Bonjour à celles qui le sont moins
Bonjour aux zotres
Dans quelques heures je mettrai en ligne ma sélection pour le challenge de lecture de mars.
Ainsi en avez-vous décidé, plutôt que Jane Austen ou Valérie Tong Cuong, en février je devais lire Le cran d'arrêt d'Emmanuèle Bernheim fascinant petit livre pour lequel je n'ai trouvé aucune autre critique sur la blogosphère.
Le 4e de couverture de Philippe Sollers
Une jeune femme a l'habitude de porter dans son sac un couteau à cran d'arrêt.Un soir, en rentrant chez elle, elle s'aperçoit qu'il est couvert de sang. Que s'est-il passé ? A-t-elle cédé à l'envie sombre qui l'habite de poignarder un homme, au hasard, dans le métro ? Là, tout à l'heure, dans la bousculade ? L'a-t-elle tué ? Simplement blessé ? Elle mène l'enquête. Qui est cet inconnu ? Qu'est-il devenu ? Le lecteur, comme elle, va de surprise en surprise. N'en disons pas plus pour ne pas gâter son plaisir. Premier roman d'Emmanuèle Bernheim, ce livre s'impose d'emblée par l'intensité de son sujet et la force rapide de son écriture. Une femme n'a sans doute jamais écrit aussi durement, implacablement, de façon si fascinante et drôle, la guerre des sexes et le trouble malentendu d'où elle vient.
Mon avis
Il y a quelques mois, j'ai lu un très mauvais livre de Tatiana de Rosnay intitulé Spirales (sorti en 2004) et, en lisant Le cran d'arrêt (datant de 1985), je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle entre les deux romans... A ceci près que là où Rosnay se plante lamentablement, Berheim réussit par je ne sais trop quel miracle à créer une atmosphère délétère et envoûtante qui nous attache au récit dans lequel j'ai retrouvé les mêmes ingrédients qui, sur le fond comme la forme m'avait fait apprécier Sa femme autre roman de l'auteure dévoré fin 2008.
Emmanuèle Bernheim s'attache aux détails, aux signes qui mieux que des explications plaquées et démonstratives, nous permettent d'imaginer d'anciennes blessures et des fêlures latentes enfouies sous les non dits de cette femme, sous l'absence de soin qu'elle porte à son apparence et à son appartement, sous l'absence de liens avec ses collègues, avec la gent masculine.
Une fois de plus Bernheim dresse avec finesse et émotion un intéressant portrait de femme angoissée, silencieuse et dépendante. Certain(e)s seront peut-être déstabilisé(e)s par les imprécisions du récit mais ils font selon moi partie intégrante de la fascination qu'il peut exercer sur celles et ceux qui creuseront entre la les mots pour imaginer à leur guise les failles des personnages... et compléter celles (volontaires) du récit.
Un extrait
Elle resta toute la journée immobile sur sa chaise, flairant parfois sur ses doigts l'odeur de leur nuit. Il fallait à tout pris qu'elle trouvât quelque chose. Il ne pouvait pas la quitter. Elle avait besoin de lui. Elle respirait l'air que ses grands gestes dégageaient, elle mangeait sa cuisine et dormait enfouie dans sa chair. Cécil était partout. Dans les coussins gonflés du canapé, dans la blancheur du lavabo, dans le sucre des fruits, dans la fraîcheur du vin, partout. Sans lui, il n'y aurait plus rien. Elle ne respirerait plus, ne mngerait plus, ne dormirait plus. Il y aurait une table vide, des coussins tout tassés, et le silence. Et puis des yaourts périmés et des cendriers pleins, des vêtements sans couleur et des talons usés, de la poussière et des doigts sans odeur. Les verres laisseraient des ronds sur la table basse et il n'y aurait plus ni sucré ni salé.
Conclusion
124 pages délicates et délectables.
2 commentaires:
Je me laisserai faire volontiers. Je note ce Cran d'arrêt pour ma prochaine visite chez le libraire (qui sera forcément dans pas longtemps, même si je ne suis pas en manque)
Si ça peut attendre le 19/03 et si tu es sage...
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