mardi 31 mars 2009

J'ai tout de même un gros doute (et un peu la gerbe aussi)

La récupération politique n'est pas un phénomène récent et celle de Jean Jaurès n'est pas des plus originales mais là, tout de même, je trouve que Maurice pousse le bouchon un petit peu loin comme ils disent dans une pub Danette. Je me demande ce que les héritiers de Jaurès pensent de tout ça...

Info trouvée sur ce
blog patatesque et réjouissant (qui vaut donc largement le détour).

120 ans (et toutes ses dentelures)

Bon anniversaire !

lundi 30 mars 2009

Les hommes protégés (Robert Merle)

Bonjour aux hommes et aux femmes qui se protègent (important quoiqu'en dise Benoît 16)
Bonjour aux zotres

Jusqu’ici j’étais très satisfaite des livres choisis par mon fidèle lectorat dans le cadre de mes challenges de lectures mensuelles : vous avez toujours élu les deux que je préférais ou que j’avais le plus envie de lire (ce n’est pas forcément pareil). Cette fois ci, vous avez sélectionné le livre que je ne voulais pas lire parmi les 5 (sélection ici) !


En fait, je m’attendais sincèrement à lire Romain Gary (là j'avais raison) et L’espèce Humaine de Robert Antelme. Les premiers jours de scrutin me confortaient dans cette assurance puisque le témoignage d'Antelme caracolait en tête. Alors quelle surprise teintée de déception quand, dans la dernière ligne droite, le livre que j’attendais le moins a repris du poil de la bête et coiffé mon favori au poteau ! De deux choses l’une :
- soit mon fidèle lectorat est sadique ce que je ne peux concevoir tant il est vrai qu’à côté de la blogosphère le pays des Bisounours c’est Bagdad !
- soit mon fidèle lectorat a mauvais goût ce que j’imagine encore moins puisqu’il me lit ce qui suffit à prouver la pertinence de ses choix et la sûreté de ses jugements intellectuels et esthétiques.

Alors quoi ?
Hum… J’imagine que mon fidèle lectorat n’a pas majoritairement voté ou qu’il s’est souvenu de mes penchants féministo-sociologico-analytico-relationnels et a cru me faire plaisir en me proposant ce livre sur fond de « girls power ». Oui mais non, je vais tenter de vous expliquer pourquoi.

Le sujet

Suite à une épidémie fatale touchant exclusivement les hommes adultes, ceux-ci sont menacés de disparition et quelques uns se voient « protégés » dans des centres fermés tandis que toutes les responsabilités se voient désormais confiées à des femmes. Aux Etats-Unis, le pouvoir échoit à une militante féministe extrémiste prônant une politique fondée sur la haine des hommes. Dans ce contexte, le docteur Martinelli, un des rares « hommes protégés » livre une course contre la montre pour trouver un vaccin contre la maladie sur fond de dégradation sensible de la condition masculine, de brimades psychologiques, de harcèlement et de menaces.

Mon avis

Le thème du renversement des rôles sociaux m’intéressait à la base mais je craignais d’être déçue par son traitement et j’avais raison pour diverses raisons.

Tout d’abord replaçons le livre dans le contexte de l’œuvre de Merle et de son époque. De l’excellent La mort est mon métier à Fortunes de France, Robert Merle a écrit des livres aux thèmes excessivement différents parmi lesquels il s’est, à plusieurs reprises, intéressé à des situations d’anticipation et/ou de survie/évolution d’un monde modifié par un progrès scientifique, une découverte, un événement catastrophique. Les hommes protégés appartient à cette veine et le propos de Merle est d’y étudier les conséquences d’une quasi disparition du sexe masculin dans un régime totalitaire prônant la haine des hommes.

Seulement voilà, contrairement à d’autres tentatives comparables (dans l’esprit) livrées dans Un animal doué de raison ou Malevil par exemple, Merle ne parvient pas tout à fait à convaincre ici. Tout d’abord, le livre a été écrit en 1974 et il semble terriblement daté et certaines situations imaginées par Merle ne sont plus concevables aujourd'hui parce que les relations hommes/femmes ont fort heureusement évolué.

Ensuite, on ne croit pas trop à la soudaineté des changements. Dans Malville, ils étaient dûs à une catastrophe, ici, il y a catastrophe aussi, certes, mais c'est surtout l'évolution foudroyante du comportement et des mentalités féminines qui sous-tendent les changements décris. Et on n'y croit pas.

Certes, l'histoire est pleine d'exemples de situations ahurissantes dont il aurait été difficile d'imaginer l'horreur et l'ampleur quelques semaines ou quelques mois plus tôt (génocides divers, attentats variés) mais la faisabilité de ces atrocités reposait sur un terreau d'antisémitisme, de rivalités géographiques ou religieuses sur lequelles quelques uns se sont appuyés pour atiser des haines qui couvaient déjà plus ou moins sous les cendres.

Je ne crois absolument pas que les femmes haïssent les hommes et je ne crois pas à la possibilité de l'avénement (en quelques mois dans le contexte du livre) d'une société occidentale (en l'occurence les USA) parfaitement misandre où l'idée de la sexualité hétérosexuelle serait condamnée et où toutes les persécutions décrites dans le livre seraient légitimées.

Il y a dans ce livre une tendance lourde à l'exagération (fantasmatique ?) qui nuit à la cohérence et à l'intérêt du propos et un chapitre saupaudré de sadisme à 2 balles est même parfaitement ridicule (et totalement dispensable dans le livre).

En fait, le plus intéressant n'est pas l'histoire du professeur Martinelli lui-même (d'ailleurs un peu tête à claque et d'une passivité exaspérante) mais certains passages portant sur les conséquences de la politique totalitaire et sexiste des USA sur les relations internationales ou sur la sexualité des adolescentes, prouvant que Merle est nettement meilleur et plus imaginatif quand il analyse que lorsqu'il se contente de raconter.

Dommage qu'il ne le fasse pas plus souvent dans ce livre finalement bourré de clichés et e réflexes misogynes.

Conclusion

J'ai parfois été agacée, parfois captivée mais le plus souvent je me suis contentée de tourner les pages en attendant qu'il n'y en ait plus. A lire comme un curiosité anachronique ou si on a déjà lu tout Merle.

dimanche 29 mars 2009

Lectures bloggesques (de la semaine 13 2009)

Bonjour à la Vipère
Bonjour KL
Bonjour Hisaux

Bonjour Mister Calepin
Bonjour Antoine

Bonjour les zotres

Quand on est face à des pro de la reformulation et de l'usage du dictionnaire des synonymes
Ce site vous donnera des exemples de plagiats et de contrefaçons. Si je n'ai pas été convaincue par toutes les démonstrations à propos des affiches de film (mais par certaines oui !) tant il est vrai que si je décide de porter une robe rouge et de me faire prendre en photo dans un pré inondé de coquelicots avec une banane dans la main gauche et chaton dans la droite, je suis certaine qu'en cherchant bien on trouvera forcément une photo qui ressemblera à la mienne avec un peu ou beaucoup d'imagination, je trouve en revanche
l'exemple comparatif sur ces deux bouquins anti-tabac plus qu'édifiant ! Faites également un détour sur la page qui expose certaines pratiques éditoriales d'Albin Michel.

