Bonjour aux maudit(e)s
Bonjour aux zotres
Lundi dernier, ma meilleure amie fêtait son premier anniversaire de mariage. Mais si, souvenez-vous, l'an passé à la même époque, j'immortalisais l'occasion ici même avec moult clichés de flutes de champagne et un inoubliable portrait de moooooooaaa de profil surmontée d'un sublissime chapeau rouge.
Pour l'occasion, j'avais promis de jouer les nounous auprès de leur fille pendant que Maman et Papa fêteraient dignement l'occasion en tête à tête au restaurant. Ce que je fis.
La soirée s'est très bien passée. La mini Miss (15 mois) et moi-même (43 ans le 9 octobre*) étions sur la même longueur d'ondes. Nous avons parlé chaussures, grimpage puis descente de canapé, collage d'Enzo (un ours en peluche en combinaison et casquette Ferrari surmonté d'une ventouse) sur et sous la table, 3 petits cochons (là dessus je suis incollable), etc. On avait tant à se raconter que le moment du dodo fut décalé et un peu long à gérer mais globalement exempt de protestations lacrimales.
Là où ma soirée a basculé dans l'horreur la plus totale, c'est lorsque seule éveillée, j'ai voulu regarder Grey's Anatomy en sirotant un café. J'étais déjà fébrile en songeant que j'allais mater mon docteur mamour préféré en trempant mes lèvres dans le breuvage préféré de mon George préféré aussi mais le sort, le destin, la fatalité en ont décidé autrement et j'ai compris, à ce moment précis, que je n'avais aucune chance avec Mister Clooney tant il est vrai que j'ai été infoutue de me faire un Nespresso. J'avais beau introduire la capsule avec tout le soin désiré, abaisser tous les leviers à ma portée, appuyer sur tous les boutons visibles, récidiver patiemment en redressant avec délicatesse la capsule cabossée... rien, nada, que dalle, zéro pointé. Je suis Nespressément inapte, impotente, nulle, recalée à jamais pour le casting What Else mon amour ? (soupirs).
Depuis février je suis en mission dans une grande banque française de dimension mondiale voire internationale et je me désespère (stoïquement, je sais me tenir) devant le peu d'attrait du casting masculin. Enfin quand je dis je désespère, c'est faux. Je devrais dire je désespérais et c'est bien la fin de mon désespoir initial qui est la cause de celui, plus vif encore, que j'éprouve aujourd'hui même, dernier jour de ma mission en ces lieux bancaires et réputés.
Imaginez-vous qu'il y a deux ou trois semaines (quand on aime on ne compte pas) un nouveau consultant est apparu dans le paysage, un Adonis en moins grec, un mec ressemblant à mon idéal masculin mais en mieux puisque réel, présent, proche à le toucher (avec les yeux et l'imagination tout au moins), une bombe absolue avec un je-ne-sais-quoi de lunaire et (faussement) timide. Un grand, brun au regard sombre (mais gentil), mat, émacié, jeune (trop ?), presque maigre à force d'être mince, habillé avec une classe et un goût évidents qui décuplent mon envie de le dévêtir et de jeter à terre et en désordre ses cravates de soie, ses chemises de coton peigné, ses vestes anthracites. Lorsqu'il sourit (ce qu'il fait souvent), il a des petites faussettes là et là qui me donnent envie de passer le doigt exactement au même endroit, de caresser ces ridules expressives au coin des yeux et des lèvres avant d'embrasser ces dernières avec toute la fougue qu'elles méritent et tout le désir que leur simple évocation suscite. Bon, je crois que vous saisissez l'idée générale : cet homme me plaît.
Certes, il me fut présenté à son arrivé par la consultante qu'il remplaçait mais grosso modo, à part quelques bonjours/bonsoirs en passant devant son bureau, quelques modifications de mes trajets pour multiplier les occasions d'emprunter un certain couloir, l'accroissement sensible de ma consommation quotidienne de thé et de café pour les mêmes raisons, nos rapports sont restés désespérément superficiels, épisodiques, distants pour ne pas dire indigents.
La situation est donc loin d'être idyllique dans l'absolu et totalement insatisfaisante à mon goût en particulier. Mais que faire ? Je ne bosse absolument pas en direct avec lui et je n'ai donc aucune raison de m'adresser à lui, il a l'air très sympa et j'aurais éventuellement pu déployer toute l'imagination dont je suis capable pour engager la conversation, papoter de tout et rien mais un autre consultant (charmant certes mais bon) squatte le bureau face au sien qui, de plus, est orienté de telle façon qu'il tourne à moitié le dos à la porte quand il bosse. Mais de temps à autres, quand il entend des pas (les miens mais je suis lucide, ceux des zotres aussi sans doute), il se retourne et c'est l'extase financière, le nirvana bancaire, le top consulting. Il est beau à tomber par terre et je souris bêtement. Je me sens vibrante comme une mouche face à un Saint Nectaire en plein soleil, rosissante comme Obélix devant Falbala (les nattes et quelques kilos en moins), hélas muette et hermétique comme un tombeau étrusque en pleine montagne turque.
