mercredi 23 septembre 2009

99 francs (de Frédéric Beigbeder)

Bonjour aux fils de pub
Bonjour aux filles de spots
Bonjour aux zotres

Voilà, je fais mon coming-out : j'aime Frédéric Beigbeder. L'auteur. Si. J'avoue.

99 francs est le 4e livre de lui que je lis et ce n'est pas le dernier même si je ne compte pas me précipiter sur celui qui va sortir pour la rentrée littéraire et qui fait actuellement l'objet d'un pseudo mini scandale aussi ridicule que monté en épingle sur fond de soi-disant 4 pages autocensurées par crainte d'interdiction (tellement autocensurée que le monde entier en connaissait le contenu avant même la sortie du livre, si c'est pas du "bon" buzz (sic) ça !).

99 Francs est sans aucun doute le livre qui a propulsé Beigbeder sur le devant de la scène et qui m'a fait me pencher sur le cas de cet auteur, avec énervement en raison de la surmédiatisation complaisante à l'égard du roman et de l'homme et, à l'époque, je m'étais empressée de penser qu'il était urgent d'attendre avant d'éventuellement ouvrir un Beigbeder en général et celui-ci en particulier. C'est désormais chose faite.

J'ai commencé par l'Egoïste romantique que j'ai adoré et poursuivi avec L'amour dure 3 ans que j'ai trouvé excellent et les Nouvelles sous extasy qui m'ont franchement plues. En fait, j'imagine lire tout Beigbeder prochainement, à l'exception, peut-être de Windows of the world dont j'ai encore du mal à envisager la lecture.

Le sujet

Octave est créatif dans une agence de publicité. Il est payé honteusement cher pour brasser du vent et vendre des choses inutiles à des personnes qui sans lui n'en ressentiraient pas le besoin. Il travaille notamment sur la nouvelle campagne de pub pour "Maigrelette" de la marque Madonne (toute ressemblance, etc...). Cet univers factice lui répugne autant qu'il en tire partie (argent, fille, mode de vie, drogue, etc.). Il s'y vautre complaisamment jusqu'au dégoût et écrire un roman à charge lui semble le meilleur moyen de se faire virer !

Mon avis

On peut lire 99 francs comme un document, un témoignage dépaysant si l'on ne connait pas le milieu évoqué ou édifiant s'il nous est familier. J'ai aimé ce roman mais pas autant que L'égoïsme romantique et L'amour dure trois ans. Même s'il est globalement très réussi et vraiment intéressant si l'on est un minimum curieux du monde de la communication, du consulting et de la pub, je trouve cependant qu'il souffre de défauts agaçants qui ne m'ont pas gênée dans les romans mentionnés ci-dessus.

Dénoncer et argumenter c'est bien, cracher dans la soupe c'est plus contestable voire énervant et, dans ce livre fortement autobiographique, c'est bel et bien ce que fait ouvertement Beigbeder et je trouve que l'ambiguité de son attitude nuit à l'intérêt que l'on peut porter au récit. Dans ce livre, l'auteur scie la branche sur laquelle il est assis et met en scène son propre suicide professionnel. Beigbeder écrit pour se faire virer et le mentionne clairement dès le début de son récit : pourquoi pas mais on sent que cet objectif prime sur l'objectif purment littéraire ou romanesque.

En outre, le parti-pris de l'auteur de diviser l'ouvrage en 6 parties rédigées respectivement à la première personne du singulier, puis à la 2e et à la 3e avant de passer à la première du pluriel puis à la 2e pour terminer par la 3e peut paraître une bonne idée à la base mais tourne parfois franchement à l'exercice de style plus ou moins heureux et conduit à des chapitres inégaux tant sur le fond que sur la forme.

Il n'en reste pas que la lecture de ce roman possède une dimension purement jouissive tant Beigbeder possède au plus haut point le sens de la formule qui fait mouche et une distance désabusée qui lui confère une capacité d'analyse (et de restitution de ses analyses) plutôt pertinente et que je trouve, à titre personnel, très réjouissante.

Conclusion

99 francs est une lecture intéressante et agréable mais ce n'est pas mon Beigbeder préféré.

12 commentaires:

Cynthia a dit…

Bien aimé mais je crois que mon préféré pour l'instant reste "Windows on the world".
Ah moi aussi je l'aime bien ce Beigbeder! Nous nous sommes passées le mot sur nos blogs hier soir on dirait ;)

Anonyme a dit…

Hé bien, j'ai lu 99F, j'ai bien aimé ainsi que windows on the world, il m'en reste d'autres à lire alors ;-)

Cécile Qd9 a dit…

@ Cynhia : apparemment mais je n'ai pas encore lu ce que tu as écrit. Suspens...

@ Cassopée : moizossi... :o)

liliba a dit…

Eh bien si tu es si enthousiaste sur cet auteur, il faudrait que je tente de le relire un jour... J'avais lu 99F et DETESTE ! Le style, l'histoire, le personnage... et l'auteur !

Cécile Qd9 a dit…

En même temps je comprends qu'on puisse détester (surtout 99 francs qui a un côté enfant gâté provocateur pour pas grand chose) mais essaie de lire l'amour dure 3 ans pour voir.

Pair-siflage a dit…

Windows of the World vaut le coup d'être lu mais je peux comprendre le frein à la vue du sujet...
Un Roman Français est à conseiller également, une vraie merveille, un style et une plume impeccables.

mazel a dit…

bien aimé aussi, mais rien lu d'autre, le personnage m'ennuie.

Son dernier roman ne me tente pas, et pourtant,

mais bien envie de lire "Dernier inventaire avant liquidation".

Francois Martini a dit…

J'ai trouvé 99 francs excellent jusqu'au meurtre, puis à côté de la plaque ensuite. On sent trop que Beig maîtrise la com, mais pas la reprise de justice !

Aspropos, j'ai trouvé le film très moyen moyen, voire pas terrible. Si tu veux le visionner, ne l'achète pas, je te donnerai mon DVD.

Didi a dit…

Beigbeder j'aime bien ! j'ai lu seulement "l'égoïste romantique" et en attente de lire "Au secours pardon"
je lirais également 99 francs enfin 14.99 euros :-)et son dernier aussi.
J'aime l'homme un brin irrévencieux et assez sexy dans son genre ...Jouant de la pub bien sur il sait très bien le faire !

Restling a dit…

J'ai lu quasiment tout Beigbeder. En fait, je les ai tous lus sauf le dernier Un Roman français qui me répugne en raison de ce buzz stupide...
J'avais bien aimé 99 Francs, j'ai préféré L'amour dure 3 ans et L'Egoïste romantique et j'ai détesté (comme rarement je déteste un livre) Au secours Pardon.
Alors avec Beigbeder, je ne sais jamais à quoi m'attendre...

Alex-Mot-a-Mots a dit…

Je n'avais pas du tout apprécié la fin !
D'ailleurs, je me demande si je vais voir le film un jour...

Cynthia a dit…

Je n'avais pas aimé le film (d'autant qu'en plus je ne suis pas fan de Jean Dujardin...)surtout la fin qui selon moi ne pouvait être réellement comprise sans avoir lu le livre.