mercredi 5 décembre 2007
Le Juke-Box de Jean-Philippe Blondel (et le mien)
Bonjour à celles et ceux qui ont toujours un air dans la tête
Bonjour à celles et ceux que la musique fait vivre et vibrer
Bonjour aux zotres
En plus de tout ce qu'on peut habituellement aimer dans un roman (le style, l'histoire, les personnages, etc.), une des choses qui rend "Juke-Box"particulièrement attractif pour un(e) trentenaire ou un(e) quadra est l'idée lumineuse qu'a eu Jean-Philippe Blondel de donner aux différents chapitres des noms de chanson tout droit sorties de l'époque dont il parle, des chansons faisant partie intégrante de l'histoire du personnage au moment du récit. De même, chaque partie du roman correspond à une étape de l'utilisation d'un juke-box (insert coin correspond à l'enfance, select title à l'adolescence, etc.).
Je suis admirative (un brin jalouse) de cette idée qui fait que, forcément, chacun(e) s'identifie puisque tout le monde a des souvenirs précis associés à des morceaux précis. De plus, ceux choisis par l'auteur sont suffisamment populaires pour qu'on les connaisse tous et pour que certains évoquent aussi des souvenirs personnels. Bref, on porte forcément un intérêt affectif fort à ce livre.
Rien que pour ça, chapeau bas. Jean-Philippe Blondel a habilement baptisé son sommaire "Hit-parade". Le voici :
1970-1975 - Insert Coin - Let the Sunshine in - Le lundi au soleil - Sugar Baby Love - J'ai encore rêvé d'elle - Le Sud - Many Rivers to cross
1976-1982 - Select Title - Oxygène - Ti amo - In the air tonight - La bombe humaine - I go to sleep - Just an illusion
1983-1989 - Volume HI/LO - Paris Latino - Week-end à Rome - Quand la ville dort - Quand la ville dort (deux chapitres portent le même titre) - Il mio refugio - Voyage voyage - Macumba - C'est la ouate - Puisque tu pars
1990-2004 - Play - Freed from Desire - Soudain - Belle - Trackin' - Respire
1964-2004 - Juke Box - Danse s'y
J'ai à peu près l'âge de l'auteur et de son personnage. Aussi, certains des titres ci-dessus évoquent pour moi des souvenirs très précis. Tentez l'expérience, je suis certaine que c'est la même chose pour la plupart d'entre vous.
Sugar Baby Love - Les Rubettes
Quand j'étais enfant, j'étais amoureuse des Rubettes. Pas d'un des membres du groupe en particulier mais de tous. En dépit de leurs costumes pailletés kitschissimes, ils représentaient pour moi le comble de la séduction voire de la virilité. Juste derrière Mike Brant mais en plus gais. L'un dans l'autre ça compense et pourtant, à y regarder de plus près et surtout avec 30 ou 35 ans de plus, ils étaient vraiment laids. Pourtant, chacune de leurs apparitions télévisées était pour moi un moment de profonde béatitude.
J'ai encore rêvé d'elle - Il était une fois
Mes draps ne s'en souviennent pas mais moi si : Joëlle est sans doute la première chanteuse (et une des seules) que j'ai imitée devant ma glace quand j'étais enfant. En fait, je n'avais pas vraiment de rêves de gloire et mes play-back avaient moins pour but de démontrer un quelquonque talent personnel que d'exprimer une certaine admiration. Pour moi, "j'ai encore rêvé d'elle" était le summum du romantisme, l'expression exacerbée de l'amour : à l'époque la notion de désir et ses subtiles nuances par rapport à l'état amoureux m'échappaient encore.
Oxygène - Jean-Michel Jarre
Je crois que c'est le premier truc qui a énervé mes parents, la première preuve d'un fossé générationnel (plus que culturel dans le cas précis) sur le plan auditif. Ca passait en boucle à la radio et je fredonnais cette ritournelle sans paroles à longueur de temps. Je veux bien concevoir que ça pouvait être exaspérant.
