton message.
Moi - Merci de me rappeler aussi vite (je suis une fille polie). En fait, je ne parviens toujours pas à me connecter avec le mot de passe que tu viens de créer et mon compte est désormais vérouillé.
Lui - Tu as tapé quoi comme mot de passe ?
Moi - Ben, "6 juin 1944"
Lui - Ah non, tu m'as dit "9 juin 1944"
Moi - Ah non. Pas possible...
Lui - Non, tu m'as dit le 9.
Moi - ... (qu'est-ce que vous voulez dire dans ces cas là ?)
Lui - ...
Moi - Bah, allons-y pour le 9 ! De toute façon le débarquement a duré plus de trois jours, c'était loin d'être fini le neuf...

Et, de fait, maintenant j'arrive à me connecter à ma messagerie pro. Enfin... jamais du premier coup puisque je tape systématiquement en premier la date qui figure dans tous les manuels scolaires et passé un moment de stupeur + ou - long (en fonction de l'heure de la journée) je me dis "ah oui, c'est vrai le (quoi de) 9".

Cela dit, je tiens à préciser aux petit(e)s malin(e)s qui seraient tenté(e)s de faire l'essai que si l'esprit de ce récit est parfaiment respecté, tout n'y est pas authentique à la lettre (ou au chiffre). Il recèle donc une certaine dose de fiction : aucun de mes mots de passe perso ou pro n'est le "6 juin 1944" et aucun de mes mots de passe n'est le "9 juin 1944" non plus.

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