vendredi 3 février 2012

Coup de coeur et de coeur (vendredesque 5-2012)

Bonjour à celles et ceux qui vivent au Maroc
Bonjour à celles et ceux qui aiment y séjourner
Bonjour aux zotres

Un coup de coeur-gueule touristico-sociologico-dépaysant cette semaine qui, sachez-le, tourne 1000 fois à l'avantage du coup de coeur et même le coup de gueule possède un je-ne-sais-quoi d'intéressant finalement car il apprend quelque chose sur les zotres et, par effet miroir, sur soi.

Coup de coeur
La cuisine marocaine

Du Maroc j'aime beaucoup de choses ce qui, en soi n'est pas un exploit puisque je ne vis pas sur place mais ne fait qu'y séjourner et que je dispose d'un pouvoir d'achat qui me permet d'en profiter.

C'est un fait, les marocain(e)s sont des gens globalement adorables. C'en est un autre qu'ils mangent à la fois très bien et très mal. Très mal parce que ce n'est pas équilibré du tout (d'où l'embompoint des femmes et les carences en vitamines faisant les beaux jours des herboristes), très bien parce que c'est trooooooop vachement bon !

Qui n'a jamais senti un plat de tajine, humé une pastilla ou respiré l'odeur de miel et de fleur d'oranger gorgeant les patisseries marocaines ne sait pas à côté de quoi il/elle passe. Un séjour au Maroc c'est l'assurance d'une sensation de rétrécissement de ses vêtements.

Coup de gueule
Le rapport à l'exactitude

Il doit incontestablement y avoir un défaut de traduction de termes tels que "pareil", "pas de problèmes", "tout de suite" ou encore "c'est la même chose". Il doit également exister une différence notoire dans l'appréhension du concept de réponse à une question ou dans l'usage des mots "oui", "non" ou "je te jure". Si, en faisant du shopping dans un souk des affirmations visiblement erronées telles que "c'est le même modèle que l'autre lampe" ou "oui, je sais où trouver ce que tu cherches, bouge pas (et bois un thé) je reviens dans 2 minutes" peuvent faire partie du jeu voire faire sourire, dans le domaine professionnel ça peut désarçonner voire sembler plus agaçant.

Si vous posez une même question à 4 interlocuteurs différents, il est probable que vous obteniez 4 réponses plus ou moins différentes et il est possible que, vérification faite sur documents justificatifs (dont vous mettez un temps fou à savoir qu'ils existent, à comprendre qui peut les fournir et à réussir à les obtenir), vous vous aperceviez qu'aucune de ces versions n'est exacte.
La première tentation est de penser qu'on vous prend pour une conne...
La seconde est de penser que ce sont vos interlocuteurs/trices qui sont con(ne)s.
A la réflexion, j'ai plutôt l'impression que le fait de fournir une réponse est finalement jugé plus important que la réponse elle-même.

Il ne m'est jamais arrivé qu'on me dise "je ne sais pas". Si je demande mon chemin à quelqu'un dans le souk, il (ben oui... pas elle) sera ravi de m'accompagner, de papoter, de me dire à quel point il aime la France, mais il ne m'emmenera pas forcément là où je voulais aller. Il jugera satisfaisant de m'emmener dans un endroit similaire à celui que je cherche.

Et ça, d'un point de vue parisien, ce n'est pas possible... Si je veux aller à la patisserie machin ce n'est pas la même chose que la patisserie truc. Si j'ai vu un modèle de chaussures Sergio Rossi rouge en taille 37, je ne vais pas me contenter de n'importe quelles godasses rouges. Ni de Sergio Rossi vertes. Je veux EXACTEMENT ce que j'ai choisi ou demandé. Au Maroc c'est différent. On juge une chose ou un lieu à son utilité, à l'opportunité que l'on a d'y accéder, pas à l'envie que l'on en a. Des chaussures c'est fait pour marcher après tout.

Ca peut donner des discussions surréalistes du genre :
- tu veux manger quoi ?
- du poisson
- bon, on va chercher un resto de poisson alors.
- KFC je crois que c'est un bon endroit pour du poisson.
- Heu. Tu as déjà mangé dans un KFC ?
- Non
- Tu sais ce que ça veut dire KFC ?
- Non
- Tu sais ce qu'ils servent dans un KFC ?
- Non
- Alors pourquoi tu me dis que c'est un resto de poisson ?
- Comme ça.

Au boulot ça peut être pareil. Tu demandes un document une fois, deux fois, trois fois. Le lendemain tu recommences et on ne te le donne toujours pas malgré les "d'accord" et les "tout de suite". Tu insistes et tu finis par recevoir un mail très courtois "ci joint le document demandé ce matin (sic) avec une pièce jointe qui, quand on l'ouvre, contient autre chose que ce qu'on voulait. Alors tu retournes voir le mec avec le sourire et tu lui dis "merci pour le document que vous m'avez envoyé ce matin, c'est très intéressant (ça c'est faux) mais maintenant est-ce que je pourrais avoir aussi le document que je vous ai demandé hier et avant hier ?
Là, le mec te répond sans sourciller alors qu'il sait parfaitement qu'il y a autant de rapport entre les deux qu'entre un verre et une paille : "c'est ce que je viens de vous envoyer"
Tu gardes le sourire et tu rétorques "non, c'est une paille, moi j'avais demandé un verre".
Et là, chose hallucinante, le mec ne cherche même pas à nier qu'il avait fait l'erreur intentionnellement, il te sort un truc du genre "oui mais le verre était sale, alors j'ai donné une paille à la place". sauf qu'un verre ne sert pas qu'à boire même si c'est l'usage le plus probable qu'on peut imaginer.
"Ca m'est égal que le verre soit sale, je vais le laver. J'ai besoin du verre et je le veux le verre maintenant".

Accessoirement, j'ai mis un temps fou à obtenir 3 boites de 500 grammes de gâteaux composées chacune de 3 sortes de patisseries différentes. Au nom du terrible "c'est pareil" (sauf que non), ils ont tout essayé : 1 boite de 1kg plus une de 500 grammes, 3 boites composées chacune d'une seule sorte de patisserie, 3 boites composées de tout l'assortiments de patisseries existantes. J'ai failli pêté un cable et il a fallu que j'explique "pourquoi" je voulais ça comme ça et pas autrement avant que ma demande soit comprise et que sa prise en compte soit acceptée.

Ca me rend DINGUEUHHH.

2 commentaires:

Do Espirito a dit…

C'est juste chiant, en effet. Une plaie, même. Mais je doute que les Marocains perçoivent la nuance... Pour eux, il y a toujours une réponse à notre question, une solution à notre problème. Mais que ce soit la bonne ou pas n'a aucune espèce d'importance. Ça tourne souvent à l'insolence, vu de notre point de vue. Maintenant, est-ce culturel et pas très utile de répondre aux questions ?

Cécile Qd9 a dit…

@ Thierry : pas une seule fraction de seconde je n'ai songé qu'il pouvait s'agir d'arrogance ou d'insolence, loin de là. A mon avis, c'est juste un rapport à l'exactitude et aux attentes envers une réponse un peu différents des nôtres.