lundi 21 mai 2012

Quelques livres très très très tristes (et très très très bien)

Bonjour à celles et ceux qui aiment pleurer en lisant
Bonjour à celles et ceux qui pensent qu'il ne serait pas inutile d'installer un présentoir de mouchoirs en papier dans les librairies
Bonjour aux zotres

Je suis en train de lire, sur la recommandation expresse (de là à dire "quasi menaçante" il n'y a qu'un pas que la plus élémentaire mauvaise foi inciterait à franchir !) de quelqu'un qui possède plus ou moins le même sens de l'humour (hautement spirituel et parfaitement irrésistible) que moi (c'est à dire qui se marre à toutes mes vannes même les plus débiles), un livre supposé drôle et dont la lecture était sensée provoquer chez moi une hilarité permanente.

Il m'avait même dit "si tu ne ris pas frkzff z%bh rthlit grtjt (précision en termes de fréquence que j'ai hélas oubliée) alors je veux bien dleto hrtoj(yio,nzef yhy(jp (pari ou challenge hypothétique et idiot que j'ai (encore plus hélas) oublié aussi).

Or, après plus de 50% des pages tournées avec une patience docile et un ennui poli ponctué de rares sourires, force est de constater (une fois de plus) que les livres supposés marrants m'amusent rarement. Mais d'un autre côté, ça commence à aller mieux... Je me ferai mon avis définitif et j'en reparlerai lorsque les pages restantes seront tournées elles aussi. Je voulais en venir ailleurs...

En l'occurence, je voulais en venir ici : je suis une lectrice essentiellement torturée et fondamentalement désabusée à qui il me faut sa dose de drame, de désespoir, de cruauté, d'injustice, d'amoralité, de noirceur, de désillusion, de vilainie, de vice, de désespoir, de causticité, de mélancolie et de plein d'autres trucs pires encore !

Voici donc, sans classement précis, une liste non exhaustive de 9 titres issus mon Panthéon de la tristesse et de la dureté littéraire.

1 - Pêcheur d'Islande de Pierre Loti
J'ai pleuré tout le temps... On aurait bien tort de songer que ce roman est vieillot et demodé. Il est juste intemporel, magifique, chargé d'émotion et d'abnégation (et donc totalement injuste !).

2 - Un long dimanche de Sébastien Japrisot
Roman jamais terminé en fait mais c'est une autre histoire plus personnelle que littéraire.

3 - Kaput de Curzio Malaparte
Témoignage aussi brillant qu'accablant sur WW2 que l'on fera suivre par La peau du même auteur)

4 - Si c'est un homme de Primo Lévi
Indispensable et édifiant.

5 - Le Pavillon de Enfants Fous de Valérie Valère
Récit brillant et terriblement lucide d'une adolescente anorexique internée en hôpital psychiatrique. Jamais vraiment guérie, l'auteure dépassa à peine l'âge de 21 ans.

6 - Guerre de Timothy Findley
Vision teintée d'horreur, de folie et, évidemment, de violence, d'un jeune engagé canadien pendant la première guerre mondiale. Certaines scènes sont magistrales, d'autres évoquent des sujets tabous jamais retrouvés dans aucun autre roman lu sur WW1 ou WW2.

7 - Des souris et des hommes de John Steinbeck
Dur et tendre à la fois, terriblement fort et attachant comme le personnage de Lennie.

8 - Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig
Parce qu'il faut lire Zweig de toute façon et parce que cette histoire d'amour non vécu et tenu secret si longtemps est ce que je peux imaginer de plus douloureusement absurde et inutile.

9 - Les anges canibales de Jean-Claude Derey
Le roman que j'ai préféré parmi tous ceux lus en 2011. Plus réaliste et plus désespérant que Johnny chien méchant sur la même thématique des enfants soldats en Afrique.

Accessoirement j'adore Georges de La Tour, en particulier ces deux représentations de Marie Madeleine, portraits si proches des Vanités chères au XVIIe siècle.

4 commentaires:

Lili Galipette a dit…

"Si c'est un homme" et "Des souris et des hommes" sont aussi dans mon panthéon littéraire et lacrymal.
Et tu m'as donné des idées de lecture...

Anonyme a dit…

Le liseur de Schlink. Triste car comme le dit la directrice de la prison, y a de quoi en vouloir à Hanna et à Mickael. Je n'en dit pas plus pour ne pas spoiler.

liliba a dit…

Oh chouette, il en reste quelques uns que je n'ai pas encore lus !

Cynthia a dit…

Je garde un souvenir très lacrymal de "Se résoudre aux adieux" de Philippe Besson, lu juste après une rupture.
Je n'ose d'ailleurs pas le relire de peur de le trouver mauvais...
Parfois ce n'est pas tant le contenu du livre qui suscite les larmes que les circonstances dans lesquelles on le découvre.
Il m'en faut beaucoup pour réussir à me faire pleurer en lisant. Je suis régulièrement attendrie/révoltée/écoeurée/fascinée/attristée par ce que je lis mais pour me faire pleurer il faut vraiment que le sujet touche quelque chose de profond en moi, que je connais ou que je redoute (j'ai par exemple beaucoup de mal à lire des passages consacrés à la violence sexuelle).
Je partage ton souvenir lacrymal de "Lettre d'une inconnue" ! Les autres, soit je ne les ai pas (encore?) lus soit j'étais trop jeune au moment de leur lecture et je ne m'en souviens plus.