Ti amo - Umberto Tozzi
Mon premier slow. Pas le premier sur lequel j'ai dansé (ça devait être un truc de Scorpion ou Hotel California ou Angie) mais le premier qui m'a fait rêver à un prince charmant. Non, en fait je n'ai jamais cru au prince charmant. Disons que c'est le premier slow qui m'a fait soupirer à un (bel) inconnu.
In the Air tonight - Phil Collins
Mon premier clash artistique car, contre l'avais général (je veux dire contre l'avis de la quasi totalité des élèves de ma classe), je n'aimais pas cette chanson. En fait je n'aimais pas et n'aime toujours pas la voix voilée de Phil Collins.
La Bombe Humaine - Téléphone
Je n'imagine pas un ado du début des années 80 qui n'aurait pas été dingue de Téléphone. Téléphone c'est mon premier concert, le jour de mes 15 ans et, accessoirement le jour de l'abolition de la peine de mort... mais, à 15 piges, l'échelle des valeurs fait préférer les mouvements de bras du beau Richard Kolinka aux effets de manche du sage et historique Robert Badinter.
I go to sleep - The Pretenders
Alors là je dis (et je pèse mes mots) : chef d'oeuvre, chanson culte, trémolos terribles de Chrissie Hynde, je dis morceau pour gaspiller les kleenex. Je n'ai jamais été fan des Pretenders mais j'ai toujours adoré cette chanson triste et magnifique. Je l'écoutais en boucle, dans la pénombre, la pochette du 45 tours sous les yeux (teeeeellement romantique !). On y voyait en noir et blanc un soldat torse nu, très jeune et très blond, la tête posée sur son casque, un petit chien blotti contre lui et il était impossible de dire s'il dormait ou s'il était mort, si les taches que l'on voyait étaient du sang, des trous ou de la crasse mais l'image était de toute façon terriblement émouvante, en parfaite harmonie avec ce sublime morceau. Le seul doute existentiel qui m'haite : ai-je déjà dansé un slow là-dessus ?
Voyage Voyage - Desireless
Bon, je ne partage pas du tout les orientations capillaires de Desireless mais j'adore cette chanson qui a fait un carton dans toute l'Europe lors de sa sortie en 1987. Ah, la new wave commerciale française c'était quand même sympa !
C'est la ouate - Caroline Loeb
Cette chanson de 1986 est sans doute une des premières dont j'ai pensé "cette chanson parle de moi" (même si je ne suis pas passive en négligé de soie). Bien sûr elle a vieilli et possède désormais un certain côté kitsch mais je l'adore. Elle m'évoque mes chères études, d'innombrables rocks essuie-glace et, bien sûr, le 45 tours dort dans mon placard.
Belle - Daniel Lavoie - Garou - Patrick Fiori
Je n'ai jamais été et je pense que je ne serai jamais fan de comédies musicales. Toutefois, lorsque j'ai entendu pour la première fois "Belle" et "Vivre" interprétée par Noah avant son désistement à une quelquonque cérémonie (victoires de la musique vraisemblablement), j'ai eu des frissons et j'ai immédiatement pensé que Notre Dame de Paris allait cartonner. Ensuite le succès et les multiples diffusions ont galvaudé complètement ces chansons mais je maintiens une certaine admiration même si l'idée d'acheter le CD ou d'aller voir le spectacle ne m'a jamais effleurée (faut tout de même pas exagérer).
A vous de jouer...
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3 commentaires:
C'est vrai qu'on ne peut s'empêcher à la lecture de ce roman de se demander, "et moi, j'étais où, je faisais quoi quand cette chanson passait sur les ondes ?". Question que les moins de 20 ans ne se poseront pas ;o)
Certes mais ils se les poseront dans 20 ans à propos des chansons d'aujourd'hui... ;o)
On te voit au dîner livres échanges du 13/12 ?
je termine ma lecture de passage du gué (gagné il y a plusieurs mois lors d'un jeu idiot)
Un livre dur et bouleversant, un auteur intéressant !
Merci
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