Face à lui ma voix change, ma respiration s'accélère, mes gestes ralentissent, se font automatiquement plus félins, mes yeux fuient et insistent en alternance et je ne peux m'empêcher de me tripoter les cheveux, de pencher la tête, de lancer tous ces signes de trouble qu'un aveugle décrypterait à 800 mètres. Si j'avais un panneau sonore et clignotant sur le front mentionnant "toi je te veux" ça ne serait pas pire (ou mieux selon le point de vue).
Aujourd'hui, notre absence notre (absence de) relation a pris un tournant tardif et donc cruel mais tout à fait attendu et pas du tout hasardeux de ma part... je suis comme ça moi, velléitaire en diable, peu combattive et manquant terriblement d'ambition sauf quand un mâle est en jeu : là je lutte jusqu'au bout de l'extrémité de la fin du dernier lambeau de bribe de potentialité éventuelle d'ombre de chance, jusqu'à la veste XXL doublée pour l'hiver parfois mais, je crois, jamais jusqu'au ridicule. Je crois.
Pour fêter dignement la fin de ma mission, j'avais apporté moult viennoiseries pour le matin (je serais parfaite en organisatrices de petits-déj mondains) et une bouteille de champagne pour l'apéritif. J'ai pris le soin de glisser quelques cartes de visite dans ma poche et je suis innocemment allée prévenir le duo de consultants de la double aubaine. Je leur ai ensuite proposé un café.
Et là, MIRACLE : le gêneur a décliné mon invitation et ma sublime target l'a acceptée. Je ne peux pas croire que ce type ne sait pas qu'il me fait craquer tant il est vrai que même muette je sais être transparente voire explicite et s'il lui restait un doute, je pense qu'il est désormais levé. Je lui ai fait mon sourire 29 bis, mon regard Lauren Bacall du 3e millénaire, je lui ai filé ma carte (je n'ai évidemment aucune illusion sur le fait qu'il ne m'appellera jamais), etc.
Entre deux banalités, j'ai appris qu'il avait bossé dans un cabinet d'audit il y a 6 ans... J'ai immédiatement activé ma calculatrice mentale et j'en ai déduit qu'il avait vraisemblablement passé le cap de la trentaine (il fait moins mais en tout état de cause, voila qui balaie une légère objection : il n'est pas trop jeune).
Certes, il me fut présenté à son arrivé par la consultante qu'il remplaçait mais grosso modo, à part quelques bonjours/bonsoirs en passant devant son bureau, quelques modifications de mes trajets pour multiplier les occasions d'emprunter un certain couloir, l'accroissement sensible de ma consommation quotidienne de thé et de café pour les mêmes raisons, nos rapports sont restés désespérément superficiels, épisodiques, distants pour ne pas dire indigents.
La situation est donc loin d'être idyllique dans l'absolu et totalement insatisfaisante à mon goût en particulier. Mais que faire ? Je ne bosse absolument pas en direct avec lui et je n'ai donc aucune raison de m'adresser à lui, il a l'air très sympa et j'aurais éventuellement pu déployer toute l'imagination dont je suis capable pour engager la conversation, papoter de tout et rien mais un autre consultant (charmant certes mais bon) squatte le bureau face au sien qui, de plus, est orienté de telle façon qu'il tourne à moitié le dos à la porte quand il bosse. Mais de temps à autres, quand il entend des pas (les miens mais je suis lucide, ceux des zotres aussi sans doute), il se retourne et c'est l'extase financière, le nirvana bancaire, le top consulting. Il est beau à tomber par terre et je souris bêtement. Je me sens vibrante comme une mouche face à un Saint Nectaire en plein soleil, rosissante comme Obélix devant Falbala (les nattes et quelques kilos en moins), hélas muette et hermétique comme un tombeau étrusque en pleine montagne turque.
Face à lui ma voix change, ma respiration s'accélère, mes gestes ralentissent, se font automatiquement plus félins, mes yeux fuient et insistent en alternance et je ne peux m'empêcher de me tripoter les cheveux, de pencher la tête, de lancer tous ces signes de trouble qu'un aveugle décrypterait à 800 mètres. Si j'avais un panneau sonore et clignotant sur le front mentionnant "toi je te veux" ça ne serait pas pire (ou mieux selon le point de vue).
Aujourd'hui, notre absence notre (absence de) relation a pris un tournant tardif et donc cruel mais tout à fait attendu et pas du tout hasardeux de ma part... je suis comme ça moi, velléitaire en diable, peu combattive et manquant terriblement d'ambition sauf quand un mâle est en jeu : là je lutte jusqu'au bout de l'extrémité de la fin du dernier lambeau de bribe de potentialité éventuelle d'ombre de chance, jusqu'à la veste XXL doublée pour l'hiver parfois mais, je crois, jamais jusqu'au ridicule. Je crois.
Pour fêter dignement la fin de ma mission, j'avais apporté moult viennoiseries pour le matin (je serais parfaite en organisatrices de petits-déj mondains) et une bouteille de champagne pour l'apéritif. J'ai pris le soin de glisser quelques cartes de visite dans ma poche et je suis innocemment allée prévenir le duo de consultants de la double aubaine. Je leur ai ensuite proposé un café.
