mercredi 13 février 2013

Ita L. née Goldfeld (au théâtre du Petit Saint Martin)

Hommage à Ita
Bravo Hélène
Merci Vincent
Bonjour aux zotres

J'ai eu le plaisir d'être invitée jeudi dernier à la troisième des 60 représentations de Ita L née Goldfeld et j'en garde un souvenir ému et admiratif.

Le sujet d'après la communication presse

Paris, le 12 décembre 1942. Ita L. née Goldfeld a une heure pour choisir : fuir ou attendre… D’Odessa à la rue du Petit Musc, elle a déjà vu tant de choses. « On est en sécurité en France » il disait Salomon…
D’après une histoire vraie, cette pièce nous emmène dans le voyage de toute une vie avec l’amour, la force de résister au malheur et la confiance en l’avenir pour bagages. Ita, femme ordinaire, va-t-elle poursuivre son chemin ? Une heure, rien qu’une heure, pour en décider…

Le sujet d'après moi

Fin 1942, 3 policiers frappent chez la frèle Ita et lui demandent de préparer un bagage léger. Ils repasseront chez elle dans une heure... Les attendra-t-elle ? Et que sait-elle exactement du sort qui l'attend si elle le fait ?

Le sujet d'après Télérama (tronqué pour cause de spoiler (d'ailleurs partiellement erroné) comme tant de fois de la part de ce journal qui semble incapable de rédiger la moindre critique ou le moindre pitch sans !)   Eric Zanettacci écrit le journal fictif de son arrière-grand-mère (...) Ita L, née Goldfeld, est seule chez elle le 12 décembre 1942. Son mari est mort des suites de la guerre de 14, les enfants sont partis  (...). On a vu cent fois ces images de rafle ou des récits portant sur les jours noirs de l’époque pétainiste. Mais ici, la comédienne Hélène Vincent, seule en scène, fait revivre les joies, la peur, tout un arc-en-ciel d’émotions, et le théâtre permet de rendre vivant ce que l'on croyait déjà connu.

Mon avis

Revélée en 1989 par le cultissime La vie n'est pas un long fleuve tranquille d'Etienne Chatilliez où elle campait une madame Lequesnoy plus bourgeoise que nature, Hélène Vincent campe ici une femme vieillissante et fragile, déjà maintes fois malmenée par la vie, entièrement habitée par la peur, les souvenirs et l'incompréhension face à ce monde fou de violence qui la stigmatise en tant que juive.

Le rôle est très délicat à jouer tant il est facile de basculer de l'émotion pure à la sensiblerie affectée, tant le ton juste entre pudeur douloureuse et plaintes larmoyantes est affaire de dosage subtil, d'effets contenus, tant l'alternance entre gaité nerveuse à l'évocation de souvenirs heureux et disparus et souffrance immense lié à un présent plus qu'incertain demande une maîtrise de chaque instant et une implication totale.

J'imagine aussi qu'il est aussi difficile à endosser émotionnellement, bouleversant à jouer, seule en scène face à un public attentif, tendu, admiratif, d'emblée en empathie.   La critique aussi est délicate tant le sujet est sensible et implique d'emblée une compassion évidente et sans réserve face au malheur de cette femme et à l'injustice absurde et monstrueuse qui s'abat sur elle.

Hélène Vincent démontre certes une fois de plus qu'elle est une actrice formidable sachant parfaitement allier technique et émotion. Cependant, tout au long de la pièce elle semble sous tension et danse sur le fil du rasoir et, parfois, un rien à contre temps, à deux doigts de trébucher. J'ai eu l'impression, confirmée à la sortie par la personne qui m'accompagnait, qu'à certains moments, l'actrice cherchait son texte, qu'elle hésitait, marquait de trop longs silences, multipliait les "hum" et autres interjections plus ou moins volontaires de la gorge à chaque reprise de respiration, à chaque nouvelle phrase pouvant passer pour des sourires gênés liés au souvenir. Même si cela n'était pas fondamentalement gênant et fort bien camouflé par l'actrice qui accentuait le côté simple, fragile d'Ita, sa personnalité effacée, le systématisme de la chose finissait par amoindrir le naturel du personnage et la connexion qui s'installait entre elle et les spectateurs/trices (entre elle et moi tout au moins).

A un moment pendant la pièce, je me suis dit que celle-ci aurait sans problème pu être mise en scène sous forme de lecture. D'ailleurs, Hélène Vincent achève la pièce de cette façon et je me suis demandée si c'était volontaire ou non, si elle avait décidément trop de mal avec le texte ou si c'était prévu dans la mise en scène. Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé que cela collait parfaitement à l'esprit de la pièce et j'en suis encore plus convaincue maintenant que je sais (grâce au passage de Télérama reproduit plus haut) que ce témoignage a été rédigé par quelqu'un de la famille d'Ita. Il pourrait effectivement être mis en scène de A jusqu'à Z sous forme d'une lecture de journal intime.   Ce que je ne savais pas, parce que je suis hélas arrivée en retard de 5 minutes à cause d'une réunion qui s'éternisait, c'est que la pièce avait également commencé sous forme de lecture... apportant un peu d'eau à mon moulin.

Infos pratiques

A partir du 5/02/13 pour 60 représentations
Du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 15h
Au Petit Saint Martin
17, rue René-Boulanger 75010 Paris
Métro Strasbourg Saint Denis ou République
Site www.petitsaintmartin.com

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