Le milieu (de la fin)

Bonjour aux coupeurs/ses de cheveux en quatre
Bonjour aux arracheurs/ses de poils
Bonjour aux capilotracteurs/ses et pilosophobes de tous poils
Bonjour à Frida Kahlo (photographiée par Nicolas Muray en 1944)
Bonjour aux zotres

Vendredi dernier, j'ai mis en ligne "Le début de la fin".
Vendredi prochain, je mettrai en ligne "La fin de la fin".

C'était la deuxième fois de ma vie que je me faisais épiler les sourcils. La première fois c'était quelques semaines ou quelques mois plus tôt (le temps pousse... heu... passe tellement vite). J'avais pris rendez-vous chez une esthéticienne pour un nettoyage de peau et mue d'une inspiration soudaine et masochiste, je lui avais demandé si, pendant qu'on y était, elle n'aurait pas, par hasard, le temps de m'épiler les jambes et les sourcils...

Jusqu'à présent, j'étais restée scrupuleusement fidèle à mon rasoir bic et jamais mes mollets n'avaient connu le supplice de la cire chaude, expérience aussi traumatisante pour mes sens que pour ma peau (qui a mis environ 2 mois à s'en remettre en passant par toutes sortes de stigmates inesthétiques, d'effets secondaires douloureux, de réactions urticantes) qui mériterait à elle seule un bla-bla vengeur et circonstancié et que je me suis bien juré de ne jamais renouveler. La personne qui a eu un jour l'idée de ce procédé d'épilation aussi sadique que peu efficace est un(e) grave psychopathe à boucler sous camisole chimique.

Pour les sourcils c'est un peu différent. Déjà, c'est moins voire très peu douloureux. Ensuite, vu que je n'ai pas la pilosité faciale d'un yéti, c'est assez rapide. Bref, c'est très supportable pendant mais ça l'est parfois nettement moins après selon le résultat obtenu.

La première fois donc, ce fut CA-TAS-TRO-PHI-QUE. J'avais bien spécifié à ma tortionnaire que je voulais que le résultat paraisse assez naturel, que je voulais juste qu'elle enlève un peu de poils ici et puis là aussi, juste pour redessiner la courbe de mes sourcils un peu comme ceux d'Eva Longoria (après maquillage) même si je me serais parfaitement contentée de la version Claudia Cardinale dans il était une fois dans l'ouest. Vous voyez, je laisse des options, je ne suis pas la cliente emmerdante... Sauf que j'ai mal dû me faire comprendre car, lorsque j'ai enfin pu contempler le résultat dans le miroir, deux choses m'ont sauté aux yeux (enfin 4 si on compte mes sourcils) :

- avec mes paupières artificiellement dégarnies, je me faisais surtout penser à la grande Zaza de chez Michou sortant de scène,
- entre l'option Eva et l'option Claudia, la manieuse de cire avait préféré ne pas choisir et j'avais un sourcil en forme de tiret et l'autre rappelant nettement un accent circonflexe ce qui donnait à mon regard un étrange côté oblique. Comme ça : " ^ - " ou comme ça " - ^ " je ne sais plus trop...

Vous comprendrez donc que même si la communication passait super bien entre ma nouvelle copine polyglotte et moi, j'étais un peu inquiète quant à la traduction dépoilante de mes directives même si je répétais :
- je veux que ça reste naturel.
- si, si, natourèlle.
- oui, naturel.
- si, si, youste ouné pétitepeu.
voilà, naturel.

J'ai crains un moment qu'elle ne trouve que je manquais de vocabulaire mais j'ai fini par m'allonger, me détendre, rassurée par la douceur de ses mains et la lenteur de ses gestes (rien à voir avec le petit bulldozer décérébré qui m'avait arraché les 3/4 du derme des mollets la fois précédente).

Après quelques minutes d'arrachage, de crémage, de massage des tempes (si !), de vérifiage et de correctionnages divers (c'est ça qui me rendait nerveuse car je ne pouvais m'empêcher de songer à la fatalité qui consiste à se recouper du pain parce qu'on a encore du fromage dans son assiette puis à reprendre du fromage parce qu'il nous reste du pain, etc. et là j'imaginais mes sourcils disparaître peu à peu pour que le gauche ressemble au droit et inversement et ainsi de suite jusqu'à leur disparition totale), j'ai vu se dessiner un sourire satisfait sur le visage de ma masseus faciale et j'ai entendu un tonitruant "Giuly !".

Giuly ? Ludovic Giuly ? Mais pourquoi elle me parle de l'attaquant du PSG maintenant ? Et tout à coup je pige qu'elle me dit que je suis très jolie. Ah oui ! Bien sûr ! Ch'suis bête moi parfois.

à suivre...