Quand un mystère est éclairci
Au salon du Livre, j'avais bien remarqué que pas mal de gens arboraient un badge "Je lis la Princesse de Clèves" mais je ne savais pas pourquoi. Le mystère est enfin éclairci et les
statistiques issues du Figaro Littéraire sont plutôt marrantes je trouve puisque près des 3/4 des badgé(e)s ne possèdent pas ce livre et plus de la moitié ne l'ont jamais lu. Moi, j'en possède un exemplaire plutôt joli que j'ai ouvert après avoir vu (et aimé !) Fidélité de Zulawski mais que j'ai refermé au bout de quelques pages car le film était encore trop présent dans ma mémoire (mais je sais qui l'a écrit, hein). Et vous, vous l'avez lu ?
Quant à la déclaration présidentielle qui a entraîné cet acte de résistance, que dis-je de bravitude inouïe (à côté Jean Moulin ou le mec qui s'est planté devant les chars de la place Tien an Men en 1989 sont des rigolos), ma foi, je trouve qu'elle n'est pas vraiment idiote et, sur ce coup là, c'est faire vraiment des vagues pour rien que de râler comme s'il n'y avait pas des sujets de protestation moins futiles en ce moment. Bizarrement, je préfèrerais des employé(e)s de la fonction publique aimables et diligents plutôt que capables de citer l'auteure de la Princesse de Clèves. Pas vous ?

Quand Antoine annonce la couleur
Antoine n'aime pas le rose. Il trouve que c'est une couleur de merde et il l'écrit
ici avec une conviction et une fermeté que lui enviraient certainement les rouleaux Lotus ou Le Trèfle.
Juste en dessous, il avoue son penchant coupable pour le
Nutella ce qui me permet de lui faire la réponse de la louve au berger en paraphrasant ses propos (ah tiens, si ça se trouve je vais me faire accuser de plagiat aussi...).
J'aime pas le Nutella. Le monde se divise en deux catégories de personnes, celles qui aiment le chocolat noir, le camembert au lait cru, les confitures de myrtilles et ceux qui préfèrent des saloperies industrielles dont le Nutella est l'archétype. Derrière ce constat anodin, il existe un véritable clivage entre les gens qui ont du goût et ceux qui n'en ont pas, les gens qui ont de la culture et ceux qui n'en ont pas, les gens qui méritent de vivre et les autres. Je méprise tous ceux qui ont du Nutella dans leur frigo. Toute ressemblance avec... bla bla bla...

Quand les mots de passe se passent d'imagination
Restons dans les statistiques avec cette
étude plutôt rigolote et édifiante sur les codes et autres mots de passe. Ca me rappelle l'époque bénie (car j'avais 15 ans de moins) où les auditeurs/trices se baladaient avec d'énooooooormes malettes en cuir (scoliose assurée)verrouillées par 2 combinaisons à 3 chiffres (rappel : 2x3=6). Je pense que 90% de mes collègues (+ moi) utilisaient comme code leur date de naissance ou celle de leur rejeton ! Et que dire de ces ânes batté(e)s qui ne trouvent rien de mieux à faire que de choisir comme code pin celui de leur carte bleue !!! Le problème avec les codes c'est qu'ils se multiplient et que tous les impératifs de forme ne sont pas les mêmes partout (avec ou sans majuscules, avec ou sans caractères spéciaux, avec ou sans nombre de caractères minimum ou maximum, etc.). On est donc obligé de les multiplier (bureau, blog, 1 voire 2 ou plus digicode(s), sites de service en ligne, mails, etc.) et on a donc une fâcheuse tendance à aller au plus simple afin de ne pas les oublier (ce qui ne sert à rien vu qu'on les oublie de toute façon !).

Quand une critique de livre ne plait pas à un éditeur
Ce devient apparemment risqué de faire des critiques de livres... enfin... pas si elles sont bonnes. Je vous conseille vivement d'aller voir le texte de la lettre (suivez
le lien) rédigée par un cabinet d'avocats reçue par un blogger suite à une critique qui a heurté le sensibilité d'une maison d'édition. Eh bien, si on en est là, ça promet dans les mois à venir !

samedi 28 mars 2009

Les années 80 au féminin (n°1/9)

Toi mon Toit - Elli Medeiros - 1986

Prends un petit poisson, glisse-le entre mes jambes, il n'y a pas de raison, pour se tirer la langue... Si cette chanson ne réveille pas votre côté aquatiquement frétillant, c'est à désespérer de la beauté des sirènes et de la profondeur des doubles sens... Ce que je préfère dans la chanson ? Les "arrête, arrête" (de thon) suraigus à la fin en queue de poisson.
Le site d'Elli Medeiros est ici. Il va sans dire que j'ai le 45 tours chez moi (j'ai ceux des semaines suivantes aussi évidemment).

Ecureuil (chanteur)

Un écureuil se déchaîne sur another one bites the dust de Queen. On a enfin trouvé le digne successeur de Freddy Mercury !


Queen et l'écureuil
envoyé par bernynab

Bilan (partiel)

Voici une photographie de ce que j'ai acheté pour moi (et le plus souvent fait dédicacé) au Salon du Livre 2009. Je suis aussi repartie avec quelques livres offerts et quelques livres à offrir...

vendredi 27 mars 2009

Constat affligeant (et je pèse mes mots)

Bonjour à celles et ceux que j'endors
Bonjour à celles et ceux que je berce
Bonjour à celles et ceux que je réveille
Bonjour aux zotres

Le fidèle lectorat de mon bloggounet chéri est hélas majoritairement composé de feignasses.

Si, si, de feignasses. Je vais derechef vous en donner trois preuves accablantes.

1 - La majorité écraaaaasantes de réponses "heure de la sieste" à la question préférez-vous l'heure d'hiver ou l'heure d'été ? Heureusement, j'ai renoncé au dernier moment à ajouter parmi les réponses possibles "l'heure de l'apéro", sinon quel constat aurais-je fait ?

2 - Le fait que le nombre de participant(e)s au sondage débile sur le changement d'heure soit plus élevé que celui des participant(e)s au sondage éminemment culturel concernant mes futures lectures du mois d'avril. Reprends-toi fidèle lectorat, il en va de ta réputation cérébrale, là !

3 - Le fait que dans l'absolu le nombre de votant(e)s soit si faible ! A quoi ça sert que Ducros (enfin moi) se décarcasse à animer un bloggounet hautement démocratique ? Songez à tous ces blogounets honnis où les droits élémentaires du fidèle lectorat sont bafoués, trainés dans la boue du silence, muselés par le baillon du mépris, minés par la menace de la censure !

Resaisis-toi fidèle lectorat ! Il te reste moins d'une semaine...

