jeudi 30 juin 2011

Jeu idiot (de juin 2011)

Bonjour à celles et ceux qui privilégient le confort à l'esthétique
Bonjour à celles et ceux qui font l'inverse
Bonjour aux zotres

Les messages précédents, les métaphores pédestres et la thématique franchement pompesque (et j'espère pas trop pompeuse et encore moins pompante) qu'ils contiennent m'a donné l'idée d'un jeu idiot à base de question...

Quelle est pour vous le comble de la laideur en matière de godasse (celles juste en dessous sont de mauvais goût, nuance...).

Pour moi, le comble de la chaussure moche se résume à un mot, ou plutôt une marque Birkenstock ! Je crois que dans un enfer conçu sur mesure pour me pourrir l'éternité on m'obligerait à porter des Birkenstock... avec des chaussettes de tennis blanche avec des rayures horizontales bleues au mollet.

Si les savattes, mules et autres tongs sont déjà fâcheusement laides, le comble du pire de l'horreur sur le plan esthétique est selon moi atteint avec les nus pieds. Et vous, quel est votre cauchemar visuel côté chaussures ? Envoyez vos liens en commentaire.

Un cadeau à choisir pour celle ou celui qui aura trouvé les pires chaussures du net !

Coup de pompe (de juin 2011)

Et puisque je parlais de marche et de nouveaux horizons, voici une paire de chaussures dont je doute qu'elles permettent d'aller loin mais qui, au moins, font prendre un peu de hauteur.

Il parait qu'elles sont en partie constituées de bouse d'éléphant... Si j'étais mauvaise langue je dirais que ça se voit... D'un autre côté, ça porte bonheur (surtout pour le pied gauche !).

Source où voir d'autres modèles délirants comme les pompes avec bonbonnière intégrée...

jeudi 23 juin 2011

Motivation (maximale)

Bonjour aux sportives et aux sportifs d'extérieurs
Bonjour à celles et ceux qui jouent plutôt en chambre
Bonjour aux zotres

Celles et ceux qui me connaissent et me lisent ici le savent : j'ai un immense respect pour le sport et, j'évite donc de ridiculiser une activité aussi noble en la pratiquant de manière aussi minimaliste et épisodique que les excès de macarons et de rillettes me le permettent.

Non, bon, en vrai je n'aime pas ça. Pas du tout même. sans doute n'a-t-on jamais trouvé d'arguments suffisamment puissants et ciblés pour me motiver. Il aurait sans doute suffit d'un rien pour qu'il en soit autrement...

J'en profite pour vous suggérer de lire ou relire le récit (très-hyper-pidant) de ma toute toute première fois toute toute première fois-ah-ah (comme dirait Jeanne Mas)... en Vélib !

dimanche 19 juin 2011

Sélection bloguesque (de la semaine 24)

Bonjour Lili galipette
Bonjour Gangeous
Bonjour ICB
Bonjour miss Zen
Mes condoléances Lily
Bonjour les zotres

Cliquer sur le mot Quand pour accéder au message d'origine

Quand je devrais en faire autant
Le problème n'est pas tant que mes to do lists se transforment en cimetières d'envies, le problème est que j'ai trop d'envies pour que mes to do lists soient humainement gérables : du coup j'apparais comme velléitaire et ingérable alors que je suis juste insatiable...

Quand Gangeous conforte mon envie de relire Fatou Diome
Ce que Gangeous écrit à propos de Fatou Diome donne plein d'excellentes raisons de poursuivre ma découverte de cette auteure sénégalaise dont j'ai découvert l'excellent Ketala pendant mon escapade dakaroise.

Quand Mister ICB se lance dans le jeu de mots foireux
Je découvre grâce à mister ICB un trobogosse dont je n'avais jamais entendu parler : Arthur Cravan qui quitta la France pour échapper à la première guerre mondiale mais mourut tout de même fort peu naturellement en 1918.

