vendredi 22 mai 2009

Le Cid de Corneille (au théâtre Sylvia Monfort)

Bonjour à Chimène
Bonjour à Rodrigue
Bonjour aux zotres


Site du théâtre
ici

Extrait et une présentation video de la pièce ici (hélas trop courte et morcelée)
Texte intégral de la pièce disponible ici

Critique élogieuse ici

Samedi dernier je suis allée voir Le Cid au théâtre Sylvia Monfort afin de revoir sur scène Nicolas Martinez que j'avais trouvé excellent dans
Les abimés et surtout un merveilleux spectacle au Lucernaire regroupant deux courtes farces de Molière.

Mais ce n'était pas le seul comédien que j'avais déjà vu sur scène. Bénédicte Budan parfaite dans le rôle de l'infante et signe la mise en scène jouait également dans les abimés et dans le très drôle Lifting de Madame Chouraqui qu'elle mettait aussi en scène (voir
ici). Cette pièce était co-signée et également interprétée par Camille Cottin qui campe dans le Cid une excellente Chimène.

Le sujet

Chimène aime Rodrigue qui aime Chimène. Jusque là tout va bien sauf que le père de l'une giffle le père de l'autre qui demande à son fils de laver son honneur en provoquant le père de sa dulcinée en duel. En gros il a le choix entre se faire tuer ou tuer le père de sa bien aimée et ainsi ruiner leur amour.

La mise en scène

Sur scène, une immense tente entourée de voilures et surmontée d'une couronne. Ce décor est superbe et constitue l'élément essentiel de la mise en scène de Bénédicte Budan. Les personnages s'y perchent, y surgissent comme d'un théâtre de marionettes géant et ce parti pris de mise en scène certes original n'est pas sans inconvénients. Tout d'abord il semble un peu gratuit et participe plus d'un exercice de style (qu'il est sans doute valorisant de tenter pour une jeune femme imaginative) que d'une réelle volonté de servir le texte et surtout l'action tant il est vrai que percher un acteur à 3 mètres dans un trou de tissus peut sans doute constituer une première décalée par rapport aux versions antérieures de la pièce mais réduit considérablement les possibilités de mouvements de celles et ceux soumis à cette gymnastique vertigineuse. Et cela se ressent sur le rythme de la pièce, surtout au début mais au fil du temps, les personnages se détachent un peu de ce décor et le jeu gagne en naturel, le phrasé en fluidité, et le spectacle en dynamisme. Tant mieux.

La distribution

Les costumes féminins sont superbes. Les hommes sont moins gâtés. Rodrigue est particulièrement peu à son avantage dans un habit trop grand pour lui et peut-être ce détail vestimentaire est-il une parfaite métaphore de la dimension du personnage qui semble totalement écraser Nicolas Martinez. Autant il m'avait bluffée dans les deux pièces citées en introduction, autant je l'ai trouvée affligeant dans Le Cid. Il était gauche, hésitant, nasillard (pourquoi transformer sa voix et adopter ce ton geignard et ce rythme faux en permanence ?). Le tout produisait un effet pseudo-comique assez pathétique et que cela soit volontaire ou non, cela me semble à l'opposé total de ce que doit être un Rodrigue certes torturé entre l'amour et le devoir filial mais résolu, sûr de lui, fier et douloureux.

Comme à mon habitude, j'ai observé le public autant que la scène et les sourires et commentaires perçus autour de moi étaient tout sauf bienveillants. A la décharge de Nicolas, je dois préciser qu'il reprenait le rôle pour deux représentations seulement et que toutes les autres sont jouées par Antoine Cegarra. Ce n'est certainement pas évident de jouer un tel rôle dans ces conditions.

Le reste de la distribution est parfaite. Chimène est fière et passionnée, l'infante effacée, les pères assez odieux dans le genre avec leur honneur à la noix cause de toutes les peines (mais sans lequel il n'y aurait pas de pièce). Une mention spéciale à Bruno Ouzeau épatant dans le rôle du roi et le seul personnage qui s'en sort à merveille dans toutes ses scènes statiques et perchées. Sans mauvais jeu de mots, on peut dire qu'il domine parfaitement la situation.

Infos pratiques
Attention : sauf prolongations, il ne reste que deux représentations
Le Cid de Pierre Corneille
Jusqu'au 23 mai au théatre Sylvia Monfort
106 rue Brancion (parc Georges Brassens)
75015 Paris (métro Convention)
20h30 ou 19h00 o 16h00 selon les jours

Conclusion

La pièce est belle, le thème passionnant et le texte magnifique. J'ai passé une excellente soirée malgré les quelques défauts évoqués plus haut. J'ai presque envie de retourner voir la pièce ce week-end pour voir ce qu'elle donne avec le Rodrigue habituel et j'ai hâte de revoir Nicolas Martinez plus en forme dans un autre rôle.

2 commentaires:

liliba a dit…

Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées
La valeur n'attend point le nombre des années.

Ô rage ! ô désespoir ! ô viellesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?

Quelques souvenirs, donc... J'adore cette pièce que j'ai vu plusieurs fois, il y a des années-lumière... mais je préfère encore mieux Phèdre (de Racine).

Cécile Qd9 a dit…

Je crois que je suis plus cornelienne qu'enracinée en fait... Quant au Cid, il est vrai que la pièce est truffée d'un nombre incroyable de références comme "l'amour n'est qu'un plaisir l'honneur est un devoir" que je détournerais volontiers en "L'amour est un plaisir, l'honneur n'est qu'un devoir"... ;o)