Moment (de béatitude)

Certain(e)s rêvent de s'agenouiller devant le Pape, d'autres de rencontrer George Clooney ou Angelina Jolie, quelques hystériques hurlent aux concerts de Tokyo Hotel ou des Pussycat dolls, d'autres aux meetings de Royal ou Sarkozy. Je me demande ce qui est le plus grave.

Ces gens là n'ont riiiiiiiiieeeeeen compris. Hier soir à la librairie Texture (Laumière - 19e), j'ai atteint une sorte d'apogée en matière de béatitude dans les bras (enfin, dans le bras droit) de Philippe Jaenada.

Alors, elle est pas belle la vie comme ils disent dans les pub pour le jambon Herta ?

Merci à mes parents, à Philippe J., à François M. (le photographe), à Nathalie C. (la metteuse en scène) d'avoir rendu possible ce moment de grâce ineffable, émouvant, grandiose et follement sensuel (ne trouvez-vous pas que tout cela évoque furieusement le duo entre Birkin et Gainsbourg sur La Décadence ?).

jeudi 26 mars 2009

Plage de Manaccora, 16h30 (de Philippe Jaenada)

Bonjour aux touristes
Bonjour aux pompier(e)s
Bonjour aux zotres

Avouons-le d’emblée, à la base j’étais une fausse sceptique ou plutôt une vraie inquiète face au nouveau livre de Philippe Jaenada Plage de Manaccora, 16h30. D’abord le titre. Comment retenir un truc pareil ? Et là de vagues réflexes professionnels stratégico-consultesques me firent me demander ce qui était passé par la tête de l’éditeur (Grasset) pour intituler un bouquin de la sorte, hein ? Ce n’était pas là ma seule crainte mais très vite toutes mes préventions se sont envolées, comme parties en fumée. J’ai adoré ce livre !

Le sujet

Voltaire, sa femme Oum et leur fils Géo jouent les touristes tranquilles dans un coin fort boisé des Pouilles jusqu’au jour caniculaire (le 3e) où un feu de forêt infernal dévaste tout sur son passage les obligeant à fuir. Mais où ? Le seul salut très relatif et temporaire réside sur une plage encaissée où s’entassent des centaines d’autres touristes de toutes nationalités. Si elle les abrite des flammes, elle ne les protège ni de l’angoisse ni de l’asphyxie.

Mon avis

Qui aime bien châtie bien dit l’adage alors commençons par mes trois (petits) "reproches" (comme ça se sera fait et vous allez rapidement vous apercevoir que le concept même de reproche est trèèèèèèèèès relatif) :

1 – Pas le meilleur Jaenada
Mais bon, il faut replacer cette affirmation dans son contexte général en songeant que Le Chameau Sauvage est un des livres que j’emporterais si je ne pouvais en sauver que 5 dans un incendie (vous noterez l’esprit d’à propos quant au choix de l’illustration de mes dires). La preuve ici. DiffiCécile, donc, de faire mieux à mes yeux (zébahis) ce qui n’empêche que j’aime vachement tous les Jaenada que j’ai lus (5). Celui-ci ne fait pas exception à la règle.

2 – Exercice de style
Consacrer 280 pages à des déplacements physiques de quelques centaines de mètres et des attentes angoissées le tout concentré sur 5 heures d’une même journée peut vite devenir fastidieux voire lassant.

J’ai tout de suite compris (car mine de rien j’ai des lettres) que j’avais affaire à une vraie tragédie grecque ou plutôt ritale : unité de temps, de lieu et d’action avec de vrais morceaux de drame pas drôle dedans. On parle tout de même d’un incendie de forêt dantesque un jour venteux de canicule et de centaines de touristes traqués par les flammes, acculés dans une crique encaissée et menacés d’asphyxie. Si le sujet est assez terrible, il n’en reste pas moins mince voire ténu en apparence. Je comprends bien qu’il peut s’agir du sujet d’une vie quand on l’a vécu et qu’on en a réchappé mais comment transformer ces quelques heures d’une expérience traumatisante et intime (l’homme face à soi, face à la mort probable, à celle de ceux qu’il aime tout aussi voire plus probable encore, le courage, la lâcheté, bla-bla tout ça) en récit romanesque susceptible d’intéresser un(e) lecteur/trice détaché(e) du contexte (au hasard, moi) dont les rapports avec le feu se limitent en gros à contrôler machinalement de temps à autres le voyant de sa chaudière à gaz.

Je me demandais comment, même avec son talent et son sens inné de la digression (inné selon l’expression consacrée, mais dans les faits, je suis certaine que ça demande du boulot), Jaenada allait s’en sortir : de la plage un peu, mais surtout du livre et tenir pendant près de 300 pages avec une intrigue aussi mince et même pas de suspens.

Bien justement, il n’y parvient pas ! En fait, sage qu'il est, il n’a pas essayé du tout et, pour notre plus grand plaisir, il larde son récit de moult parenthèses très jaenadesques et de digressions tantôt farfelues, tantôt désopilantes, tantôt émouvantes voire tout ça à la fois. Entre deux sprints affolés et deux quintes de toux, Voltaire (l’anti ?) héros de l’aventure, nous narre des souvenirs peu reluisants ou franchement grotesques à base de crise de larmes devant un plateau de fruits de mer, bouffées d’émotion face à une crevette sénégalaise ou d’humiliation suprême à la porte d’un Hyppopotamus.

Il n'en reste pas moins que la construction du livre apparaît vite systématique : un récit très linéaire d'un événement ponctuel centré sur trois personnages mis en danger et, dans chaque chapitre, une anecdote différente, un récit décalé qui surgit par association d'idées. Le miracle est que ça fonctionne : on est happé non par l'histoire mais par le rythme et les décalages du livre mais aussi par la description (plus que l'analyse) sans fioritures des comportements et réactions humaines en situation de survie.

3 – Ma ridiculitude
Une fois de plus je me suis ridiculisée dans le métro à cause de Monsieur Jaenada. Pfeuhhh ! Lire un livre drôle (mais pas que, vous l'aurez compris) en pleine heure de pointe est un exercice dangereux qui, à chaque gloussement, expose à des regards entendus voire hostiles de la part des autres voyageurs/ses. Alors oui, vraiment, merci beaucoup Monsieur Jeanada de m'avoir fait passer une fois de plus pour une demeurée aux yeux des usagers de la ligne 6 !

En gros - J'ai aimé tout le reste et même les 3 points précedents
Vous étiez prévenu(e)s que mes réticences étaient légères et je maintiens que ce livre est excellent. On y retrouve tout ce qu'on aime chez Jaenada : son humour désabusé, ses parenthèses endémiques (j'adore !!!), sa balourdise tendre, sa gravité légère, son art de mêler le rire au drame, de ne se prendre jamais tout à fait au sérieux parce que l'essentiel est ailleurs. Comme il a raison !


Quelques liens

Le site de
Jaenada
Autres avis (je précise que je n'ai pas trié : je n'ai lu que des avis positifs) :
Amanda - noir comme un polar - Monsieur Carlita - femmes.com - TV5 Monde - Cuné - Chez Yv

Conclusion
Un livre qui rappelle plutôt "Le Cosmonaute" que "Le Chameau Sauvage". Quoique. Enfin je ne sais pas et peu importe. A lire d'urgence et d'un seul souffle sur la plage où ailleurs mais pas en forêt !


