Bonjour aux amant(e)s
Bonjour aux zotres
Les comédies romantiques US ne sont pas des films que je vais voir spontanément au cinéma. J'ai vu celle-ci en projection presse. Je suis entrée dans la salle avec une tonne de préjugés et, après l'avoir vu, je confirme que si vous n'allez au cinéma qu'une fois tous les 36 du mois, Sexfriends n'est pas une priorité absolue et je vous conseillerais plutôt Le discours d'un roi par exemple...
Cela étant posé, si vous allez au cinéma souvent, la donne est différente. Je me suis surprise moi-même à bien aimer ce film, à sourire du début à la fin et à marcher (non, pas uniquement pour le bel Ashton Kutcher qui devrait faire un petit régime !) au point qu'à la sortie j'ai ressenti le besoin de demander à d'autres personnes présentes si elles avaient aimé ou non. Dans l'ensemble, pas du tout (pour des raisons qui m'ont fait un peu halluciner tout de même vu que nous savions que nous n'étions pas face à un film Art et essai) mais cela ne change rien au fait que moi, ben oui, j'ai aimé...
Le sujet
Emma et Adam se connaissent vaguement et se sont croisés brièvement à diverses reprises au cours de leur adolescence. Quand ils retombent l'un sur l'autre au propre comme au figuré, Adam vient de recevoir un choc plutôt humiliant et Emma est une interne en médecine surbookée et littéralement paniquée à l'idée de s'engager. Ces deux là étaient donc fait pour coucher ensemble et rien de plus même si affinités.
Mon avis
L'affiche prévient "Entre "Sex Friends", il faut respecter quelques règles de base : Ne jamais s’offrir de cadeaux. Ne pas dîner en tête à tête. Accepter la concurrence. Oublier le mot "chéri(e)". Toujours partir avant le petit-déjeuner. Et surtout, ne jamais tomber amoureux ! Est-ce bien clair pour Emma et Adam ?
Il est clair que sans le dernier avertissement, il n'y aurait pas de film car ce n'est évidemment pas déflorer le sujet ou bousiller un suspens haletant que de dire qu'évidemment l'amour va compliquer la donne si parfaitement simple en théorie... Quant aux 5 autres règles, je ne suis d'accord qu'avec la 3e : la sexfrienditude fonctionne s'il n'y a pas exclusivité, je dirais même que ça ne fonctionne QUE sous cette condition. En fait, il y en a 2 autres que ne suggère pas le nom que les anglo-saxons ont donné au concept :
- la première est de ne surtout pas choisir un/des ami(s) comme sex friends car on est nettement plus sûr(e) de gâcher une amitié que de trouver un(e) bon(ne) amant(e) !
- la seconde est de ne pas imaginer que ça peut durer éternellement (même si ça peut tenir un moment). Mais qu'est-ce qui dure en ce bas monde de nos jours, hein ?
Pour le reste, les règles mentionnées sur l'affiche sont bidons : s'il suffisait d'offrir des cadeaux ou de dîner avec quelqu'un(e) pour tomber amoureux/se ça se saurait. Elles sont même contreproductives dans la mesure ou la sexfrienditude a besoin d'un minimum d'entretien autre que physique, de plus de quelques heures sous une couette. Elle se nourrit de complicité, de partage. C'est finalement quelque chose de très affectif.
En fait, je connais bien le sujet. La pratique du "sexfriendship" fut pendant quelques années une sorte d'art de vivre des plus agréables, à la fois hédoniste et pragmatique, empreint de légèreté (équilibrante), de plaisirs divers, de (bonnes) surprises variées, de découvertes sensuelles et, accessoirement, de (beaux) souvenirs pour mes vieux jours (mais pas forcément à raconter à mes petits enfants !!!).
C'est sans doute pour ça que le sujet du film m'intéressait à la base : je voulais voir comment il était traité, je voulais non pas m'identifier à Natalie Portman (la pauvre ne m'arrive évidemment pas à la cheville) mais reconnaître certains traits de caractère, sourire à certaines situations vaguement vécues.
Hélas, aucun homme ne m'a jamais offert un bouquet de carottes. mais est-il trop tard ?
Le film ne va pas si loin et n'a pas spécialement vocation à dresser une analyse sociologique du phénomène mais bel et bien à dérouler la mécanique de toute comédie romantique US qui se respecte : 2 êtres qui se désirent, s'attirent puis s'aiment et vont forcément finir ensemble alors qu'on croyait (mon oeil) que tout était perdu... Tous les ingrédiens sont là : les amis un peu lourds qui donnent de mauvais conseils, la soeur épanouie qui donne de bons conseils, le rival cynique, l'autre fille éperduement amoureuse, la musique sirupeuse, la rupture fatale, les quiproquos, la jalousie et... ZE happy end ! Ahhh !
Il n'en reste pas moins que si j'ai détesté certaines scènes louchant vers le graveleux et qui m'ont rapellé certains dialogues de la série Californication (où faute de scénario on fait du Jean-Marie Bigard lourdingue), j'ai bien aimé ce film pour les raisons évoquées plus haut, mais aussi, je crois parce que s'il respecte les codes du genre, il en casse au moins 2 :
- à la base les héros ne cherchent pas l'amour, ils cherchent même à l'écarter de leurs pensées voire à le fuir,
- c'est bien Emma et non Adam qui dirige la relation et en impose les règles. C'est elle le moteur de l'histoire et le leader de l'action. Girl Power ! Yeahhh !
Côté casting, le couple fonctionne. Ashton Kutcher est sympa, délicieusement souriant et mal coiffé et Natalie Portman donne beaucoup de peps à son personnage.
Quelques liens
Allociné pour plus d'infos
Une interview du sociologue Jean Paul Kauffman sur le concept
Conclusion
J'ai passé un très bon moment de détente souriante. Une comédie romantique plutôt dans la moyenne haute du genre et abordée sous un angle moins romantico-édulcoré que d'habitude.
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