Quand Liligalipette s'indigne contre l'indignation
Lili Galipette a bien raison, l'auteur nous balance son âge comme un argument de poids alors que j'ai tendance à y voir un signe de date limite de pensée dépassée. J'adore l'Edmondisme Rostandien en fin de message.

Quand Lily organise le dernier voyage d'un hamster
C'est tendre et ça me donne l'occasion de me rappeler que lorsque j'étais enfant, bizarrement, mes zanimox de compagnie ne mourraient jamais mais il arrivait toujours un jour où mon père décidait de les libérer à la campagne pour qu'ils soient plus heureux. Généralement je découvrais la chose lorsque je rentrais de l'école et bon, face à l'argument massue du bonheur de la bestiole je ne pouvais guère étaler ma peine égoïste !

samedi 18 juin 2011

Lac rose (ou gris)

Bonjour aux hommes qui récoltent le sel du lac rose
Bonjour aux femmes qui le conditionnent
Bonjour aux zotres


Le lac rose se situe à environ 35 km de Dakar et il faut entre 1h et 1h30 pour s'y rendre en taxi (pas cher) avec un guide de préférence non pas pour qu'il vous fournisse des explications détaillées sur le site (internet le fera beaucoup mieux !) mais pour qu'il vous assure une paix très relative face aux multiples vendeurs/euses et autres sollicitations diverses auxquels vous aurez à faire face sur place au point que certain(e)s internautes écrivent pis que pendre sur le sujet au point de dire que c'est le pire endroit d'Afrique. Certain(e)s parlent d'agression, les on-dit racontent que c'est le repaire de tous les brigands de Dakar.

Comme la saison n'était pas encore franchement touristique, nous avons été relativemen épargnés et un ou deux billets de mille francs CFA (1,5 euros) suffisent généralement à calmer le jeu. L'autre secret pour "acheter" (sic) sa "tranquillité" (re-sic) est de "choisir" (re-re-sic) une vendeuse et de prévenir "si j'achète quelque chose ça sera à mon amie que voici et à personne d'autre". (re-re-re-sic). Cela dit, je me suis malgré tout énervée à cause d'une emmerdeuse collante qui refusait les règles du jeu décrites ci-dessus et du coup les femmes se sont chamaillées entre elles. Cela dit, franchement, quand on voit les conditions de vie des gens sur place, l'agacement devient relatif et un "puisque c'est comme ça je ne vais rien acheter à personne" a calmé les esprits.

Le lac rose tire sa couleur (sensée être vraiment très rose donc : j'ai vu des photos) d'une algue et a une densité de sel impressionnante (on ne peut pas couler) et les hommes s'enduisent la peau de beurre de karité afin de beigner toute la journée dans cette espèce de saumure. Les femmes charient le sel gris récolté, le mettent en sac.

Ca pue mais c'est beau. Un brin lunaire, irréel. Pas rose comme annoncé sur les prospectus et partout en ville AVANT que tu ne te rendes au Lac. Je dis bien avant car après on t'explique que le lac n'est rose que par plein soleil et vent fort et que de toute façon ça fait environ 2 ans qu'il ne l'est pratiquement plus. Bon. Mais tout de même, on voit bien que les rides qui ondulent l'eau grise ou marron selon les angles ont de vagues reflets rosâtres.

Des videos du site ici
http://www.youtube.com/watch?v=IZxEvQpymoQ
http://youtu.be/cKdnCzwHvkw

vendredi 17 juin 2011

Kétala (de Fatou Diome)

Bonjour aux objets
Bonjour à celles et ceux qui, comme moi, aiment les posséder
Bonjour à celles et ceux qui les trouvent encombrants
Bonjour aux zotres

Depuis mon voyage à Singapour l'an passé, lorsque je pars à l’étranger, j’aime bien emporter dans mes bagages, ou me procurer sur place, un roman se déroulant dans la ville où je séjourne ou écrit par un(e) romancier local(e). Aussi étais-je ravie de récupérer Kétala de la sénégalaise Fatou Diome lors d’un Dîner Livres Echanges quelques jours avant mon départ pour Dakar.