Infos sur la séance de dédicaces du jeudi 26/03/09 ici

Extraits (de Plage de Manaccora 16h30)

4e de couverture

« Un immense rideau de fumée grise et noire s’élevait jusqu’au soleil, qui n’était plus qu’une petite boule rouge voilée, de grandes flammes folles longeaient les trois quarts de la plage maintenant plongée dans l’ombre, où des centaines de personnes abandonnées s’entassaient sur la dernière zone encore respirable, plus pour longtemps... »

Tout avait pourtant si bien commencé. Voltaire, écrivain quadragénaire, Oum sa femme, Géo leur petit garçon, étaient en vacances au bord de l’Adriatique, fin juillet. Insouciants, sous le soleil implacable. Survint le feu, puis la panique, la course, la lâcheté qu’on découvre en soi, le courage aussi s’il faut sauver les siens. On s’agenouille même au pied d’une Vierge étrangement posée sur une plage italienne. Philippe Jaenada revient à son meilleur : le portrait d’humains à la dérive, la vanité de leurs efforts, la beauté fragile de la vie. Un magnifique roman d’une drôlerie désespérée.

Contexte
Un article sur les feux de forêt dans les Pouilles au cours de l'été 2007.
Ma critique du livre ici

Quelques extraits choisis

Ah les souvenirs ! Ca me rappelle indirectement un truc de Joncour récemment cité ici
L’habitude, quand même, a aussi du bon, je me disais. Ca souligne les souvenirs. J’aime les souvenirs, c’est à peu près tout ce qu’on a de sûr, d’intime et dense, une collection précieuse, inaccessible, dedans : ils se polissent d’eux-mêmes sans qu’on y pense, et prennent, les bons comme les mauvais, une charge de douceur rassurante, lointaine, une enveloppe aimable. Ils restent là, on peut en profiter quand on veut. J’aime me revoir dans le passé, me rappeler ce que j’étais, ce que j’ai fait à tel endroit où je me trouve maintenant, plus vieux, je m’émeus tout seul, nouille. (P.16)
Contexte général
Je commençais (…) à comprendre que ce ne serait pas très différent trois cents mètres plus loin. On voit peu d’incendies s’interrompre brusquement au beau milieu d’une forêt, allez, j’arrête, c’est bon, vous pouvez revenir. Celui-ci continuerait naturellement à longer la plage jusqu’à l’autre extrémité, qu’il atteindrait en cinq ou dix minutes selon la force et la direction du vent, nous serions coincés là-bas dans l’eau, dans la fumée, et il ne nous resterait plus alors à vivre que le temps de retenir notre respiration – ce qui ne fait pas beaucoup quand on aime la vie. Enfin, pour l’instant c’était très simple, il suffisait de marcher vite et sans réfléchir. Une position somme toute assez confortable. (P.75)

Au restaurant devant un plateau de fruits de mer
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Rien…
- Mais pourquoi tu pleures ?
- Pour rien, ne t’inquiète pas, mange.
Sans vouloir être tatillon, ça n’allait pas comme réponse. J’avais faim, mais je ne me voyais pas enfourner tranquillement une bonne bouchée de mon feuilleté au chèvre pendant qu’elle fondait en larmes en regardant son bulot – le restaurant, c’est la jungle, c’est chacun pour soi. (P.80/81)
- (…) je t’assure, ça va, a-t-elle illogiquement hoqueté, les épaules secouées de spasmes pathétiques (…)
Si, quand une fille pleure à se noyer, ça va, le pire est à craindre, j’ai pensé. Je sentais bien qu’un truc clochait (mon flair légendaire) (…). (P.81)

Suit un délire sur de potentielles explications de ce déversement lacrymal.
Abandonnée bébé dans une crique par ses parents, elle avait été élevée par des coquillages pendant ses dix premières années, et n’assumait pas d’être à présent passée de l’autre côté de la barrière ? Ou plus simplement, elle avait eu un bulot quand elle était petite ? La dernière fois qu’elle avait mangé des bulots mayonnaise, c’était avec le grand amour de sa vie, un jeune pêcheur breton d’une beauté fascinante qu’une maladie rare et foudroyante avait emporté à vingt ans ? (sûrement, tiens. Le grand amour de sa vie, il est en face d’elle, et il n’a pas l’intention de se laisser emporter par quoi que ce soit). (P.82)


Un long extrait trouvé sur le net

Qu’est-ce que c’est, papa ?
Deux autres détonations – BAM ! BAM ! – très rapprochées. Les gens sur la terrasse se mettaient à bouger à droite et à gauche, agités comme des particules prisonnières. D’énormes boules de feu s’enroulaient sur elles-mêmes au-dessus des arbres.
– Papa ?
– C’est le gaz, a dit Ana Upla. Le gaz dans les maisons.
Le feu – BAM ! – a soudain surgi sur la butte en face de nous comme un tigre géant qui bondit, des bruits sont sortis de toutes les gorges, un homme – BAM ! – d’une soixantaine d’années en bleu de travail a jailli hors de la forêt avec le regard fou de celui qui brûle (mais il ne brûlait pas), il hurlait :– Al mare ! Al mare !
– PAPA !
Tout le monde s’est lancé dans la descente vers la mer, j’ai serré de toutes mes forces la main de Géo et nous nous sommes mis à courir, j’avais l’impression de le faire voler derrière moi mais il ne disait rien, il se concentrait pour faire mouliner ses petites jambes au maximum, soudain adulte – j’étais fier de lui et après vingt mètres je me suis aperçu que j’avais laissé mon sac matelot sur une chaise en haut, avec dedans tout ce qui nous restait, j’ai lâché Géo au milieu de la pente et j’ai fait demi-tour, il a poussé un cri de film d’horreur.
– C’est rien, ne bouge pas ! GEO ! ATTENDS-MOI LA ! NE BOUGE PAS !
Je suis remonté comme Carl Lewis en descente (je n’avais pas couru aussi vite depuis le cent mètres au Bac – j’avais terminé sixième sur huit, cela dit, j’ai toujours été nul en course (mais dans certaines situations, on n’est plus vraiment soi, on est celui qui est devant)), un mur de feu se dressait à cent mètres, dans mon dos mon fils pleurait et se déchirait les poumons à m’appeler, seul au monde. J’ai reconnu la voix d’Ana Upla derrière moi : « TANJA ! » – Tanja était restée sur la terrasse, paralysée par l’indécision, si elle descendait avec nous elle fuyait en abandonnant ses enfants et son mari dans le brasier, je l’ai rejointe et j’ai pris mon sac, plus bas Géo criait, submergé par les larmes et la panique, crucifié sur place.
– Tanja, viens, ne reste pas là !
– Descends, j’arrive.
Elle a paru se ressaisir, son regard s’est éclairci, mais au lieu de me suivre, elle est partie en courant vers l’intérieur du restaurant.
– Tanja !
– J’arrive !
Je l’ai vue disparaître derrière la porte vitrée (je ne pouvais pas m’élancer à sa poursuite, la ceinturer et l’emmener sur mes épaules comme un sac, elle est chez elle, elle est adulte, ses enfants et son mari sont peut-être encore près d’ici, quelque part dans le feu – j’aurais dû ?) et je me suis précipité dans la descente vers Géo dévasté qui se désintégrait – heureusement, Ana Upla était restée à ses côtés. Au passage, et malgré ma surprenante vitesse de course (qui rendait tout flou), j’ai jeté un coup d’oeil à notre belle voiture garée, que je laissais derrière nous avec son petit choc sur la carosserie à l’avant et son bouton de warnings cassé.

