lundi 21 juillet 2008

L'Auberge des Matfeux à Arnage (72 - miam miam)





Bonjour à Monsieur Souffron
Bonjour aux zotres



Il se trouve que j'ai signé la promesse de vente de mon appartement le 15 juillet 1998. Pas besoin d'avoir eu une mention à son bac C pour remarquer que, le week-end du 14 juillet, ça faisait 10 ans pile-poil.

J'ai souhaité célébrer l'événement dignement dans un des meilleurs restaurants sarthois, l'Auberge des Matfeux, tout près du Mans et encore plus près du circuit où se déroulaient les 3 journées de Le Mans Classic, manifestation sportive devenue culte dès sa 3e édition (j'en reparlerai). Vivement la 4e ! Sur le trajet, nous croisons vieilles Bentley, Jaguar anciennes, Porsche rutilantes. Dans les rues d'Arnage, 3 Ferrari écarlates sont garées l'une derrière l'autre, parmi d'autres joyaux automobiles plus nombreux dans les rues ce jour-là que les voitures "communes". Impressionnant.

Sur le parking du restaurant, trois splendides joujoux des années 20 ou 30, bichonnés comme des Top Models et immatriculés en Irlande, laissent présager une clientèle aussi sportive que cosmopolite.

Elle s'avère surtout grisonnante et locale... A une table voisine 4 veuves en goguette fêtent avec gourmandise (et accent du cru) les 80 printemps de l'une d'elles.

Après un très joli petit salon directoire, la décoration de la salle surprend par sa laideur et agresse la vue (et le sens commun) par son hétérogénéité. Un mur de pierre et sa cheminée rustique côtoient un panneau moderne et multicolore égrainant des noms de plats, sur un autre mur de longs triangles jaunes et rouges jurent avec le camaïeu violet de la moquette et plafond bleu EDF d'où pendent de ridicules lustres en pâte de verre à dominante rouge. On croirait l'endroit tout juste sorti des mains de Valérie Damidot, la barbouilleuse en chef de D&Co sur M6 à moins qu'il ne soit l'oeuvre d'un(e) daltonienne sans complexe. Le tout manque terriblement de goût et mériterait de gagner en sobriété et en harmonie. Un bon coup de peinture neutre s'impose.

Heureusement, les tables espacées et ornées d'un discret bouquet de fleurs fraîches sont tendues de linge blanc, les sièges beiges sont hyper confortables et les yeux ont fort à faire avec une carte riche aux prix doucement provinciaux : menus comprenant 2 entrées + plat + fromage + dessert à 38 ou 51 euros, repas dégustation ou tout homard à 72 euros environ. Nous choisissons le premier menu et la fête des papilles commence.

Les amuse-bouches au poisson et les cocktails à base de Champagne et framboise donnent le ton : ce sera bon, très bon même. En début de repas, le choix est unanime. La première entrée est un délicieux mariage de fleur de courgette et de crustacées bientôt suivi de somptueuses ravioles de langoustines.


Le poisson du jour était de l'espadon grillé à la provençale.


Habituellement, je trouve le goût des bêtes à plumes trop fort ; je ne mange donc jamais de volaille autre que dinde ou poulet. Mais là, j'ai toute confiance dans les talents du chef. Comme je le fais parfois dans les très bons restaurants, je choisis sciemment ce qui ne m'aurait pas attiré ailleurs : des filets de caille aux agrumes et à la compotée de figues accompagnés d'haricots verts parfaits et d'une impressionnante tarte fine tomate-courgette. C'était à tomber par terre. Je crois que c'est ce que j'ai préféré de tout le repas. J'en salive encore en écrivant ces lignes.


Le plateau de fromages est mémorable. Ces derniers sont parfaitement affinés et servis plus que généreusement. Je choisis pourtant une salade accompagnée de bonbons de Langres fondu dans des feuilles de brick craquantes, afin de faire honneur à mon assortiment de desserts composé de 3 desserts froids (salade de fruits, soupe de fraise dans une fine tuile et glace aux amandes et aux éclats de nougatine comme jamais je n'en avais goûté jusqu'ici) suivis de trois desserts chauds (crumble à l'abricot, moelleux au chocolat, figues poivrées rôties au miel sur un biscuit aux amandes). Tout était délicieux mais le truc aux figues était juste D.E.M.E.N.T. (et je pèse mes mots).



J'aurais volontiers enchaîné avec l'appétissant dessert tout abricot mais je n'ai eu droit qu'à une cuillerée du surprenant (et délicieux) sorbet au basilic. J'avais déjà eu l'occasion d'en goûter à deux reprises mais les précédents n'arrivaient pas à la cheville de celui-ci.


Je me suis vengée sur les mignardises en commençant par le mendiant au chocolat (dont je n'ai jamais été très fan) et en poursuivant crescendo avec les framboises à la crème légère, le petit financier et surtout le divin bavarois aux fraises posé sur un traou mad fondant à souhait.

Le service était efficace sans affectation, souriant, sympathique. Le déjeuner était en tous points mémorable, accompagné de délicieux petits pains variés, dorés, craquants et d'un Saint Amour recommandé par un sommelier passionné.

Un petit bémol toutefois : si l'addition pour ce festival gustatif était loin d'être salée, le contenu de nos trois premières assiettes aurait, lui, gagné à l'être un chouia moins. Dommage, à ce détail près, le repas était parfait. Le cuisinier ne goûte-t-il pas ce qui sort de ses fourneaux ? Pleurait-il ce jour-là (de bonheur j'espère) sur ses marmites ?

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