Le sujet

Les objets qui meublent l’appartement de Mémoria sont doublement tristes :
- Leur maîtresse vient de décéder
- Ils savent que d’’ici quelques jours ils seront dispersés lors du traditionnel Kétala et plus personne ne sera en mesure de raconter l’histoire de Mémoria dans son intégralité.
Aussi décident-ils de profiter des 5 jours et 6 nuits qui les séparent du Kétala pour échanger leurs souvenirs et tresser, ensemble, l’histoire de Mémoria.

4e de couverture (trouvé ici)

Que restera-t-il de nous ? Peut-être des souvenirs, magnifiés, interprétés, réinterprétés ou, pire, falsifiés. Inanimés, nos meubles, nos habits, nos objets familiers jalonnent le sillage de notre vie. Ils sont les témoins silencieux de nos joies et de nos peines. Pourtant, lorsque quelqu’un meurt, nul ne se soucie de la tristesse de ses meubles. Le Kétala, le partage de l’héritage, disperse tout ce que possédait celui ou celle qui n’est plus. Attristés par leur séparation imminente, des meubles et divers objets cherchent un moyen d’éviter l’éparpillement des traces de Mémoria, leur défunte et aimée propriétaire. Masque propose à ses compagnons d’infortune une stratégie fondée sur la parole : « Je viens d’une civilisation où les hommes se transmettent leur histoire familiale, leurs traditions, leur culture, simplement en se les racontant, de génération en génération [...] Comme nous ne pourrons pas empêcher les humains de nous disperser, je propose que chacun de nous raconte aux autres tout ce qu’il sait de Mémoria. Ainsi, pendant les six nuits et les cinq jours qui nous séparent du kétala, nous allons tous, ensemble, reconstituer le puzzle de sa vie [...] On ne peut pas toujours emmener les siens avec soi, mais on part toujours avec sa mémoire.

Petite précision sur le Kétala

J’ai demandé à plusieurs personnes à Dakar et il semblerait que le Kétala ne soit pas tant une tradition musulmane que sénégalaise.

Mon avis

Je n’avais jamais entendu parler de Fatou Diome avant de m’accaparer (carrément) Kétala lors du dernier DLE. La découverte et la surprise furent donc aussi totales qu’agréables. J’ai bien sûr eu plaisir à me promener à nouveau mentalement dans les rues de Dakar que j’avais arpentées la veille mais mon plaisir à lire ce livre dépassa de très loin le strict domaine géographico-touristique.

Outre l’originalité du traitement et la réussite formelle (le roman est bien écrit, dans une langue assez poétique et pétrie d’humour), le principal intérêt que j’ai trouvé à Kétala est évidemment sociologico-analytique. Les objets bavards de Fatou Diome évoquent mine de rien des sujets aussi dépaysants que délicats tels que les mariages forcés, l’amour, la sexualité, l’exil et les devoirs qu’il engendre envers la famille restée au pays, la cupidité de celle-ci à l’égard de l’enfant parti(e), la solitude, les non dits et quelques autres plus compliqués encore à aborder dans une société africaine et musulmane où l’on préfère croire que certaines choses n’existent pas du tout.
Je dois formuler un tout petit bémol concernant certains passages qui m’ont semblés par trop scolaires à grands renforts de citations et de précisions insistantes mais cela ne gâche pas la qualité et l’intelligence du projet dans son ensemble.

Prologue

Lorsqu’une personne meurt, nul ne se soucie de la tristesse de ses meubles ! Tout était propre : dans la chambre, le lit n’était pas défait. Dans la salle de bain, la brosse à dents penchait encore sa tête hors d’un verre mauve. Sur le lavabo, un dernier flacon de parfum attendait son sensuel usage. Équipée avec goût, la cuisine suggérait la gourmandise. Seule une tache de café difforme semblait tatouée sur le carrelage, mais il fallait un esprit bien mal tourné pour la remarquer. Les fauteuils se tenaient tranquilles au salon, en face de l’ordinateur éteint et du téléviseur dont le bouton de veille rougeoyait sans insolence. Silencieux décor, corps du silence, à lui tout seul un langage ...

