Bonjour à celles et ceux qui ont aimé Mort d'un parfait bilingue
Bonjour aux zotres
Vous le savez, Mort d'un parfait bilingue m'a enthousiasmée et figure en bonne position dans le top 9 (et même le top 3) de mes lectures de l'année 2009 et, au delà, il figurerait sans doute dans ma bibliothèque idéale personnelle en 99 volumes si je devais en remplir les rayonnages hypothétiques.
En lisant ce roman, j'ai eu la sensation d'une évidence, d'une rencontre littéraire et je l'ai fort logiquement sélectionné parmi les livres en compétition pour le prix Qd9 2010. Je suis évidemment ravie que ce roman figure parmi les 3 finalistes de la catégorie roman francophone. Ce petit rappel est loin d'être inutile car on ne pourra pas me soupçonner d'avoir une dent contre Thomas Gunzig. Mais voilà, je n'ai pas du tout aimé Kuru et il s'en faut d'un cheveu (sur la tête de Fred) pour que je déteste carrément.
Le sujet
Fred a la sortie d'adolescence difficile, peu de volonté, une thèse à peine commencée et laissée en plan, un père riche qu'il déteste mais dont il aime les chèques et virements, des milliers de mouches qui bourdonnent dans la tête à la moindre contrariété et quelques amis pas loin d'être aussi (mal) barrés et bras cassés que lui.
Fred a aussi une cousine genre super canon tendance top modèle qui éveille chez lui quelques velléités érotiques. Cette dernière est mariée à un riche et bel appolon qui semble l'homme idéal en public mais s'avère moins parfait en privé.
Fred n'a pas plus envie d'aller manifester contre le G8 à Berlin que sa cousine ne souhaite continuer comme ça.
Mon avis
Bon. Par où commencer ? Par ma motivation sans doute. J'ai eu envie de lire Kuru parce que j'ai tellement aimé Mort d'un parfait bilingue que je voulais enchaîner avec un 2e ouvrage de l'auteur et retrouver son style, son aptitude à construire un récit, sa noirceur désabusée. A part sur ce dernier point, j'ai été très déçue.
L'écriture de Kuru ne mérite pas qu'on s'y attarde et le seul éloge qu'on puisse en faire est d'être fluide et sans lourdeur. Je n'ai pas retrouvé le ton tranchant et l'humour merveilleusement atroce que j'avais tant admiré dans Mort d'un parfait bilingue et qui m'avait rappelé celui de Curzio Malaparte (voir ici).
La construction du roman utilise des ficelles que je ne peux même pas qualifier de grosses tant elles sont énooooooooormes, la pire étant le recours à un pseudo surnaturel de bazar et étrangement intermittent refaisant surface par opportunisme quand l'auteur est en panne de liens logiques ou a la paresse d'en trouver un plausible. Ces passages sont de loin les plus mauvais du livre auquel ils n'apportent d'ailleurs strictement rien si ce n'est une cinquantaine de pages oscillant entre absurde, pathétique et vulgaire. Si j'avais été l'éditrice du livre, j'aurais demandé à l'auteur de les supprimer tous et, j'en suis convaincue, la structure du récit s'en serait trouvé nettement améliorée et l'intérêt du livre sensiblement plus grand.
Il en résulte un roman bancal, foutraque, superficiel, effleurant diverses pistes et sujets sans en traiter aucun et c'est bien dommage car avec un peu moins d'ambition (si on est gentil(le)) ou de dispersion (si on l'est moins), il y avait potentiellement matière à écrire quelque chose de plus profond d'une part et de mieux construit d'autre part.
Je le reconnais, je l'ai déjà dit et je le répète ici : je n'aime généralement pas plus les mélanges de genres que le parfum de glace tutti frutti (exception : certains polars ethnologiques). Comme le suggère l'adage "Qui trop embrasse mal étreint", j'ai tendance à penser que le fait d'aborder de multiples sujets sous divers registres littéraires dans un même projet n'aide à en mener à bien aucun. J'avais souligné ce point à propos de Cendrillon de Eric Reinhardt (finaliste du prix Qd9 2009) mais ce qui était une paille dans un roman par ailleurs bourré de qualités et d'intelligence, devient une poutre dans le livre indigent de Gunzig.
La fin du livre est tout simplement bâclée, expédiée comme une formalité ennuyeuse.
Dans cet océan de vacuité, il y a à mon avis deux choses à sauver :
1 - La volonté de l'auteur de démontrer à quel point la crédulité envers des thèses paranoïaques proches de la théorie du complot peut mener au drame, message hélas complètement parasité par les débilités surnaturelles qui jalonnent le texte et par une certaine ambiguité (volontairement ?) cultivée par l'auteur dont le point de vue vis à vis de son propre sujet ne ressort pas véritablement.
2 - Fred. Fred et ses mouches, Fred et ses relations passives aux zotres, Fred et son rapport larversque à la vie. La description de la "noboditude" de Fred est formidable et j'adorerais lire dans un prochain roman de Gunzig comment la vie de ce personnage évolue.
Quelques liens (du + au -)
Bio de l'auteur au Diable Vauvert
Sur le blog tout peut arriver, on a beaucoup rit et on s'est attaché aux personnages
Sur 4 L, le roman est jugé décalé et amusant
3 avis contrastés sur Babelio
Sole a retrouvé les ingrédients de mort d'un parfait bilingue mais été déçue par le côté superficiel du roman
Le littéraire jette le livre
Conclusion
Ne lisez Kuru que si votre démarche vis à vis des ouvrages de Thomas Gunzig est exhaustive mais j'insiste, ne renoncez sous aucun prétexte à découvrir Mort d'un parfait bilingue formidable premier roman del'auteur. Quant à moi, j'ai toujours très envie de lire certains de ses recueils de nouvelles dont Le Plus Petit Zoo du monde.
jeudi 5 août 2010
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3 commentaires:
Le résumé de "Kuru" ne m'avait pas donné envie de l'acheter et ton avis m'en dissuade d'autant plus...
Bon de toute façon je commencerai par les nouvelles de son recueil "Carbowaterstoemp" (aka "Assortiment pour une vie meilleure").
Il est sur ma PAL depuis des lustres. Mais faudrait que je me fasse mon avis.
Sinon du même auteur, j'avais très bien apprécié 10000 litres d'horreur pure". Une histoire parodie des films d'horreur (slashes) de série Z.
J'avais trouvé le bouquin sympa.
Je passe, donc, bien que j'ai adoré "Mort d'un parfait bilingue".
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