vendredi 27 novembre 2009

Ethan Frome (Edith Wharton)

Bonjour aux hommes pauvres et blessés
Bonjour aux femmes hypocondriaques et jalouses
Bonjour aux jeunes filles abandonnées
Bonjour aux zotres



Ethan Frome est le 5e roman que je lis de Wharton (après, dans l'ordre, Les Boucanières, The age of innocence (en VO), Chez les heureux du monde, Eté) et c'est incontestablement le plus masculin et sans doute le plus sombre. Mon bonjour donne un peu le ton.

Le sujet

Au début du XXe siècle, Ethan Frome est un homme entre deux âges, pauvre et à moitié paralysé suite à un lointain accident. Sa vie a toujours été pénible, partagée avec Zeena, une femme hypocondriaque et aigrie. Le seul rayon de soleil de sa vie fut Mattie, une cousine orpheline de Zeena qui trouva refuge chez eux quelques mois.

Mon avis

Ca commençait mal. Je n'ai pas du tout aimé le premier chapitre que j'ai trouvé ennuyeux et où je n'ai pas senti la finesse de plume et d'analyse si caractéristiques de Wharton. Après avoir terminé le livre, je maintiens que ce chapitre qui introduit la suite du roman sous forme de retour en arrière est totalement dispensable et d'un niveau bien inférieur au reste du roman (heureusement) auquel je reproche toutefois un certain misérabilisme un brin geignard. En gros, si vous lisez Ethan Frome en écoutant "les roses blanches" et "l'hirondelle des faubourgs" de Berthe Sylva, il y a de fortes chances que vous vous jetiez dans la Seine (ou tout autre cours d'eau à proximité de chez vous) dans les minutes qui suivent.

De fait, Ethan Frome est un excellent (et court) roman qui m'a pourtant moins séduite que les précédents que j'ai lus de Wharton. De même que chez Zola je préfère de loin Pot-Bouille ou La Curée à Germinal (jamais terminé) ou l'Assomoir (qui porte bien son titre), chez Edith Wharton je préfère les romans bourgeois, la description si fine de la belle société, de ses moeurs impitoyables et surtout ces portraits de femmes luttant pour leur indépendance. Ethan Frome est nettement moins sociologique, moins analytique et son héros est un homme ; 3 raisons qui font que j'ai été moins convaincue.

Quelques extraits

J'ai aussi trouvé le style de Wharton moins agréable, plus artificiel, à l limite du ridicule parfois comme ici :
"Le cri de surprise de Mattie et le rire de Frome se mêlèrent comme deux ruisseaux d'avril à la fonte des neiges." (P.40)

Mais à certains passages non dénués d'humour, j'ai retrouvé tout ce que j'aime chez Wharton :
Elle continuait à le regarder à travers le crépuscule, avec l'air pénétré d'une personne qui aurait conscience d'être marquée pour de grands destins :
- j'ai des complications dit-elle.
Ethan savait tout ce qu'impliquait ce mot. La plupart des gens du pays avaient des "troubles", nettement localisés et définis ; seuls les élus avaient des "complications". Le fait d'en être atteint communiquait une sorte de supériorité morale, bien que ce fut aussi, dans la plupart des cas, une certitude de mort prochaine. On luttait pendant des années avec des "troubles" ; mais on succombait presque toujours à des "complications".
Le coeur de Frome était tiraillé entre deux sentiments contraires, mais sur l'instant ce fut la compassion qui l'emporta. (P.96)

Conclusion

Un des romans de Wharton les plus salués par la critique et pourtant celui que j'ai le moins aimé parmi ceux que j'ai lus (tout en l'aimant quand même hein).

3 commentaires:

Océane a dit…

Oh t'es rude avec l'Assommoir quand même...

Ethan Frome n'est pas mon préféré, "chez les heureux du monde l'est", et avec celui là aussi on peut vite sombrer dans la dépression post traumatique livresque. Je me demande dans quelle période elle a rédigé Ethan Frome ?

liliba a dit…

Une auteur que j'aime bien aussi, mais j'ai d'autres trucs à lire d'elle avant celui-ci.

Kali a dit…

Le premier roman que j'ai dû lire en anglais pour la fac... Je pense que beaucoup de choses m'avaient échappées, mais j'étais sortie de là tout de même fortement déprimée! quelle atmosphère...