mercredi 25 mars 2009

Jai craqué (miaou)

Caresse aux chattes, chats, chatons, minous, matous et autres bébettes félines et ronronnantes
Bonjour aux zotres


Le fidèle lectorat de mon bloggounet chéri est déjà au parfum depuis un bail car je l'ai écrit et prouvé à moult reprises ici même
je suis chaccro !

Photo ci-dessous : 4e de couverture.

Aussi n'ai-je pas résisté très longtemps aux petites boules de poils tendrement photographiées par
Jane Burton dans un très beau livre publié chez White Stars et intitulé, je vous le donne en mille si vous donnez votre langue au chat :
Vie de Chat !
Quel sens de l'à propos ! Qu'est qu'on n'invente pas avec un peu d'imagination quand même !
J'aurais mis un s à chats mais bon ne pinaillons pas. J'ai payé le tout 19 euros (pas de quoi fouetter un chat) et me suis hélas aperçue (manque de chatte !) que l'objet de ma convoitise avait un défaut de fabrication. Bon, ça arrive, je le changerai dès potron-minet mardi prochain...

Diaporama félin à déguster ici ! Miaou ! J'adore surtout les photos avec d'autres animaux (lapin, souris, oiseau, etc.)

Musée Haut Musée Bas (expose le gratin du cinéma français)

Bonjour aux ministres de la culture
Bonjour aux conservateurs/trices de musée
Bonjour aux visiteurs/euses d'expo
Bonjour aux zotres

Un autre Jean-Michel (Gourio) est célèbre pour ses brèves de comptoir. On n'est pas loin de ce concept dans Musée Haut Musée Bas de Jean-Michel Ribes qui a adapté sa propre pièce de théâtre à l'écran en réunissant pour l'occasion une collection de perles et une galerie de portraits de comédien(ne)s inspiré(e)s.

Le sujet

Satire artistico-délirante à base d'impressions diverses et variées de personnages iconoclastes réunis dans un musée parisien. Les réflexions les plus idiotes et convenues cotoient les comportement les plus snobs et névrosés.

Mon avis

Dans l'avion qui me ramenait de Chicago vers Paris début février, j'ai passé l'ensemble du vol à regarder des films et des séries que j'ai judicieusement programmés sur l'écran individuel de mon siège en classe économique Air France (j'aime cette compagnie). Je souhaitais accompagner mon boulotage de plateau repas (honnête mais sans plus et meilleur à l'aller puisque "made in France" contre "made in USA" au retour) d'un film léger, facile à avaler et à digérer. Musée haut musée bas était parfait pour l'occasion.

Suite à quelques expériences et conversations parfaitement surréalistes que j'ai eues au musée d'art de Chicago avec des gardien(ne)s de salle, (racontées ici), j'étais en outre très heureuse de voir ce film au catalogue. Je n'ai donc pas été déçue une seule seconde par l'enfilage de perles et de lieux communs débités pendant les 3/4 du film. Je le regardais exactement pour ça et pour les numéros d'acteurs/trices qu'ils occasionnent. Tou(te)s sont parfait(e)s et s'en donnent à coeur joie. C'est caricatural certes, mais réjouissant et que celle ou celui qui n'a jamais entendu la moindre débilité proférée de façon pompeuse lors d'une expo jette la première pierre à Ribes.

J'ai donc totalement adhéré à tout le début et au thème principal du film. En revanche, je n'ai pas du tout mais alors là pas du tout aimé le délire surréaliste végétal et liquide qui se greffe peu à peu sur le film et qui finit par le submerger et, à mon sens, par le faire couler. Sans doute Ribes cherchait-il plus ou moins "comment conclure" mais je déplore qu'il ait choisi de le faire d'une façon aussi "métaphorique" diront certain(e)s mais plutôt merdique à mon avis (j'avais écrit "n'importe comment" mais j'ai changé pour le rythme et pour la rime). Dommage.

Tout sur le film (casting, anecdotes, video, etc.) ici
Site officiel ici

Conclusion

A voir (surtout si vous avez mauvais esprit) pour le casting impressionnant et certaines trouvailles et anecdotes pertinentes et acides. Cela dit, si vous avez autre chose de mieux à faire pendant le dernier quart d'heure raté du film (laver vos bouteilles de lait vides ou trier des piles de vieux journaux), ce n'est pas grave.

mardi 24 mars 2009

Double proposition (doublement honnête)

Bonjour Philippe
Bonjour les zotres

Je ne livrerai pas le scoop du siècle au fidèle lectorat de mon bloggounet chéri si je dis que Philippe Jaenada est mon auteur vivant préféré, les auteur(e)s mort(e)s ayant la désagréable manie (vous l'avez sûrement remarqué aussi) de bouder les séances de dédicaces.

Mais Jaenada pas. Je ne sais pas comment j'ai survécu au fait qu'il me fasse la bise au salon du livre mais aussi vrai que Voltaire son (anti ?) héros s'est sorti du traquenard estival et embrasé de la plage de Manaccora, 16h30 (à côté de laquelle celle d'Omaha (vers 6h30 un certain 6 juin 44) n'était qu'un parcours de santé pour ados attardés), je suis restée d'une zenitude quasi absolue et j'ai même réussi à articuler des mots qui ont grosso-modo formé des phrases avec des bouts d'idées dedans, l'une d'elles étant que je n'avais pas encore lu son dernier roman et que je le voulais (OK, ça fait deux idées mais vachement liées tout de même). Et ce que femme veut... bla bla bla etc.

Merci, donc, aux éditions Grasset de me l'avoir envoyé, l'idée étant que je le critique ici-même et ailleurs après l'avoir lu (ben oui) et avant de le donner à un(e) fidèle des Dîners Livres Echanges. Il en sera donc ainsi !

Quant à moi, il faut dare-dare que je me procure un nouvel exemplaire, personnel et dédicacé cette fois, de ce roman que j'ai presque entièrement dévoré et qu'il me reste à croquer ici même pour, je l'espère, vous faire saliver (car point de suspens inutile : j'ai aimé).

J'ai donc décidé de me rendre à la prochaine séance de dédicaces de Jaenada prévue jeudi 26 mars à partir de 19h00 à la librairie Texture, 94 avenue Jean Jaurès (75019 Paris Métro Laumière). J'ai proposé à quelques personnes de m'accompagner et je suggère :
1 - que d'autres (qui veut et peut) se joignent à nous
2 - que chacun(e) apporte un livre à échanger pour un mini DLE totalement improvisé et sous forme de tirage au sort (éviter les livres hyper connus et lus par tou(te)s ou presque).

