jeudi 27 janvier 2011

Les violons parfois (de Françoise Sagan)

Bonjour aux violonistes régulier(e)s
Bonjour aux violonistes occasionnel(le)s
Bonjour aux zotres


Ce livre faisait partie de ma sélection dans le cadre de mon challenge littéraire de novembre 2010 et comme les 3 livres sont arrivés ex-aequo, j’ai choisi celui-ci pour 2 raisons :
- C’est une pièce de théâtre et non un roman : ça change
- La paresse : ça se lit très vite. En 2 trajets de bus l’affaire était pliée

Le sujet

Pendant 5 ans, Charlotte et son amant Antoine (vague escroc présenté comme son cousin à la bourgeoisie de Poitiers) furent entretenus par un industriel fortuné. Le décès de ce dernier révéla qu’il n’avait couché sur son testament ni sa sœur Augusta ni la belle Charlotte et que son unique légataire était Léopold, un lointain neveu par alliance âgé de 20 ans. La personnalité lunaire du jeune homme et son détachement pour les questions matérielles en font une proie facile pour Charlotte qui ne tarde pas à le dépouiller avec son consentement. Mais, au final, qui dévorera l’autre ?

Mon avis

Cette pièce créée en 1961 et publiée en 1962 possède un indéniable côté poussiéreux et totalement démodé. En outre, le texte est très court et donc forcément superficiel : les personnages esquissés auraient mérité une plus grande attention sur le plan psychologique ce qui impliquait un texte plus long et plus dense (ce que sait parfaitement faire Jean Anouilh dans un registre cynique et/ou désabusé comparable).

Je ne pense pas que la jouer à nouveau pourrait présenter un intérêt de nos jours même en procédant à de sérieux réaménagements du texte tant le contexte et les péripéties qui servent de toile de fond au développement des thèmes abordés sont eux-mêmes obsolètes. Il n’en demeure pas moins que l’écriture de Françoise Sagan est belle souvent, brillante parfois, spirituelle dans l'ensemble, que la dureté du propos ne manque pas d’intérêt, que le sens du paradoxe désabusé et de la formule acide évoquent parfois certains aphorismes d’Oscar Wilde et la morsure de certaines pages d'Anouilh (déjà cité).

Depuis Les liaisons dangereuses de Laclos, la littérature regorge de romans traitant de la manipulation amoureuse sur le thème du tel-est-pris qui croyait prendre, des faux-semblants et de l’orgueil, de la cruauté infinie de la candeur, infinie parce qu’innocente, sans calcul et donc sans possibilité de remise en cause.
Antoine et Charlotte sont deux êtres veules, profiteurs, hypocrites unis par l’amour tout d’abord, nourris par une commune ambition et une même absence de scrupules mais c’est cette ressemblance, ce miroir tendu par l’autre qui fait qu’il devient peu à peu insupportable jusqu’à la souffrance affligée avec d’autant plus de mépris qu’elle est aussi ressentie par chacun des deux, prisonniers d’un même cercle vicieux de rancœurs.
Léopold est le Candide parfait, la victime désignée des intrigues fomentées par le couple mais ils ne peuvent l’atteindre tant il est dépourvu d’orgueil, de passions, tant les contingences matérielles glissent sur lui au-delà du supportable.

2 citations qui donnent une idée du ton

L'argent rend égoïste. C'est bien pourquoi je veux en avoir. Je trouve l'égoïsme confortable, équilibrant...
L'intelligence sans bonté est une arme bien dangereuse.

Conclusion

Une Nième variation légère et très bourgeoise sur le thème de la destruction amoureuse.

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