vendredi 17 décembre 2010

Deuxième chronique du règne de Nicolas 1er (de Patrick rambaud)

Bonjour aux
dirigeant(e)s
Bonjour aux

dirigé(e)s
Bonjour aux zotres


Je ne sais pas ce qu'il en est de votre côté mais moi, je l'avoue humblement, je ne sais absolument pas faire une valise... Je ne sais pas voyager léger. Pour 10 petits jours en Guinée, je me retrouve avec une valise de 33 kilos (dont quelques uns liés au boulot, certes), ne comprenant pas moins que 7 paires de chaussures, 6 robes, 5 pantalons, une foultitude de tee-shirts, de pulls pas si inutiles que ça because clim à gogo (beurrrrk) et je ne vous parle même pas des sous-vêtements ! Comme si, tout à coup, j'allais me mettre à en changer 3 fois par jour.

Côté bouquins c'est évidemment pareil. J'emporte une pile dont je sais fort bien avant même qu'elle ne soit emballée, que je n'en engloutirai pas la moitié. Cela dit, mes choix se portent en priorité sur des lectures à abandonner sur place après consommation, légères sur la forme et sur le fond, comportant peu de pages, nécessitant peu de sollicitations neuronales, supportant les abandons, bruits de fond et aux nuisances à base d'éclaboussure de piscine ou de tâche de petit déj.

La 2e chronique du règne de Nicolas 1er a parfaitement le profil pour une valise et est d'une lecture agréable et totalement dans l'actualité à quelques jours de l'investiture du président de la Guinée fraîchement élu (le 21/12 : j'y serai encore) et alors que les ivoirien(ne)s se déchirent parce qu'ils/elles en ont un de trop.

Le sujet

Suite au succès du premier opus paru en 2008, Patrick Rambaud (prix Goncourt pour La bataille et co-fondateur du magazine Actuel) poursuit son portrait à charge pour ne pas dire au vitriol de Nicolas Sarkozy et dresse un bilan à la fois totalement partial sur le fond et complètement réjouissant sur la forme, de la fin de l'année élyséenne 2008, moment de grâce sur fond de passion présidentielle et de mariage franco-italien.

Mon avis

Je n'avais pas lu le premier opus de cette chronique du "règne" (je cite) de Nicolas Sarkozy qui décortiquait son accession à la présidence mais j'en avais évidemment beaucoup entendu parlé et ma curiosité envers ce pamphlet est devenue encore plus forte suite à ma lecture de Dans la peau de Nicolas de David Angevin.

Les deux portraits se répondent et dressent une image assez cohérente du président, l'une plutôt sympathique et l'autre beaucoup moins, toutes deux mettant en avant l'absence de culture et le côté ébahi du président face à son destin de dirigeant, face à sa 3e épouse mais aussi et surtout face à la puissance, au faste et aux richesses qu'il cotoie.

Au delà de la caricature et du plaisir qu'on peut (ou pas) y trouver, ce que je trouve surtout remarquable (au sens premier du terme) dans le livre de Rambaud, c'est qu'on y perçoit parfaitement à quel point on a changé d'ère sur le plan politique et combien la personnalité des précédents présidents, leur culture, leur éducation, leur conféraient une stature que ne possède pas le président actuel. Au delà du cas précis de la personne qui nous gouverne, plusieurs questions se posent alors :

- par quel type d'homme ou de femme les français(es) veulent être dirigé(e)s ?
- n'est-ce pas exactement pareil à gauche en France ?
- n'est-ce pas exactement pareil partout dans le monde et tous bords confondus ?

N'oublions pas que nos dirigeant(e)s sont à notre image dans la mesure où nous les élisons d'une part mais aussi parce qu'un cercle vicieux dû à l'alliance tacite entre les intérêts des journalistes, la curiosité du public et la complaisance des politique, fait que la frontière entre la sphère privée et le domaine public se réduit comme une peau de chagrin y compris (surtout ?) pour nos gouvernant(e)s qui cultivent la petite phrase et l'apparence plus qu'ils/elles n'entretiennent les débats de fond et la grandeur de leur image.

Mais on est loin du livre de Rambaud qui n'a pas pour objectif de poser de telles questions (et encore moins d'y répondre objectivement) mais plutôt de tirer à boulets rouges et avec talent sur une cible rêvée dont on a presque l'impression, au fil des pages, qu'elle accumule les bourdes et les ridicules comme d'autres allument des clopes.

Tout au long des 150 pages du livre, Rambaud égreine les superlatifs ironiques tels que : Notre bien-aimé monarque, Son efficace Majesté, Notre bouillant leader, Notre Foudroyant Monarque, Notre Prince Fougueux, Notre Mercantile Seigneur, etc. Chaque personnage se voit affublé d'un titre de noblesse (le Comte de Sablé n'est autre que François Fillon et Rama Yade devient Princesse Rama). Le style est volontairement un brin désuet et surtout assez réjouissant et plutôt habile même si certains amalgames sont vraiment trop facile pour ne pas dire regrettable car si l'on peut détester (ou pas) Nicolas Sarkozy est être excédé(e) (ou non) par sa manière de diriger la France, il n'est tout de même pas responsable de toutes les catastrophes qui s'abattent sur notre pays et il me semble un brin excessif, par exemple, de glisser dans le texte un topo sur les 3 à 6 femmes qui meurent chaque jour de violence conjugale. Sauf erreur ou ommission de ma part, ce n'est pas Sarko qui cogne !

Une autre limite du texte que l'on peut regretter mais qui semble inhérente à l'exercice est le nivellement des problèmes dénoncés. Toutes les bourdes ne se valent pas, toutes les erreurs privées ou publiques n'ont pas le même impact. Il en résulte parfois une impression d'amalgames qui fait regretter le manque d'analyse... mais on n'est pas là pour ça. Certes.

Quelques liens

Ma critique de Dans la peau de Nicolas de David Angevin
Intéressante Critique de 2e chronique du règne de Nicolas 1er

Conclusion

Le 3e opus, annoncé à la fin du 2e, est sorti début 2010. Le lirai-je ? Sans doute, au bord d'une piscine, à Conakry ou ailleurs, comme je lirai vraisemblablement le 1er si l'un et/ou l'autre me tombent sous le nez dans une pile de livres de poche d'occasion à 1 euro.

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