Alors, à jeudi soir ?

La photo vient d'ici
Le site de l'auteur est
Extraits du livre
Mon avis sur le livre

Courez voir Slumdog Millionnaire (c'est mon dernier mot)

Bonjour à celles et ceux qui veulent gagner des millions
Bonjour à celles et ceux qui rêvent de dire "c'est mon dernier mot Jean-Pierre"
Bonjour aux zotres


Le bouche à oreille et les critiques élogieuses pullulaient bien avant que Slumdog Millionnaire ne commence à raffler tous les prix possibles et imaginables (dont 8 oscars) et continuent à s'entasser sur la blogosphère. Mon avis manquera donc terriblement d'originalité : j'ai adoré.

Le sujet (que tout le monde connait déjà)
Jamal Malik est un jeune porteur de thé de 18 ans. Il participe à la version indienne de Qui veut gagner des millions et malgré son enfance e son adolescence passées entre bidonvilles et errances, entre vols et violence, entre ignorance crasse et sens inné de la survie, Jamal répond à toutes les questions ce qui en pose une autre : a-t-il triché ou connaissait-il vraiment les réponses alors qu'il est incapable de citer la devise de son propre pays ? Après avoir été torturé par la police, il raconte les circonstances parfois cocasses et souvent dramatiques qui lui ont permis d'accumuler les bribes de connaissances qui lui ont apporté la fortune.

Mon avis (identique à celui des zotres)

Slumdog Millionaire est l'adaptation britannique d'un roman indien de Vikas Swarup : "Les Fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devient milliardaire" et à la sortie de la salle j'étais tiraillée entre deux certitudes opposées mais non incompatibles : celle de l'envie de lire le livre (pas très original me concernant) et celle que je ne mettrai jamais les pieds en Inde, pays qui ne m'a jamais attirée et qui symbolise moult cauchemars que le film dépeint à la perfection. On comprend d'ailleurs très bien que quelques scènes aient été difficiles à tourner sur place (certaines l'ont été clandestinement) et que le ministère du tourisme indien ne soit pas spécialement ravie de l'image donnée par son pays. Mais bon, à qui la faute ?

Si je connaissais l'histoire de A jusqu'à Z jusqu'au thème de la question finale du jeu, il y a une chose à laquelle je n'étais pas du tout préparée et les amies qui m'accompagnaient non plus : la violence du film qui n'a rien d'une oeuvre familiale pour un dimanche après-midi pluvieux. Il nous plonge dans un univers brutal, agressif, dur, malsain, monstrueux, coloré, merveilleusement filmé par la caméra virevoltante et rapide de Danny Boyle dont la virtuosité et le sens du rythme ne sont plus à démontrer. En fait, je ne savais pas que Slumdog Millionnaire était de lui et j'ai pourtant immédiatement songé à Trainspotting (que j'adore) au début du film quand les gosses courent des les rues grouillantes d'un bidonville sordide. Cette scène est géniale.

Cela n'empêche en rien la tendresse et l'humanité de transpirer (quasiment) dans chaque scène tant le portrait des deux frères est touchant et le jeu des jeunes acteurs brillant (avant d'être propulsés à la cérémonie des Oscars, les enfants et les adolescents du film sont eux-même issus des bidonvilles). Shématiquement, le film se découpe en phases, trois âges : Jamal à 8 ans, Jamal à 13 ans et Jamal à 20 ans. J'ai trouvé (et mes amies aussi) que la période de l'adolescence était un peu moins réussie que celle de l'enfance et que toutes les scènes du présent mais il n'empêche que l'ensemble du film est un petit bijou dont l'humour est loin d'être absent. De fait, on rit beaucoup et on se prend totalement au jeu télévisuel d'une part et des combines de Jamal pour survivre d'autre part.

Cela est sans nul doute également dû à la personnalité et au jeu de l'acteur principal, Dev Patel, champion multimédaillé de taekwondo et un des personnages de la série Britannique Skins (qui lui a d'ailleurs permis d'obtenir le rôle de Jamal suite à une suggestion de la fille de Danny Boyle, fan de la série). Sa performance et son humanité touchante lui ont valu plusieurs prix d'interprétation mérités. Quant à Frieda Pinto, elle est juste sublimement belle et rayonnante.

Quelques liens
Infos et extraits video (série Skins, interviews) consacrés à Dev Patel
Tout sur le film ici et
Anecdotes de tournage ici

Conclusion
Oui, c'est vrai, le film est imparfait. Oui, c'est vrai, le côté comédie romantique (parce que évidemment les deux héros s'aiment envers et contre tout) est un peu (beaucoup) mièvre. Oui, c'est vrai, le tout est un peu gros mais une chose est certaine : la mayonnaise prend et on est juste parfaitement satisfait(e) de se laisser haper par la caméra, éblouir par les couleurs, émouvoir par l'histoire et on sort du cinéma en ayant envie d'y envoyer toutes les personnes à qui on veut du bien dont le fidèle lectorat de mon bloggounet chéri !

lundi 23 mars 2009

Après le printemps (bientôt l'heure d'été)

Bonjour aux estivales et estivaux
Bonjour aux hivernales et hivernaux
Bonjour aux zotres


Le passage à l'heure d'été aura lieu le dimanche 29 mars à 2 heures du matin. J'ai toujours du mal à savoir si on doit avancer ou reculer sa montre... Bon, moi je n'en ai pas mais je sous bonne fille et je songe (notamment) à Séguéla et à tou(te)s les zotres porteur(se)s de Rolex ! Après vérification, Clac ! A ce moment précis il sera pile-poil 3 heures. On paume donc une heure de sommeil (mouais, je ne dormirai pas de toute façon). Ce petit sacrifice vaut laaaaaaaaargement le coup puisqu'il est la promesse de looooooooongues soirées estivales. Ahhhhh ! Je me sens déjà re-vi-vreuh !

Et vous ? Vous préférez quoi ? L'heure d'été, l'heure d'hiver ou l'heure de l'apéro ? N'hésitez pas à répondre au grand sondage méga scientifique de la colonne de gauche et profitez-en, dans la foulée, pour répondre aussi à celui concernant mes futures lectures du mois d'avril (détails ici et ).

Restaurant Afaria (Basque, bon et... tout près de chez moi)

Bonjour aux Basques
Bonjour aux affamé(e)s du XVe
Bonjour aux zotres

Il y a quelques jours, j'ai enfin poussé les portes de ce restaurant basque et chalereux qui me fait saliver depuis un moment déjà.


J'ai commencé mon dîner avec un boudin aux pommes revisité, prenant des allures de dessert fondant, léger et délicieux hélas accompagné d'une salade baignant littéralement dans une sauce beaucoup trop vinaigrée (quel dommage que tant de restaurants ne sachent pas faire et doser une simple vinaigrette !!). Je cherche encore le goût de la croûte de moutarde annoncée sur la carte mais bon, peu importe : je répète que cette entrée est aussi originale que succulante et ce n'est pas un hasard si son existence a fait la réputation du lieu.

