dimanche 17 mai 2009

Mon goûter à moi (ou presque)

Bonjour à Emery
Bonjour aux zaccros du goûter
Bonjour aux zotres


J'ai rédigé ce qui suit pour le blog
Le goûter où je vous engage à découvrir les souvenirs salés sucrés et toujours gourmands d'un certain nombre de bloggers. Peut-être aurez-vous envie de les vôtres dans la foulée (ou de vous faire une tartine...).


Dis papa, les rillettes, c’est un fruit ou un légume ?

Ne vous méprenez pas, loin de moi l’idée de faire pleurer dans les chaumières (j’ai bien compris que ce blog était positionné nostalgico-sympathico-régressivo-parisianno-tendresse) mais il faut que vous sachiez deux choses fondamentales à mon sujet afin de bien comprendre ce qui va suivre :
1 – je suis née au Mans,
2 – mon père était boucher charcutier.

Ceci plus cela explique largement qu’enfant j’étais déjà pas mal dans le pâté et que j’ai vécu mes premières années entourée de beaucoup d’andouilles, d’authentiques têtes de lard et de saucisses diverses (ça ne s’est guère arrangé depuis cela dit). Surtout, toute petite déjà, je poussais des wagonnets au fond des mines de rillettes sarthoises, l’équivalent local du diamant brut, notre ressource naturelle à nous, notre matière première, notre or noir, notre pépite, notre richesse, que dis-je notre gloire.

Mes goûters ressemblaient donc à nos paysages verts et vallonnés : des montagnes de rillettes au goût subtilement rehaussé de brins de ciboulette, de persil ciselé ou de quelques cornichons vinaigrés. Cela offrait des variantes quasi infinies encore démultipliées par le choix du pain (baguette, ficelle, boule de campagne) et par celui de son utilisation (tranches fines ou épaisses, dans la longueur ou la largeur, etc.). J’arrête là l’inventaire car j’ai déjà le vertige et je crois que vous avez saisi l’idée.

En Sarthe on appelle ça une « beurrrrrée d’rrrrrils » (oui, je suis parfaitement bilingue) mais sur la carte d’un établissement chic parisien ça se traduirait certainement par « délice porcin sur lit céréalier et sa verdure craquante ». Enfin, en admettant que les établissements chics parisiens aient l’idée décalée de servir des rillettes mais c’est un autre débat qui nous conduirait à évoquer la chute vertigineuse de nos exportations et la difficulté que nous avons à faire apprécier à sa juste valeur la finesse de notre culture gastronomique et ce malgré un lobbying redoutable qui a conduit l’un de nos ressortissants jusqu’à Matignon… mais le monsieur est plus féru de course automobile que de charcuterie… Notre drame vient de là. Enfin je crois.

Mais revenons à notre sujet. Je n’ai découvert les laitages, chocolats liquides et solides, confitures et autres douceurs gorgées de sucre plus ou moins rapides que lorsque je suis montée à la capitale munie d’un bac C (comme cochon) conquis de haute lutte. Un univers gustatif inconnu s’est alors ouvert à mes papilles curieuses qui jusqu’alors n’avaient été titillées que de cochonneries salées.

A l’âge où certains ado à problèmes se vautrent dans la débauche, plongent dans l’herbe ou le nez dans la farine, moi j’ai piqué ma crise en me gavant de fromage et de dessert, je me suis révoltée par le Selles sur Cher et le macaron, j’ai pratiqué les 24h du manger de B.N. fraise assaisonné de Yop Vanille, je me suis levée pour Danette, j’ai tendu l’oreille au cri des Corn Flakes noyés dans un tourbillon de lait et j’ai donné un sens à ma vie en cherchant à comprendre pourquoi la Vache qui rit rit (j’ai toute la collection des autocollants Astérix, en réfléchissant bien je dois même posséder certaines vignettes en double).

J’ai été bien punie de mes égarements. En me coupant de mes racines, j’ai perturbé mon équilibre biologique, mon métabolisme 100% 72. J’ai perdu mon âme et mon tour de taille à force de spéculoos et de tartes aux pommes, de munster coulant et de caramels mous. J’ai grossie shootée à la charlotte et aux Choco Pops, je me suis épaissie à chaque cuillère de crème renversée, brulée, catalane, glacées, aux oeufs ou de gruyère mais toujours perfidement délicieuse et calorique. J'ai stocké toutes les graisses végétales que j'ai englouties et, je crois, celles que j'ai regardées également.

Jamais mes saintes rillettes ne m’auraient joué un tel tour de cochon !

5 commentaires:

TdE a dit…

Excellent : la note, ton style, les rillettes, enfin tout, quoi. J'ai habité à Tours, où les rillettes sont bien entendu différentes. Manceaux et Tourangeaux sont à couteaux tirés là dessus. Quand Tours et Le Mans se rencontrent au basket, on appelle ça le derby des rillettes.
Bon, je vais prendre mon petit déj, tiens, ça m'a donné fin, ton histoire.

ficelle a dit…

J'aime bien le passage exalté "je me suis levée pour danette…etc". (tu pourras le sélectionner pour ta semaine bloggesque)
Bon billet du matin !
(pour moi c'est le matin)

orchidee a dit…

excellentissime : OUI -comme ficelle- je pense que ceci est à mettre dans le compte rendu de ta semaine bloguesque !

Cécile Qd9 a dit…

@ Mister TdE : je vais peut-être me lancer dans le lobbying pro-rillettes

@ Ficelle : of course ;o)

@ Orchidée : vos désirs sont des ordres

Unknown a dit…

on sent beaucoup de dynamisme, de vie, de talent enfin dans votre style enjoué, c'est si rafraîchissant!