mercredi 27 mai 2009

O.N.G. ! (de Iegor Gran)

Bonjour aux bénévoles
Bonjour aux humanitaires
Bonjour aux associatifs/ves
Bonjour aux caritatifs/ves
Bonjour aux zotres

Le livre de Iegor Gran fait partie des deux romans que vous avez choisi de me faire lire en mai avec Hors Jeu de Bertrand Guillot. Autant j'ai aimé le 2e, autant j'étais moins enthousiaste après avoir refermé
O.N.G. !

Le sujet

La Foulée Verte et Enfance et Partage sont deux associations humanitaires, des ONG, qui partagent le même immeuble et se détestent d'emblée viscéralement au point de se livrer une guerre aussi fratricide que totale racontée a posteriori par Julien, un des protagonistes à la fois bénévole à la Foulée Verte et mentalement attardé.

Mon avis

J'ai adoré le thème du livre dès que j'en ai entendu parler à sa sortie. J'ai aimé les pointes d'humour décalé et les deux fils rouges sur les thèmes "envie de clope" et "non je ne suis pas un sale pervers phallocrate" à base de lutte héroïque contre la tentation d'une part et de précisions faussement politiquement correctes d'autre part. Ca c'est excellent. Mais à part ça ?

Je suis moins convaincue par son traitement du sujet et par certains parti-pris formels de l'auteur, notamment lexicaux. J'ai rapidement été agacée par les détournements de mots que je trouve complètement inutiles et artificiels. Bien devient bio, une cigarette est un cow-boy, paternel et maternelle sont respectivement mon père et ma mère, pétrole remplace noir, etc. Ces tics de vocabulaire n'apportent rien et ne sont pas assez systématisés pour devenir crédibles, cohérents. Quant aux pseudo bégayements incompréhensibles de Julien, ils sont assez ridicules et deviennent vite lassants.

De fait, je ne suis pas certaine que le fait que Julien soit vaguement attardé mental (même si on n'en est pas très sûr au début, c'est l'impression qui ressort et se confirme plus ou moins au fil des pages) soit un choix judicieux. C'est tout au moins un bon truc que s'autorise l'auteur et qui lui évite certaines explications et tout souci de vraisemblance (feignasse va ! ;o) ). On ne sait plus si l'absurde est dû à la situation narrée ou au conteur et cette facilité est à mon avis dommageable au texte, elle afaiblie le propos. Quand on choisit la voie de la caricature mordante et de l'absurde politiquement incorrect, autant y aller à fond et pas se ménager des portes de sortie simplificatrices.

Je regrette donc la superficialité du propos. Avec un peu plus de travail sur le fond et la forme Iegor Gran aurait pu faire un livre vraiment mordant et féroce mais là il se contente d'effleurer un peu mollement son sujet.

Quelques extraits

J'avais les yeux tellement baissés qu'il me semblait voir ma pomme d'Adam. (P.37)

Les animaux qui se sont habitués à la compagnie des hommes ne méritent que le mépris. Les chats particulièrement, quand on songe à ce que la société dépense comme énergie à fabriquer leurs croquettes, litières et colliers antipuces, rapportée à leur utilité. On n'a jamais vu un chat guide d'aveugle. Loin de moi l'idée de soutenir les vaccins, mais ils n'ont pas tort quand ils disent qu'un chat de race, dans une ville comme Paris ou Londres, mange plus qu'un enfant brunâtre du Bangladesh. (P.50/51)

Josas et Saint-Cyr, de leurs voix viriles, entraînées à hurler contre les forces de police, faisaient sursauter le papier peint. (P.60)

Son regard, plus humble que celui d'un prêtre qui tente une main dans le short de l'enfant de choeur, indiquait la subordination absolue. (P.134)

Quelques liens

J'ai trouvé peu de liens intéressants évoquant ce livre sur Google.
Sur Pingui une critique peu enthousiaste avec laquelle je suis assez d'accord
Chez Petite Pom on trouve le livre plaisant mais plat
Zazieweb est plus enthousiaste mais se livre hélas au spoiler !!! (argh)
Infos Wikipedia : ONG a obtenu le Grand Prix de l'humour noir 2003. Iegor Gran s'est essayé à la littérature sous contrainte en 2006 avec Les Trois Vies de Lucie qui conte trois histoires différentes selon que l'on lit tout le texte, la page de gauche uniquement ou seulement celle de droite. Intéressant.

Conclusion

Un livre bien trop léger sur une idée pourtant excellente qui aurait mérité plus d'engagement (humanitaire ?) et de force (guerrière ?) de la part de l'auteur.

4 commentaires:

Antoine a dit…

J'aime bien le 2e extrait que tu donnes... mais de là à lire le livre... ;)

Daniel Fattore a dit…

J'ai aussi eu une impression bizarre par rapport au style de ce livre, même si le sujet est excellent...

Pimprenelle a dit…

Je ne suis pas tentée, je passe mon tour!

Cécile Qd9 a dit…

@ Antoine : moi aussi j'aime bien cet extrait (cela dit, sauf avis contraire, j'aime bien tous les extraits que je cite)

@ Daniel : surtout que c'est assez ponctuel et incohérent... Pas une réussite quoi... N'est pas Ajar ou O Toole ou Japrisot qui veut pour être capable d'inventer une façon de s'exprimer cohérente et crédible sur la durée

@ Pimprenelle : tu as raison