Liens vers quelques analyses et avis positifs

Décryptage intéressant sur afrik.com
Un avis élogieux sur Les belles noires tout comme chez Lo ou chez Nahe
Bio de l'auteure sur Wikipedia

Conclusion


Une agréable et intéressante découverte qui me donne d’autant plus envie de découvrir d’autres ouvrages de Fatou Diome que la blogosphère ne tarit pas d’éloges sur certains d’entre eux. Je conseille vivement !

Troupeau (de gazelles)

Bonjour aux gazelles et aux gazoux
Bonjour à celles et ceux qui les boivent
Bonjour aux zotres


Au Maroc, une gazelle est avant tout une occidentale susceptible d'acheter des babouches, des poteries, des boites en bois ou tout autre souvenir supposé local.

Au Sénégal, cette occidentale devient "La plus belle femme du monde" ou "Miss France" ou plus fréquemment "Madame gentille qui est mon amie" (tout mon portrait quoi). La gazelle est une marque locale de boisson : Une bière de 66 cl (hips !) en version alcoolisée, un soda hyper sucré en version soft.

Le parfum de prédilection est l'ananas mais, comme dit la pub locale, la famille s'est agrandie et compte désormais pomme, grenadine, orange-mandarine ou, mon préféré car moins sucré en apparence : pamplemousse.

Hélas, je n'ai pas trouvé de canettes (j'ai demandé plein de fois si ça existait) et ne pourrait donc pas organiser de dégustation lors du prochain dîner livres échanges (DLE pour les zintimes) en revanche, j'ai rapporté du Vimto et du bissap !

jeudi 16 juin 2011

Ouvrez, ouvrez la cage (aux zoizox)

Bonjour mister Az
Bonjour à celles et ceux qui aiment les oiseaux
Bonjour à celles et ceux à qui il ne viendrait pas à l'idée d'en avoir chez soi en cage
Bonjour aux zotres

La vie n'étant jamais simple, il arrive qu'une bonne action ponctuelle encourage de vilains penchants récurrents.

Figurez-vous qu'un jour à Dakar, un jeune homme m'accoste (jusque là on frôle le pléonasme) une cage à la main (ça, en revanche, c'était inédit).
Il me réclame 6000 francs CFA (un peu plus de 9 euros) pour libérer son contenu.

Intriguée je me penche et je constate que la dite cage est remplie d'oiseaux. Tellement remplie qu'ils se marchent ou plutôt se volent dessus, se donnent des coups d'ailes et je n'ose imaginer leur état de panique et de fatigue par cette chaleur.

Je lui dit que je veux bien libérer ses oiseaux, que oui, ça m'intéresse mais 6000 francs c'est trop cher et que là je n'ai pas le temps, je vais déjeuner mais après, s'il est toujours là, on discutera du prix. Il insiste à peine ce qui est surprenant suivant les standards locaux et m'explique que cette libération me portera bonheur pour tout le reste de la journée (note pour mon fidèle lectorat : libérer de préférence des oiseaux vers 6h du matin).

Une fois ma pause déjeuner terminée, je constate en parcourant les 150 mètres qui me séparent de mon lieu de travail que mon captureur d'oiseaux a disparu et je m'empresse de l'oublier ce qui, je l'affirme ne me porta pas malheur.

Mon charmant collègue avait organisé un tour de Dakar en taxi le lendemain après-midi et là, que vois-je sur la corniche près du Novotel : mon kidnappeur de plumes, sa cage bondée toujours à ses côtés. Sont-ce les mêmes zoziaux ou pas ? Mystère...

Une courte négociation et le fait que je tende un billet de 1000 et un autre de 2000 me permet d'ouvrir la porte pour la moitié du prix demandé et, alors que les plus futés trouvent assez vite le chemin des airs et que je secoue la cage dans tous les sens pour tenter d'expulser les moux du bulbe de leur prison, je songe que le destin de ces pauvres bêtes affaiblies est certainement de finir dans le bec d'un vautour dans les heures qui suivent ou de retomber dans un piège tendu par un collègue du type à qui je viens de filer 3000 francs CFA.