L'échine de cochon qui suit est confite, fondante, copieuse, un peu trop peut-être et le parti-pris de la servir dans un plat en fonte constitue un effet à double tranchant : la recherche d'authenticité affichée sent paradoxalement l'artifice et le plat baignant dans la sauce devient écoeurant à la longue (trop copieux disais-je). Mais attention, ça reste vraiment bon, très bon même : c'est juste qu'un peu plus de simplicité (en l'occurence une assiette garnie avec sagesse) aurait sans doute été préférable pour apprécier au mieux ce plat.

Avec le dessert, je retrouve le même plaisir de la découverte que lors de l'entrée : une soupe de kiwi inonde une mousse légère au chocolat blanc couverte de pépites sucrées acidulées. Une fois de plus, j'ai trouvé le chi-chi de service consistant à verser la soupe de kiwi à table sous les yeux du client parfaitement artificiel et superflu (un brin ridicule et désuet pour tout dire) et, dans l'absolu, je suis loin, très loin, d'être une accro des desserts au chocolat et encore moins sous forme de mousse. Cela dit, le mélange des saveurs et des consistances fonctionne parfaitement et rien n'est écoeurant. C'est tellement bon et équilibré que le fait de vous en parler et de voir la photo réactive un bon vieux réflexe de Pavlov des familles : je salive ! Miam miam miam (etc.).

Infos pratiques
Restaurant Afaria
15 rue Desnouettes 75015 Paris
Métro Convention
Téléphone : 01 48 56 15 36
Ici une video alléchante de 2'30"

Conclusion
J'ai eu du mal à me décider car beaucoup de choses annoncées à la carte me tentaient. Un tout petit peu cher tout de même en soirée car il n'y a pas de menu (le midi formule à 24 euros) mais c'est vraiment très bon. Je retournerai vite chez Afaria en voisine et je connais quelques habitant(e)s du XVe qui seront ravi(e)s de m'accompagner !

dimanche 22 mars 2009

Lectures bloggesques (de la semaine 12 2009)

Bonsoir Vola
Bonsoir Miser ICB
Bonsoir Gary
Bonsoir Thomas
Bonsoir les zotres

La sélection de cette semaine flatte mon égo à moi que j'ai puisqu'on y parle de moooaaa (mais pas que..).

Quand Vola pratique l'échangisme littéraire
Cela donne un gentil
message concernant les dîners livres échanges.

Quand on croque dans un carré d'anecdote littéraire
Mister
In Cold Blog nous fait découvrir un blog passionnant

Quand on nous explique d'où viennent les titres des livres
Voici le
blog évoqué précédemment grace auquel vous découvrirez parmi d'autres révélations pourquoi Orwell a intitulé son chef d'oeuvre 1984 et pourquoi le facteur sonne toujours deux fois chez James M Cain.

Quand un nouveau magazine pense enfin aux souffrances des milliardaires en temps de crise
C'est
idiot mais c'est ça qui fait du bien !

Quand le concept de "vie privé" évolue
Un article long et passionnant sur l'évolution de la frontière privé/public au cours des dernières années et face à l'avénement de l'internet et des réseaux sociaux

samedi 21 mars 2009

Moi aussi (j'y étais !)

Bonjour à Christophe, Alice, Nathalie, Thierry, François, Catherine, Vola
Bonjour aux zotres

Au cours des jours précédents, j'ai publié ici-même moult photos prises au salon du livre : auteur(e)s en dédicaces, stands variés, participant(e)s au DLE. Ce soir, je change l'angle de vue et je vous prouve que j'étais là aussi et la gravité de mon expression montre assez que je saisissais l'importance de l'enjeu : Reine ou 4 saisons ?


Après notre virée à la nocturne du salon du livre mardi soir, nous avons aterri dans la première pizzeria venue... pas mauvaise mais pas inoubliable non plus et surtout d'une propreté très relative si j'en juge par l'odeur doucereuse de vieux taxi négligé qui flottait insidueusement dans l'air quand celle de la pizza ne la couvrait pas. Dommage, à quelques 150 mètres de là, il y en avait une très bonne (et propre). Mais nos pieds et nos estomacs ont eu raison de mes arguments en faveur d'un peu de patience. Faut toujours écouté Tatie Cissou...

Bah ! L'essentiel était ailleurs, dans le Chianti (pas terrible non plus), dans les livres et surtout dans l'assemblée réunie autour d'eux.


Quelques heures plus tôt Thierry Fourneau signait pour moi son roman Mésalliances édité (et offert) par Le Passage. Merci !


Quelle mise en abyme ! ici j'admire béâte l'air pénétré que j'ai sur la première photo qui illustre ce message.

La date du prochain DLE n'est pas encore fixée mais ce sera sûrement au cours de la 2e quinzaine d'avril...

En avril je lirai (2 auteurs français contemporains)

Bonjour Didier, Frédéric, Yann, Jean-Paul, Martin
Bonjour les zotres

La sélection d'avril devait initalement porter sur des livres zérotiques mais des considérations diverses et variées m'ont fait reporter le projet d'un mois (en mai fais ce qu'il te plait). En avril je lirai des choses plus sages, moins légères... A vous de désigner deux livres parmi les 5 mentionnés ci-dessous. Il s'agit de 5 romans d'auteurs français dont j'ai déjà lu (et apprécié) au moins un livre. J'ai eu la chance d'en "rencontrer" (brièvement d'où les paranthèses) deux lors du dernier salon du livre (voir les photos prises au cours des jours précédents).

99 francs
Frédéric Beigbeder

J'ai lu 3 livres de Beigbeder (L'amour dure trois ans, Nouvelles sous extasy et l'égoïste romantique) et j'aime bien. Mais j'ai découvert cet auteur longtemps après la sortie de 99 francs et, à l'époque, je trouvais le battage médiatique autour de l'homme et du bouquin insupportables.

Une vie Française
Jean-Paul Dubois

De Dubois j'ai lu et aimé Vous plaisantez Monsieur Tanner, livre sympa et réjouissant tant on aime rire des déboires de plus naïf que soi. Je n'ai lu et entendu que du bien à propos de ce livre que je possède en double ou en triple (en vue de futurs dîners livres échanges).

Panthéon
Yann Moix

J'ai lu et bien aimé Podium que j'ai trouvé original sur la forme et intéressant sur le fond. J'ai hésité entre ce titre et Partouz mais j'avais dit que je remettais le thème cochon au mois de mai alors j'ai finalement choisi le livre sur le réglement de compe parental.

La demi-pensionnaire
Didier Van Cauwelaert

J'ai déjà lu 4 romans de cet auteur et 2 autres m'attendent sagement dans un carton. J'adore ! Celui-ci pose la question "que faire lorsqu'on tombe amoureux d'une jeune femme dont on découvre ensuite qu'elle se déplace en fauteuil roulant ?".

