jeudi 14 février 2013

Le premier amour (de Véronique Olmi)

Bonjour à celles et ceux qui gardent la nostalgie de leur premier amour
Bonjour à celles et ceux qui n'en gardent que l'impact
Bonjour à celles et ceux pour qui il est toujours vivant

Pour la Saint Valentin, j'aurais préféré vous parler d'un roman d'amour réussi, vous dégoter une love-pépite mais non... C'est comme ça. Fatalistas !

Depuis quelques semaines, j'ai des lectures difficiles, lentes, ennuyeuses ou tout ça à la fois. Je ne parviens pas à me plonger vraiment dans un livre ni à le finir et la qualité de mes lectures n'est pas toujours en cause dans l'histoire, c'est juste une question de timing parfois. Â contrario, si j'ai achevé Le premier amour de Véromique Olmi ce n'est pas en raison de l'intérêt que j'ai porté à ce roman indigent mais bel et bien parce que je voulais toutes les cartes en main pour dire de la manière la plus objective possible pourquoi et à quel point ce livre est dispensable !

Le sujet

Emilie vit à Paris, elle est mariée avec Marc et leurs trois filles ont quitté le nid familial pour vivre leurs vies de femmes. Le soir où elle s'apprête à fêter ses 25 ans de mariage, elle tombe par hasard sur une annonce de Libération en déballant la bouteille de Pommard qu'elle prévoyait pour son dîner romantique. Sans avoir à réfléchir, d'instinct, elle quitte immédiatement son appartement (après avoir éteint le four tout de même) et prend la route pour Gênes afin de rejoindre, 30 ans plus tard, le beau Dario, son premier amour alors qu'elle n'était qu'une adolescente à Aix en Provence.

Mon avis - 90 % à jeter

Pfeuhhh. Par où commencer ? Peut-être par un élément de contexte. Lors de sa sortie en 2010, ce 8e roman de Véronique Olmi a pas mal fait parler de lui dans la presse, à la télévision et sur les blogs. J'ai d'emblée été attirée par le thème ou tout au moins ce que j'ai perçu du thème à travers ce que je lisais et entendais. Or, premier problème, les questions posées alors par les journalistes ne sont pas vraiment les thèmes traités (si tant est qu'il y en ait !) dans le livre. Ainsi, aux questions "qu'est-ce qui fait qu'un jour une femme de 50 ans quitte tout dans la seconde pour retrouver son premier amour ?" ou encore "Qu'est-ce qui unit de façon si spéciale Emilie à Dario ?".

Certes, le geste d'Emilie, cette impulsion soudaine après tant d'années est en soi peu crédible mais, au fil des pages, l'auteure aurait pu apporter des réponses à travers des événements forts, des raisons à la fois personnelles et objectives expliquant la marque indélébile de ce premier amour. Au lieu de ça, elle se perd dans des poncifs éculés de midinettes, dans une approche fantasmée de cette relation d'ado qui, dès lors, rend le présupposé de base du roman absolument aberrant.

Mais passons car c'est le lot de bien des romans de reposer entièrement sur une idée, un sujet que le/la lecteur/lectrice doit admettre au préalable pour apprécier sa lecture. Mais généralement, la règle du jeu est claire et c'est voulu, assumé par l'auteur. Ici, on a vraiment l'impression que Véronique Olmi n'en fait pas exprès et qu'elle croit vraiment que cette histoire tient debout et que les flash back à l'eau de rose dont elle saupoudre son roman parviendront à expliquer voire à justifier le départ d'Emilie. Or non. Jamais. Elle n'a même pas songé à exploiter l'explication la plus simple et la plus crédible qui aurait été l'usure du couple ou le fait de trouver un prétexte à une rupture. Même pas.

Quant à la 2e question, elle ne trouve pas plus de réponse que la première. Là encore, rien ne permet de comprendre ce que cette relation d'ado, aussi sincère, partagée et belle soit-elle a de plus qu'une simple relation d'ado qui justifierait qu'avec le recul elle ne soit pas reconnue comme telle par une femme de 50 ans, elle-même mère de filles plus âgées que l'âge qu'elle avait lorsqu'elle a connu Dario.