Je me dis aussi que le fait de payer pour libérer des oiseaux ne va rien faire d'autre que l'encourager à en capturer de nouveaux dans un pays où un vendeur de cartes Orange à la sauvette (généralement guinéen) touche, paraît-il, moins que cette somme en une journée de travail.

Pendant que je pense à ça, mon collègue à qui j'ai suggéré de prendre la pause comme moi afin de montrer la photo attendrissante d'un gentil papa à ses 3 enfants, libère les derniers volatiles et m'informe que deux sont morts au fond de la cage. Ca ne m'étonne pas.

Le tortionnaire de piafs nous regarde impassible. Renfrogné mais impassible.

Alors au lieu de râler, de lui faire la morale ou je ne sais quoi, je lui demande pourquoi il met autant d'oiseaux dans sa cage et lui révèle que n'importe quel touriste sera prêt à payer le même prix quelque soit le nombre d'oiseaux à libérer et que ce n'est pas la peine d'en attraper trop... et j'ajoute, presque malgré moi : "ça serait mieux d'avoir deux cages".

Indignez-vous ! (de Stéphane Hessel)

Bonjour aux zindigné(e)s
Bonjour aux résigné(e)s
Bonjour aux zotres

Quelques mètres cubes d'eau chlorée et quelques centimètres carrés de lycra moulant favorisent les rapprochements surtout entre personnes ayant chacune un livre bien en vue sur son transat. Etre deux brasses coulée, j'ai donc demandé "C'est bien ?" au propriétaire d'un exemplaire de Indignez-vous ! et il m'a assuré que c'était formidable, à méditer, à relire plusieurs fois et patati et patata.

Il a fini par me proposer de me le prêter et j'ai accepté sans me faire prier. Une petite demie-heure plus tard, une fois les 20 et quelques pages avalées (contrairement à l'eau que je recrache), je n'ai pu retenir un "c'est tout ?" qui dans mon esprit, sonnait nettement moins comme un regret devant la brièveté de l'ouvrage que comme un reproche envers l'indigence de son contenu.

Sans aller jusqu'à m'indigner, je m'étonne néanmoins du succès selon moi inexplicable du pamphlet de Stéphane Hessel. Indignez-vous ! est d'une superficialité navrante et d'une évidente platitude un brin neu-neu... L'indignation d'Hessel, c'est la prose de Monsieur Jourdain, l'humour de Molière en moins.

Ah ben oui, la guerre c'est très mal, quant au terrorisme n'en parlons pas et la maladie c'est bien triste et la famine aussi surtout quand on songe aux profits des vilains labo pharmaceutiques et consortiums agro-alimentaires ... Quant aux sans papiers, aux clandestins, évidemment, ça ne peut laisser indifférent, c'est même bouleversant quand on y songe plus de 9 secondes. Individuellement il s'agit de terribles drames humains mais collectivement, c'est un vrai problème renforcé par de multiples malentendus et non dits à traiter bien avant nos frontières (citons la corruption, l'économie parallèle, le grand écart entre ignorance, manque crucial de sens critique et de réflexe analytique, la pression familiale, les mensonges des migrants qui ne peuvent perdre la face et admettre qu'ils galèrent et accès à l'internet mais aussi... la religion) et avec un peu moins de légèreté qu'une indignation post-adolescente (je sais qu'Hessel a 93 ans mais on peut parfois en douter à le lire), viscérale (adressant donc uniquement à notre émotion et non à notre raison) et teintée d'angélisme.

Ce sentiment est renforcé depuis mes divers séjours professionnels à Casablanca, Conakry ou Dakar où j'ai eu l'occasion de cotoyer des gens très pauvres candidats à l'exil (ou pas du tout) et de discuter avec eux, de cerner leurs motivations, leurs illusions, leur responsabilité de devoir entretenir des familles exigeantes souvent inalphabètes. Je sais aussi, parfois, les mensonges ou les silences de ceux qui ont traversé la Méditerranée pour ne pas perdre la face, pour ne pas décevoir tous les espoirs placés en eux qui, par là-même, motivent d'autres candidats à l'exil au lieu de les dissuader comme des mères excisées sont les premières à exciser leurs filles au lieu de les protéger.

