jeudi 16 juin 2011

Ouvrez, ouvrez la cage (aux zoizox)

Bonjour mister Az
Bonjour à celles et ceux qui aiment les oiseaux
Bonjour à celles et ceux à qui il ne viendrait pas à l'idée d'en avoir chez soi en cage
Bonjour aux zotres

La vie n'étant jamais simple, il arrive qu'une bonne action ponctuelle encourage de vilains penchants récurrents.

Figurez-vous qu'un jour à Dakar, un jeune homme m'accoste (jusque là on frôle le pléonasme) une cage à la main (ça, en revanche, c'était inédit).
Il me réclame 6000 francs CFA (un peu plus de 9 euros) pour libérer son contenu.

Intriguée je me penche et je constate que la dite cage est remplie d'oiseaux. Tellement remplie qu'ils se marchent ou plutôt se volent dessus, se donnent des coups d'ailes et je n'ose imaginer leur état de panique et de fatigue par cette chaleur.

Je lui dit que je veux bien libérer ses oiseaux, que oui, ça m'intéresse mais 6000 francs c'est trop cher et que là je n'ai pas le temps, je vais déjeuner mais après, s'il est toujours là, on discutera du prix. Il insiste à peine ce qui est surprenant suivant les standards locaux et m'explique que cette libération me portera bonheur pour tout le reste de la journée (note pour mon fidèle lectorat : libérer de préférence des oiseaux vers 6h du matin).

Une fois ma pause déjeuner terminée, je constate en parcourant les 150 mètres qui me séparent de mon lieu de travail que mon captureur d'oiseaux a disparu et je m'empresse de l'oublier ce qui, je l'affirme ne me porta pas malheur.

Mon charmant collègue avait organisé un tour de Dakar en taxi le lendemain après-midi et là, que vois-je sur la corniche près du Novotel : mon kidnappeur de plumes, sa cage bondée toujours à ses côtés. Sont-ce les mêmes zoziaux ou pas ? Mystère...

Une courte négociation et le fait que je tende un billet de 1000 et un autre de 2000 me permet d'ouvrir la porte pour la moitié du prix demandé et, alors que les plus futés trouvent assez vite le chemin des airs et que je secoue la cage dans tous les sens pour tenter d'expulser les moux du bulbe de leur prison, je songe que le destin de ces pauvres bêtes affaiblies est certainement de finir dans le bec d'un vautour dans les heures qui suivent ou de retomber dans un piège tendu par un collègue du type à qui je viens de filer 3000 francs CFA.

Je me dis aussi que le fait de payer pour libérer des oiseaux ne va rien faire d'autre que l'encourager à en capturer de nouveaux dans un pays où un vendeur de cartes Orange à la sauvette (généralement guinéen) touche, paraît-il, moins que cette somme en une journée de travail.

Pendant que je pense à ça, mon collègue à qui j'ai suggéré de prendre la pause comme moi afin de montrer la photo attendrissante d'un gentil papa à ses 3 enfants, libère les derniers volatiles et m'informe que deux sont morts au fond de la cage. Ca ne m'étonne pas.

Le tortionnaire de piafs nous regarde impassible. Renfrogné mais impassible.

Alors au lieu de râler, de lui faire la morale ou je ne sais quoi, je lui demande pourquoi il met autant d'oiseaux dans sa cage et lui révèle que n'importe quel touriste sera prêt à payer le même prix quelque soit le nombre d'oiseaux à libérer et que ce n'est pas la peine d'en attraper trop... et j'ajoute, presque malgré moi : "ça serait mieux d'avoir deux cages".

3 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Épineuse situation !!! Et dont le sens m'échappe...

zarline a dit…

Toujours le même dilemme, comme avec le petit chiot au regard triste qui sera remplacé dans les heures qui suivent notre "sauvetage". Bon au moins là, on a pas le petit chiot en question sur les bras ;-) Mais j'ai trouvé ta conclusion très drôle, je pense que je lui aurais dit exactement la même chose. Tu vas être à la base d'un business des oiseaux en cage.

Cécile Qd9 a dit…

@ Lili : c'est sensé porter bonheur

@ Zarline : sans compter que le chien devenant gros on l'abandonne en foret la veille des vacances...