Les trois médecins
Martin Winckler

J'avais adoré le grandiose la Maladie de Sachs, mais moins aimé la Vacation trop "répétif" et brouillon. Là encore, je ne compte plus les avis positifs sur ce livre qui évoque les années de fac de Bruno Sachs aux côtés de trois autres étudiants en médecine.

vendredi 20 mars 2009

Choses vues (lors du DLE de mardi dernier)

Bonjour à celles et ceux qui étaient au salon du livre mardi soir
Bonjour aux zotres




De grands enfants plongés dans la grande aventure de l'histoire vue à travers les Playmobil de Richard Unglick dont j'ai déjà parlé
ici.

Vola, Alice et Christophe attentifs au stand du Serpent à Plumes.

Nous buvions les paroles d'Adeline parlant de ses dernières parutions (ici) et aussi, avouons le, un godet de vin blanc !
Est-ce le Chianti ou Une exécution ordinaire de Marc Dugain qui met Christophe et Alice dans cet état d'hilarité ?

Savez-vous pourquoi (Darcy porte ce pull débile)

Bonjour Miss Lou
Bonjour les zotres


La semaine dernière, dans le but de faire gagner une BD, Miss Lou a posé une
question complètement existentielle à propos des goûts vestimentaires de chiotte du futur Monsieur Bridget Jones (argh zut, j'ai cassé le suspens là). Les réponses qu'elle a reçues sont plutôt marrantes et lisibles ici.

J'ai moi-même largement contribué sinon au progrès de la science du moins à l'édification des foules virtuelles en livrant deux versions un brin (de laine) différentes de cette passionnante aventure pull-overistico-rennesque.

Voici mes deux bla-bla légèrement remaniés. A vous de choisir votre préféré...

Version 1 (sage et familiale)

Cette passionnante question ramène le mystère des pyramides d’Egypte, des statues de l’Ile de Pâques, l’énigme du masque de fer, du trésor de l’Abbé Saunières, de l’assassinat de Kennedy et de l’affaire Grégory sans oublier le paradoxe de l’œuf et de la poule ni le doute raisonnable sur l’existence de Dieu et des extra-terrestres au rang de peccadilles pour désoeuvré(e)s, d’enfantillages obsessionnels pour adulescents névropathes à tendance schizo-paranoïdes.

La réponse est aussi bête que le motif du pull et figure dans le tome 3 des aventures de Bridget Jones non publié à ce jour et sobrement intitulé "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Bridget Jones sans jamais oser le demander".

J’explique. 6 ans plus tôt, la mère de Darcy s'est piquée d'une étonnante lubie : elle a ouvert une mercerie. Son sens des affaires calamiteux et ses goûts de chiotte manifestes ont vite fait le reste : le commerce a périclité en moins de temps qu'il n'en faut à une dentellière pour finir un napperon. Maman Darcy s'est retrouvée avec sur les bras quelques emprunts à rembourser et des tas de boutons faussement nacrés, de fermetures éclair voilées, de lacets dépareillés et surtout, de quantités inavouables de pelotes de laine miteuses, aux textures synthétiques, aux couleurs criardes et à la qualité douteuse.

Elle écoule son stock lentement en rendant hommage aux origines canadiennes de son mari et en tricotant horreur sur horreur sur fond de paysages enneigés, de drapeaux rouges et blancs, de feuilles ou pots de sirop d'érable, de portraits de la famille Dion.

Chaque année, à Noël, elle envoie sa dernière création par la poste à son fils unique et préféré. La première fois, il a tellement été effaré par l'affreuseté du résultat qu'il a prétendu ne jamais avoir reçu le colis. Cela n'a servi qu'à attrister sa tricoteuse de mère qui, opiniâtre, a recommencé à l'identique... Ainsi possède-t-il deux pulls vert pomme représentant la carte du Canada dans un camaïeu de jaunes et de sable et ses fleuves bleu EDF !

Depuis, il joue le jeu. Il porte stoïquement sa croix (et sa tenue de réveillon) à la Saint Sylvestre et songe philosophe que le ridicule ne tue pas en enfilant son pull maudit.

Version 2 (moins sage et moins familiale)

A le voir comme ça, on donnerait le bon dieu sans confession à Monsieur Darcy. Son air sérieux, son regard impassible, son attitude constamment réservée lui confèrent la patine terne d'un gendre idéal aux yeux de parents sans folie.

Mais, derrière les apparences, la vérité est toute autre. Dans le milieu de la nuit, Darcy est affectueusement surnommé "Dark Saw" ("la scie sombre" pour les non anglophones) et dans certains clubs échangistes près de la City, on le connait mieux sous le nom de "Dear Sex".

Cette année là, le soir de la Saint Sylvestre, il était convié à une soirée "back to wild" chez un producteur de video érotiques. La nuit promettait d'être aussi sauvage et dévêtue que les déguisements exigés à l'entrée se devaient d'être ridicules et embarrassants. Les filles coulaient à flots, la coke se consommait à la paille et le champagne était en libre service et inversement toutes choses égales par ailleurs.

Darcy plongea dans la soirée comme un gardien de but plonge pour arrêter un penalty : résolument, carrément, éperdument. Il oublia le temps, son corps, son pull et jusqu'au nom de sa mère dans les bras de Gina-Lolo Bridge-Idea, de Jenny the genious, de Cherry Blossom Girl, dans le verre de Lily la tigresse, dans la bouche experte d'une certaine Sonja, une grande transexuelle slave. Surfant de corps en mains, de bras en membres, Darcy enivrait ses sens à la hauteur de sa réputation de débauché : il était partout, nulle part, à fond.

Trop peut-être puisque vers 7h00 du matin, après une Nième séance d'un érotisme plus barbare que torride, il s'effondra dans le coin d'une chambre du 2e étage, oublié parmi le dernier carré d'invités, cuvant, récupérant seul d'une nuit blanche et agitée. Il ne se réveilla que vers midi alerté par les voix de Jamie (8 ans) et Clay (5 ans), les deux enfants de son hôtes, tout juste rentrés de chez leur baby sitter.

Darcy se rhabilla à la hâte, doublement affolé : à l'idée tout d'abord que Clay et Jamie puissent le surprendre nu comme un ver une menotte en fourrure rose encore accrochée au poignet gauche, par l'heure ensuite. Il n'avait plus le temps de rentrer chez lui pour se changer avant de se rendre au traditionnel buffet de nouvel an organisé par les meilleurs amis de ses parents. Tant pis, il irait avec son pull à tête de rêne acheté suite à un pari perdu à Camden Market le soir où il n'avait pas réussi à ramener chez lui cette contractuelle revêche qui venait de coller une prune à son meilleur ami. Ce pull était ce qu'on imagine de mieux en matière de ridicule et il avait dû le porter au stade pour un match Liverpool-Arsenal !

Heureusement, cette horreur possédait des manches longues qui lui permettraient de camoufler ces satanées menottes dont les clefs demeuraient introuvables.
(vous noterez qu'on ne voit pas la main gauche de Darcy sur la photo !)