mardi 27 mars 2012

Possessions (film d'Eric Guirado)

Bonjour à celles et ceux qui se passionnent pour les faits divers
Bonjour à celles et ceux qui aiment sonder l'âme humaine
Bonjour aux zotres

Lorsque je suis invitée à une avant première, je me renseigne assez peu sur ce que je vais voir afin d'aborder le film avec aussi peu de préjugés (positifs ou négatifs) possibles. Dans le cas de Possessions, cependant, difficile de ne pas reconnaître l'affaire Flactif, ce meurtre de 5 membres d'une même famille survenu en 2003, dès les premières lignes du synopsis.

Le sujet

Maryline et Bruno décident de quitter le nord de la France avec leur fille à la recherche d'une vie meilleure à la montagne. Le chalet qu'ils louent n'étant pas terminé, le promoteur Patrick Castang leur propose une solution d'attente dans un logement de haut standing tandis que Maryline devient la femme de ménage du couple Castang. Au fil des mois, l'entousiasme pour cette nouvelle vie et la reconnaissance initiale envers les Castang se tranforme peu à peu en jalousie envers la richesse de leurs bienfaiteurs désinvoltes, puis en rancoeur et bientôt en haine.
Mon avis

A tous points de vues : quel film !
Il est à la fois éprouvant, fascinant, intelligent, dérangeant, toujours analytique, jamais complaisant. C'est un film difficile plus qu'il n'est dur. Difficile car, bien sûr, on connait le dénouement de ce drame et dès lors, on ressent du début à la fin une tension évidente, perceptible à une certaine qualité de silence dans la salle. Difficile aussi car le choix du réalisateur était risqué et, par je ne sais quel miracle d'équilibre et d'intelligence, il parvient, d'une part, à ne jamais sombrer dans le manichéisme simpliste ou dans la caricature et, d'autre part, à ne jamais placer les spectateurs/trices en position de voyeurs/euses.
Son parti pris est de chercher à comprendre comment un couple peut en arriver "là", à décrypter par touches subtiles, jamais trop appuyées, comment l'incompréhension creuse un fossé, comment les cultures se heurtent, comment la jalousie s'installe, s'envenime d'autant mieux que l'argent manque d'un côté tandis qu'il semble fait pour être dilapider de l'autre.

On aurait donc tort de réduire Possessions au simple récit d'un fait divers. C'est avant tout un passionnant film social où la précarité, le manque de culture, la publicité et le crédit à la consommation jouent leur rôle de sappe chez les uns tandis que l'argent, le champagne et le bonheur brouillent le sens des réalités des autres jusqu'à une sorte d'irresponsabilité désinvolte perçue comme une forme d'arrogance et de manque de respect. Car tout ici est question de respect, ce mot si galvaudé de nos jours.

Julie Depardieu est formidable dans son rôle de femme aigrie de ne pouvoir vivre ses rêves et, comme d'habitude, Jérémie Rénier est extraordinaire, plus vrai que nature lesté des 18 kilos qu'il a souhaité prendre pour se rôle. Quand va-t-on enfin se rendre compte qu'il est un des tous meilleurs acteurs francophones de sa génération ?

Quelques liens

L'Express - Allociné
Le passeur de critique a un point de vue intéressant que je ne partage pas pour autant

Conclusion

Un film fort et un casting remarquable.

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