Bonjour à celles et ceux qui regardent l'émission "C'est du propre" Sur M6
Bonjour aux zaccros de l'hygiène
Bonjour à celles et ceux qui ne se lavent pas les mains après avoir pissé (j'en connais, mon bureau est en face des toilettes hommes)
Bonjour aux zotres
Semaine méchante : Jour 4/7 (parsssekeeeuuuuu)
Photo trouvée sur le site internet du journal marocain Le matin.
Ce qui frappe d'emblée à Casablanca pour peu que l'on accepte de mettre le nez en dehors des quartiers ghettos pour riches et expatriés, des hôtels chicos et des plages privées bétonnées (en fait des clubs défraîchis avec piscine, bar, resto et des tarifs évidemment inabordables pour 95 % des marocains), c'est la saleté et la puanteur omniprésentes.
Voici à quoi ressemble une des entrées de la plage côté non bétonné. En 3 semaines de fréquentation régulière de cette côte que je préférais nettement à l'autre côté de la corniche Ain Daib, le côté bétonné pour touristes, je pense honnêtement ne pas avoir croisé plus de 5 occidentaux/ales (je dirais même aucun(e) en fait). Ca a plus l'air d'une décharge que d'une plage. Il faut dire que les marocain(e)s ne semblent pas encore avoir découvert le concept de la poubelle extérieure (celui du cunilingus non plus mais c'est un autre débat qui mériterait certes qu'on se penche dessus) et ils/elle jettent sans complexe leurs déchets là où ils se trouvent.
Quant à la plage elle-même, certains coins sont de vrais champs de tessons de bouteilles. Les musulman(e)s ne sont pas sensé(e)s boire d'alcool et pourtant il ne fait aucun doute que les éclats verts entre lesquels je slaloomais avec plus ou moins de réussite étaient des canettes de bière.
Casablanca en particulier et le pays en général évoque une vaste décheterie. C'est DE-GUEU-LAS-SE ! Crade, cracra, poisseux et comme il fait chaud, ça fouette très vite. Lors de mon trajet en train entre Casablanca et Fès, je n'avais pas assez d'yeux pour m'affliger de la saleté invraisemblable des taudis aux abords des villes. Au début du XXIe siècle, à 3 heures de Paris, comment peut-on encore tolérer qu'autant de personnes vivent dans de telles conditions d'indigence et d'abandon, sous des bâches en plastique et derrière des taules ondulées frappées par un soleil de plomb ? Personne ne mérite de vivre comme ça.
Même la campagne est sale. Les champs sont jonchés de sacs en plastique. Il faut dire que si un(e) marocain(e) achète une canette de coca, il/elle demande un sac en plastique pour la transporter ! Je ne sais pas ce que les marocain(e)s ont avec le plastique mais ils/elles adorent ça au delà du ridicule (ch'sais pas, ça doit faire "moderne" ?), le surconsomment et, comme le reste, le jettent n'importe où ensuite. A l'heure où on tente de réduire les emballages chez nous et où l'on décide de ne plus distribuer de sacs dans les supermarchés (bravo !), ils envahissent le paysage au Maroc. Il faut dire aussi que les décharges à ciel ouvert abondent et le moindre coup de vent disperse tout ce qui vole aux alentours. On retrouve donc des sacs en plastique usagés partout ! Ca m'avait déjà frappée il y a 10 ans entre Marrakech et Essaouira.
Voici à quoi ressemble les abords de l'exposition photo "La terre vue du Ciel" de Yann Arthus Bertrand dans un quartier pourtant commerçant, administratif et d'affaire. Exposition devant laquelle les visiteurs/ses sont d'ailleurs assez rares et plutôt indifférents. Mais qu'est-ce que tu en as à foutre du sort de la banquise et des espèces menacées quand tu as 20 dirhams en poche (moins de 2 euros) et que tu ne sais pas quel sera le tien le lendemain ? Ils/elles ne se rendent même pas compte que le désert avance alors évidemment que la forêt amazonienne recule et que le niveau du lac Powell baisse en Arizona (ça se voit à l'oeil nu), c'est le cadet de leur souci et ça se comprend.
Alors oui, je suis énervée. Tant d'abandon, tant d'ignorance, tant de passivité, tant d'absence évidente de mesures pour lutter efficacement contre la pauvreté endémique dont cette saleté n'est qu'un des signes manifestes et "photogéniques" (sic. sachez que des photos comme ça j'aurais pu en prendre des dizaines par jour), ça me fout en rogne, ça me révolte, ça me rend triste d'impuissance.
A Casablanca, j'ai eu le cafard et j'en ai vu beaucoup aussi. Des énormes qui pullulaient sur les trottoirs dès que la nuit tombait et entre lesquels il fallait habilement slaloomer (surtout en cas de port de nus-pieds !) comme dans un jeu video ! Mais le double avantage par rapport aux cafars de New York (aussi nombreux mas plu petits) c'est d'une part qu'ils sont plus faciles à écrabouiller et d'autre part qu'ils restent dehors (de toute façon il n'y a rien à bouffer dans les cuisines et tant de déchets dans les rues).
