mercredi 17 novembre 2010

No et moi (de Zabou Breitman)

Bonjour à celles et ceux qui ont aimé le livre
Bonjour au formidable casting du film
Bonjour aux zotres

Les hasards de ma vie culturelle ont fait qu'alors que je n'avais pas vu un film en salle depuis des lustres, j'ai reçu coup sur coup deux d'invitations à des avant-premières.

A deux jours d'intervalle, j'ai donc eu la chance de voir deux films très différents et pourtant pleins de points communs :
- il s'agit d'adaptions de romans à succès,
- ils évoquent un changement de vie,
- je les ai énormément aimés tous les deux.

Le sujet

Il figure dans ma critique très élogieuse du roman No et Moi de Delphine de Vigan mise en ligne Le 16 août dernier. Je vous suggère de relire mon avis avant de poursuivre par mon avis sur le film.

Mon avis

Delphine de Vigan était sur la corde raide et son roman aurait très vite pu basculer dans la guimauve, l'avalanche de bons sentiments indigestes, la caricature des personnages et je ne saurais trop expliquer par quel miracle elle a conserver l'équilibre. L'adaptation cinématographique du livre était encore plus risquée tant il est vrai que l'image est encore plus démonstrative et moins nuancées que les mots.

Zabou Breitman s'est donc atelée à une tâche compliquée à de multiples égards et j'avoue que j'étais dubitative en rentrant dans la salle et, de fait, à certains détails tout au long du film, on sent bien les difficultés auxquelles elle a été confrontée et, si je devais apporter un seul bémol à cette critique positive ce serait qu'on sent parfois un manque de liant scenaristique dans son film.
La réalisatrice a, me semble-t-il, privilégié la juxtaposition de scènes fortes, toutes illustrées d'une bande originale elle-même formidable mais hétérogène (Portishead, Téléphone, Madcon, etc. : rien que des trucs que j'adore mais qui sentent la compil) plutôt que le récit d'une histoire et c'est sans doute pourquoi la voix off de Lou (qui lit des passages entiers du roman) est tellement omniprésente dans tout le début du film et pourtant, j'ai entendu Breitman dire en interview que beaucoup de voix off avait été supprimée au montage ! Qu'est-ce que ça devait être avant !!!.

Dans un livre, il est relativement facile de gérer les non-dits et d'amener progressivement à une meilleure connaissance du contexte, des personnages et de leurs fêlures et l'on sent que l'adaptation fut un casse-tête à ce niveau là.

Malgré ce léger bémol formel, je trouve que le résultat est une vraie réussite et ce film est excellent à bien des égards. Tout d'abord, il est plein de sensibilité et d'humour et séduira j'en suis convaincue, aussi bien les ados que les adultes (ce qui n'était pas forcément gagné d'avance).
Ensuite, il est globalement fidèle au roman et celles et ceux qui l'ont aimé apprécieront aussi le film. Breitman a toutefois eu l'intelligence de mettre plus l'accent que dans le livre sur le personnage du père ce qui permet d'avoir un point de vue d'adulte plus nourrie sur la problématique de l'insertion des SDF que dans le livre. Ensuite, elle a été suffisamment maligne pour traiter par une pirouette assez hilarante l'écueuil principal du livre à savoir le côté tout de même fort invraisemblable de la relation de No à Lou et à sa famille.

Enfin, et je veux terminer par ça car c'est à mon avis l'immense force du film : le casting est époustoufflant et la direction des acteurs absolument formidable.

Je ne comprends toujours pas pourquoi une actrice comme Julie Marie Parmentier (que je connais depuis "Petite" et qui mine de rien ne doit plus être si jeune même si elle a l'air d'une ado) n'est pas plus utilisée au cinéma. Elle campe une No très crédible, toute en fêlures, à la fois fragile et dure, tendre et incontrôlable mais, selon moi, ce n'est pas elle la star du film pas plus que Bernard Campan ou Zabou Breitman, excellents aussi dans leurs rôles de parents.

Non, les vrais stars du film sont Antonin Chalon (Lucas) et surtout Nina Rodriguez (Lou) qui sont tout simplement géniaux. Lui a d'ailleurs joué dans tous les films de Zabou Breitman et elle possède une fraîcheur, une candeur, un regard et une présence qui illuminent l'écran a chacune de ses apparitions. C'est une actrice exceptionnelle et elle a tout compris au personnage. Il ne s'agit pas non plus d'une inconnue pour Breitman puisqu'elle jouait sa fille dans le très bon Le premier jour du reste de ta vie (avec Jacques Gamblin). La qualité et l'impression d'authenticité qui se dégage du film reposent en large partie sur elle. Un futur César du meilleur espoir féminin... On parie ?

On sent que Zabou Breitman aime ses acteurs et elle sait indéniablement les diriger.

Quelques liens

Les livres de Véro et d'autres liens ici
Tout (ou presque) sur le film via Allociné

Conclusion

No et moi est sans doute moins marquant et profond que L'homme qui voulait vivre sa vie vu 2 jours avant (voir ici). On en retire un plaisir plus immédiat mais tout aussi réel. A voir sans hésiter.

3 commentaires:

hathaway a dit…

Je me suis acheté le livre il y a peu de temps, je vais essayer de le lire avant d'aller voir ce film, qui semble t-il récolte beaucoup d'éloges !

Lili Galipette a dit…

Zabout? ;-)
Le livre m'avait, pour le moins, agacée! Comme tu le soulignes, la relation entre No et la famille de Lou est totalement improbable et m'avait laissé une impression de farfelu.
Cela dit, j'apprécie énormément le travail de réalisatrice de Zabou Breitman. Tous les films que tu cites sont des réussites, alors pourquoi pas? Mais avant qu'un de ses films détrône dans mon coeur Se souvenir des belles choses ou L'homme de savie, il en faudra beaucoup!
Bonne journée!

juliette a dit…

Julie Marie Carpentier.. Je l'adore depuis "la vie ne me fait pas peur" (extraordinaire trop peu connu "suite" de Petites)...