mardi 15 avril 2008
l'air (de rien)
Bonjour aux cervelles de moineau
Bonjour aux têtes de linotte
Bonjour aux étourneaux
Bonjour aux vraies bécasses, Bonjour aux faux cons, Bonjour aux zotres
Cela ne m'a jamais dérangée le moins du monde d'avoir l'air débile et de passer pour une idiote. Je dirais même qu'à certains égards, je cultive ma "stupid attitude" avec application et je n'hésite pas à vous faire part ici même de ses manifestations les plus caractéristiques et bloggogéniques (perte de clefs, épopée vélibesque, soirée avec un ex, etc.). Je ne vous ai pas encore parlé vestes ? Question de timing... Je ne vous ai pas encore raconté ma varicelle ? Ca va venir un jour...
Ne voyez aucune marque de modestie dans ma propension à étaler mes penchants ânesques et mes ratages... Au contraire !!! Je suis tellement convaincue du bon fonctionnement de ma cervelle que je me fous comme ma première chemise d'être prise pour une demeurée. Je n'ai rien à prouver et si l'insondable profondeur de mon esprit échappe aux zotres, ce n'est mon problème. Voila, voila, voila.
La dernière fois que je suis passée pour la dinde de service, c'était ce soir, dans le métro. J'ai provoqué quelques regards obliques un brin condescendants à cause du roman de Bill Bryson que je lisais avec délectation, un sourire béat aux lèvres ponctué de gloussements caractéristiques d'une hilarité (mal) contenue. Le livre, MOTEL BLUES, est le 3e que je lis de cet auteur et le 3e qui provoque chez moi des effets euphoriques et des manifestations de contentement peu compatibles avec la contenance impassible et la froideur distante requises lorsqu'on emprunte le reseau de la RATP.
Moi je rigolais toute seule avec mon bouquin dans une main et mes chemisiers de soie sortis du pressing dans l'autre (le fait que j'étais chargée comme une mûle a certainement contribué à mon air cloche). Sans susciter la réprobation, le rire est suffisamment rare dans le métro pour déclancher quelques froncement de sourcil et plissements d'yeux surpris voire consternés. Chacun sa façon d'entretenir ses pattes d'oie...
Bill Bryson a une manière d'écrire qui me met en joie d'une part et me correspond assez d'autre part : il possède un incroyable sens de l'observation et une bonne dose d'autodérision qui pimentent le moindre récit du quotidien de détails croustillants, d'images frappantes, de souvenirs décalés, de digressions calamiteuses qui feraient passer Pierre Richard pour votre inspecteur du fisc. Je ne peux lire un livre de Bill Bryson sans me marrer d'une part (ça vous l'aviez compris) et sans penser aux personnages de Gary Larson d'autre part. Ceux de Bryson ressemblent aux dames à lunettes et à la galerie de "nerds" dessinés par l'auteur de "The far Side", cette incomparable série de dessins (parfois au 28e degré) qui égratignent les américains et croquent des tranches de vie souvent surréalistes.
Outre leur nationalité et leur talent dans leurs domaines respectifs, les deux hommes partagent un humour qui me parle : celui de l'observation un brin décalée mâtinée d'un zeste de mauvaise foi et d'un soupçon de fatalisme (Murphy n'est jamais loin).
Je partage cet état d'esprit et je m'efforce de le cultiver au quotidien car la vie est une grande aventure dont les menues péripéties sont autant de prétextes à cultiver son sens de l'humour et de la dérision. Rien n'est vraiment grave (enfin si mais bon... ) et tout peut être matière à rire y compris (ou surtout) soi-même que ce soit face à un Tupperware impossible à fermer dont le contenu finit immaquablement par terre (de préférence sur un tapis ou une moquette) ou devant un bocal de pâté impossible à ouvrir : un jour, en désespoir de cause après avoir tenté plus de méthodes qu'il n'y a de positions dans le Kamasutra, j'ai testé la technique du marteau : très efficace mais déconseillée tout de même en raison des éclats de verre qui finissent dans votre assiette et font font une concurrence déloyale au croquant des cornichons.
Les auteurs français qui partagent ce talent sont rares ; Beigbeder dans une certaine mesure même si ses penchants naturellement "content de soi" font qu'il renoncera toujours à pousser le grotesque d'une situation pour le plaisir narcissique d'un bon mot ou d'une belle affiche de pub (ventre parfaitement plat) pour les Galeries Lafayette. Le seul exemple hexagonal qui m'apparaît comme une évidence est Philippe Jaenada. Son premier roman Le chameau Sauvage (prix de Flore 96 ou 97, j'ai la flemme de vérifier... l'année et Laure Tograff du poil que j'ai dans la main) est un modèle du genre, que dis-je un étalon à bosses... L'explication même du titre est la parfaite illustration de cette tendance. Pas étonnant que ce soit un de mes livres culte.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
Elle est excellente la photo! :-)
Chris
http://jeuxdecritsintimes.blogspot.com/
Je suis heureux que tu aimes, toi aussi, Bill Bryson. Je suis absolument fan de son travail, même son dernier livre, sur l'histoire de la science (alors que plus littéraire que moi...). Je suis même tombé par hasard sur un de ses livres sur un marché de Londres, au bord de la Tamise. Je posais pour une photo d'une copine, en faisant semblant de prendre un livre... et c'était un Bill Bryson! Depuis, je me sens très lié à ce petit gars! (Même si on avait déjà une connection humoristique).
LISEZ BILL BRYSON!!!
@ Chris : je confirme
@ Gael : as-tu lu "Mother Tongue" sur la linguistique ? C'est excellent ! Qui peut imaginer quelqu'un(e) écroulé(e) de rire en lisant un livre de linguistique ?
Non, il faut vraiment que je me penche sur ses oeuvres non traduites. Il en écrit des tonnes, et il doit y avoir de petites perles là-dedans!
Enregistrer un commentaire