Bizarrement, je n'ai pas vu de rats (juste un mais sortant d'un garage sur les remparts et même pas gros). Quand je dis bizarrement, c'est une façon de parler car il y a des chats partout. Ils sont en sale état, maigres et pleins de vermines quand il ne leur manque pas un oeil ou une patte mais au moins ils chassent les rongeurs.
En fait, le seul endroit propre à Casablanca, c'est la blanche et verte Mosquée Hassan II (mais même là j'ai vu trainer des sacs en plastique !). Il faut dire que vu le fric monstrueux que cet édifice a coûté à chaque habitant(e), ils/elles auraient vraiment tort de ne pas y faire un minimum attention. Ces dépenses monumentales (c'est le cas de le dire) furent incontestablement un frein au développement du pays qui avait certainement plus besoin de financer la scolarisation des enfants ou d'assainir son réseau de distribution des eaux... J'imagine qu'on ne dépensait pas nos impôts plus intelligemment en France au temps des cathédrales... Mais bon, ça date de quelques siècles tout de même !
La ville de Fès est incontestablement beaucoup plus propre que Casablanca, pourtant, quand on se penche un peu d'une terrasse ou par dessus une rembarde, on se dit qu'il reste malgré tout des progrès à faire... On soupire sur les ponds mais on n'est visiblement pas à Venise !
Par pitié, si vous allez au Club Med au Maroc (environ 1.500 euros par personne la semaine hors saison vol non compris : foutage de gueule intégral) ou si vous séjournez dans un hôtel 5* ou un Ryad féerique, SORTEZ de votre cocon doré et allez vous balader là où vous ne croiserez pas de touristes. Merci pour les quelques 20 % de marocain(e)s qui vivent en dessous du seuil de pauvreté (% qui est en progression depuis quelques années).
Je ne compte pas les exemples d'images impensables et révoltantes que j'ai vues pendant mon séjour au Maroc. Je n'en citerai qu'une. Sur un torchon à carreaux, un homme a improvisé un étal de marché et vend des objets hétéroclites, parfois rouillés, souvent sales et usés. Parmis eux, une vieille chaussure de ville éculée. Je dis bien une seule. Comme dit ma mère à qui j'ai raconté cette "anecdote" (re-sic) à mon retour : "Ohhhhh ! Ils en sont encore là ? Je ne pensais pas tout de même". J'avoue que moi non plus.
Je me suis pris l'indigence des marocain(e)s (et leur profonde gentillesse aussi) en pleine gueule et je ne m'en remets pas. Contrairement à Charles Aznavour dans "Emmenez-moi", je ne pense pas que la misère est moins dure au soleil. Au contraire. Ici nous avons la sécurité sociale, la CMU, le RMI, les assistantes sociales, les resto du coeur, Emmaus, etc. et surtout la démocratie, la liberté d'expression et la laïcité.
Quelques liens sur la pauvreté au Maroc
Analyse et interview ici
Une étude de mai 2005 pour l'université de Montréal ici
Un article passionnant décembre qui commente une étude de la Banque Mondiale ici qui estime à 25% le taux de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté et précise que beaucoup plus sont économiquement vulnérables.
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5 commentaires:
Ta note sonne juste, colère, indignation, révolte aussi. Le Marco est un pays qui ne progresse pas. Tu revois dix ans après les mêmes choses, les trottoirs pourris, les immondices partout, les pauvres de plus en plus pauvres. Pour être honnête, il faudrait aussi évoquer la mendicité (une vraie plaie quand tu promenais avant dans les rues, harcelé tous les deux mètres). Je ne sais pas si cela a changé.
Concernant Artus Bertrand, je me souviens de photos de tanneries vues du ciel, super jolies. Ne manquait juste que l'odeur, absolument épouvantable à ras de terre.
Bon, je n'ai pas de solution, je pense que nous avons notre part de responsabilité, même sans le savoir. Mais la manière avec laquelle ce pays est gouverné est assez consternante.
Beau billet : on ne voit plus qu'un seul visage du Maroc, celui que l'industrie du tourisme veut bien nous montrer : des petits ryads de charme aux ryads de luxe : rien que du bonheur pour les nantis que nous sommes..... encore une fois un billet vraiment interessant
@ TdE : la mendicité est avant tout une plaie pour celles et ceux qui sont obligé(e)s de mendier... Il y a beaucoup de mendiant(e)s en effet mais j'étais avec un marocain et donc moins une cible je pense.
Quant à l'odeur des tanneries (que j'ai visitées à Fès après l'avoir fait à Marrakech il y a longtemps), je la supporte d'autant mieux que je sais que je ne la subis que 20 minutes contrairement aux mecs qui sont dans les cuves qui en sont imprégnés toute leur vie
@ Miss Zen : merci. Je ne renie pas mon plaisir à "profiter" de ce luxe bon marché mais je pense qu'il est bon d'avoir un minimum conscience de l'envers du décor
A Casa, mais aussi dans tous les pays d'Afrique du Nord ou même d'Afrique tout court. Idem pour la Grêce, la Turquie et ... nos jolies banlieues des grandes villes françaises...
@ Liliba : oui et non... tout est question de degré... Je t'assure que Casa est TRES sale.
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