Je passe évidemment sur le hasard plus qu'improbable de trouver une annonce de Libé sur une feuille de journal entourant une bouteille de vin et surtout de la LIRE au lieu de simplement défaire l'emballage et froisser le tout direction poubelle. Je passe aussi sur le choix douteux qui ajoute à l'invraisemblance que ceci se passe justement le soir du 25e anniversaire de mariage de l'héroïne (tant qu'on y est ! pourquoi se gêner ?). Je ne relèverai même pas que celle-ci oublie son portable dans la précipitation (on n'est plus à ça près).

Tout cela est de l'ordre du grotesque mais bon, sans l'annonce il n'y aurait pas de roman (même si un message via les réseaux sociaux aurait été 1000 fois moins capillotracté !) et avec un portable Emilie aurait été obligée de dialoguer avec les siens, de s'expliquer, sans portable ça devient moins facile sauf, évidemment pour l'auteure qui peut ainsi faire l'économie de penser, de creuser la psychologie de son personnage et la dynamique du couple, de la famille.

Véronique Olmi se dispense allègrement de tout cela et afin de se compliquer la vie le moins possible, les rares échanges familiaux se terminent rapidement par un "il a raccroché" ou "elle s'est levé et est partie" tellement commodes pour masquer le vide analytique, l'absence de fond du roman.

Mais le pire, à mon avis, ce sont les personnages secondaires croisés par l'héroïne au cours de sa descente dans le sud, des figures improbables et caricaturales, prétextes à anecdotes sans queue ni tête et à remplissages de pages inutiles, dénuées de sens et de logique (pauvres arbres).

9 % à garder

Je dois avouer qu'outre celle évoquée en début de message, trois autres raisons m'ont fait poursuivre ma lecture :
1 - le roman est court
2 - il se lit d'autant plus vite et facilement que les chapitres sont eux-mêmes brefs et, selon un principe tellement répandu actuellement qu'il commence à sentir l'usure, il alterne moment présent et souvenirs du passé où alternent (encore !) scènes familiales et moments partagés avec Dario.
3 - si le Dario ado ne m'a pas plus intéressée que le Dario adulte, j'ai en revanche trouvé que le rapport d'Emilie avec ses parents, avec sa soeur Christine était étonemment juste et intéressant. J'insiste sur le étonemment dans cet océan de médiocrité que consitue à mes yeux le reste du roman.
C'est bien évidemment ce 3e point qui m'a sauvée de justesse de l'affliction et de la colère et qui me fait dire que je n'ai pas tout à fait perdu mon temps en tournant les pages de ce livre.

1 % de quoi au juste ?

Enfin, puisqu'il faut en parler sans en parler vraiment... Enfin cette fin tant attendue pour la délivrance qu'elle représentait plus que pour le dénouement qu'elle révélait... Eh bien je baisse les bras. C'est groteste, abracadabrantesque, absurde, délirant. Tout sonne faux des dialogues aux situations, des sentiments aux "révélations". J'ai détesté tant de mièvrerie mâtinée d'une tendance à loucher du côté de la chanson réaliste du début du XXe siècle façon Berthe Sylva. J'ai détesté, surtout, cette sensation d'être prise pour une demeurée.

Conclusion

Ne perdez pas votre temps, lisez autre chose ou, vraiment, si vous insistez, ce sera pour les 9 % de pages que j'aurais gardées si j'avais été l'éditrice de ce roman moins que banal, plus que bancal et baclé.

1 commentaire:

formation enseignant a dit…

C'est génial, tu fais la promotion d'un livre à ne pas lire, et qui n'est meme pas connu ! Mais c'est intéressant, et ton billet l'était tout autant. Je le recommande, mais pas pour le livre ;)
Le roi prof