Et là, MIRACLE : le gêneur a décliné mon invitation et ma sublime target l'a acceptée. Je ne peux pas croire que ce type ne sait pas qu'il me fait craquer tant il est vrai que même muette je sais être transparente voire explicite et s'il lui restait un doute, je pense qu'il est désormais levé. Je lui ai fait mon sourire 29 bis, mon regard Lauren Bacall du 3e millénaire, je lui ai filé ma carte (je n'ai évidemment aucune illusion sur le fait qu'il ne m'appellera jamais), etc.
Entre deux banalités, j'ai appris qu'il avait bossé dans un cabinet d'audit il y a 6 ans... J'ai immédiatement activé ma calculatrice mentale et j'en ai déduit qu'il avait vraisemblablement passé le cap de la trentaine (il fait moins mais en tout état de cause, voila qui balaie une légère objection : il n'est pas trop jeune).
Ensuite, on a papoté comme deux copines de sujets aussi passionnants que la pluie, mon clavier d'ordinateur, la qualité gustative des expresso de la machine à café de l'étage inférieur, tous ces trucs fondamentaux qui amorcent des liens solides et plus si affinités.
A ce rythme là, 12 ans, 57.326 cafés, 18 crises financières et 39 faillites bancaires plus tard, je concluais (ou pas).
* : j'avais promis des allusions discrètes, vous noterez que je tiens parole...
11 commentaires:
Bon , si je résume ...hormis ta soirée baby-sitting(blues) qui ne fut pas un triomphe (enfin coté café Nespresso j'entends !!).
L'arrivée du nouveau consultant banquaire est un atout majeur dans ta motivation professionnelle ! alors , je te conseille de tout faire pour te rapprocher de ce garçon (Chanceux ! la description que tu en fais et ton attraction réelle me donne envie d'etre à sa place : en tout bien tout honneur !)
Maudite ? je n'en suis pas si sur !! chanceuse ? là oui je répondrais oui !
mais non J.P. je suis bel et bien MAUDITE : comme je l'explique dans mon bla-bla, aujourd'hui est mon dernier jour de mission... Lui reste mais moi je pars... Si ça c'est pas de la mauditude, je ne sais pas ce qu'il te faut... ;o)
à ce niveau là de mauditude, c'est presque de la Shakespearitude !
demande lui son numéro de tél !!! montres toi !! montres lui qu'il te plait !! allez !!
Ne lui offre pas de café, en tout cas !!!!
Ca me rappelle ma "jeunesse", et mes tribulations dans une certaine grande société parisienne de cosmétiques... Mais à l'époque, pas de Nespresso, donc moins de stress !
Malgré tout, chasse vaine puisqu'il m'a fallu aller jusque dans le Nooooord pour débusquer un gibier à ma hauteur !
Tout à fait d'accord avec Jean-Philippe. Si vous avez amorcé une conversation, pourquoi ne pas tenter de la reprendre?
Ton histoire m'en rappelle certaines de mon passé. Face à des hommes qui me plaisaient, j'étais tétanisée. Et puis cette timidité s'est progressivement effacée. Elle existe encore un peu. Mais je me dis qu'il n'y pas de temps à perdre! Alors, vas-y, Cécile!
@ J.P : un des présupposés de ce message (un des miens en tout cas) est qu'il le sait... ;o)
Quant à lui demander son n° de tél ç'aurait été forcément devant témoin et tout... j'ai préféré lui donner ma carte.
@ Liliba : il me plaît physiquement, cela ne présage pas nécessairement du long terme... en fait et au delad plaisir que j'ai pris à rédiger un mssage un brin excessif voire exalté ;o) , je crois que le plaisir des yeux de le voir suffisait à mon bonheur bancaire... C'était mes pauses "petit plaisir" de la journée
@ Nathalie : rien n'est perdu, je vais retourner faire un tour ou deux dans ma banque fin octobre histoire de garder le contact avec le service... et là... bah, j'irai à la machine à café... et je verrai (ou pas)... ;o)
Pauvre Cécile, ton trouble et ton désespoir sont manifestes puisque tu as oublié la note que tu voulais mettre à propos du 9 octobre... si, si, il y a une astérisque mais elle ne renvoie vers rien !
Miod, tu m'as comprise. Merci. le renvoi est ajouté.
Je n'ai aucun conseil crédible à te donner. Moi aussi, je suis tétanisé par une femme dont la beauté me subjugue.
« Trop belle pour moi », je me dis. Ce n'est pas que je parte perdant, c'est que je ne pars même pas.
Je n'ai jamais eu de soucis avec les hommes trop beaux pour moi. Le physique n'a jamais été un frein ou un moteur. Un ami appelait un de mes ex "ta gravure de mode", je suis sortie avec des mannequins, etc. Bref, en fait je n'ai jamais véritablement eu l'intention de m'attaquer à ce pauvre consultant mais j'aime caresser l'idée, (jouer avec dans ma tête et sur ce blog) faute de le caresser lui... Disons que cela ne m'apparaît pas comme ma priorité professionnelle du moment. ;o)
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