Alors oui, ce livre m'énerve parce qu'il égreine les "c'est pas bien" sans jamais donner de début de commencement de solutions, les "c'était mieux avant" (la sécu, les retraites, le CNR (sic !)) sans jamais avoir l'honnêteté d'admettre que les modèles portaient (et portent toujours) en eux leurs limites, parce qu'il est superficiel, décontextualisé (à l'origine du livre il y a un discours sur le plateau des Glières), absolument pas analytique, générateurs d'amalgames (la résistance contre le nazisme c'est tout de même autre chose que des préoccupations justifiées ou non sur le pouvoir d'achat, non ?) et que, de très loin, les pages les plus intéressantes sont les 4 dernières (sur 24 !) : celles des renvois et de la bio de l'auteur.

Celles et ceux qui me connaissent et me lisent régulièrement le savent : on ne peut vraiment pas m'accuser de désintérêt envers la seconde guerre mondiale. Cette période de notre histoire me fascine même et me bouleverse. Cela dit, je me garderais bien de considérer qu'elle constitue un modèle transposable à notre époque.

Selon moi les louanges tressées à ce livre sont inquiétantes et démontrent la vacuité conceptuelle et analytique de l'époque. Alors, si des ados font des sittings ici ou là en s'autoproclamant indigné(e)s, tant mieux, c'est de leur âge et si j'avais eu 20 ans aujourd'hui, j'aurais peut-être sali mon jean sur les trottoirs de Bastille mais après, concrètement, qui fait quoi ?

En fait, je trouve le bouquin limite dangereux de par ses amalgames et son absence de mode d'emploi (si ce n'est une vague mise en garde anti terroriste condamnée non pas tant moralement que pour son inefficacité !).

En outre, Stéphane Hessel semble insconscient d'un paradoxe de taille : lui qui appelle à l'indignation collective et pacifique ne cesse d'illustrer son propos par des références à la résistance et, sauf erreur ou ommission de ma part, la seconde guerre mondiale était tout de même vaguement belliqueuse ! J'aurais attendu plus de mémoire et de précaution de la part d'un homme qui a été torturé par les allemands, a passé environ un an dans plusieurs camps nazis où il a failli être pendu. Et vous, vous souvenez-vous comment les allemands appelaient les résistants ?

Deux liens plus intéressants que le livre lui-même

http://fr.wikipedia.org/wiki/Indignez-vous_!
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/les-5-preceptes-d-indignez-vous-de-stephane-hessel_948929.html

Conclusion

Plus j'avançais dans la rédaction sans filets de ce message plus je m'indignais... comme quoi, quelque part, ça marche...

lundi 13 juin 2011

Futures participantes (aux 24 heures du Mans 2012)

Bonjour à celles et ceux qui les fabriquent
Bonjour à celles et ceux qui les vendent
Bonjour aux zotres


Ces véhicules ne conviennent absolument pas aux enfants pour leur fragilité d'une part mais aussi en raison de leur évidente dangerosité : tout coupe, pique, se détache, égratigne et que sais-je encore !


Contrairement au Maroc où, en dehors du travail du cuir et du métal, l'artisanat local est peu créatif et se contente d'inonder le marché de contrefaçons et autres copies de produits occidentaux, contrairement en Guinée, où, à part quelques sculptures en bois et de quelques tissus, il n'y a rien à rapporter, le Sénégal regorge de produits artisanaux, de créations artistiques, bijoux et objets insolites tous plus tentants les uns que les autres.

J'ai flashé sur les petites voitures faites à base de boites de conserve et de canettes. Si elles n'étaient pas si fragiles et si mes bagages avaient été moins pleins, j'en aurais sûrement rapporté plus. Bien qu'elles étaient entourées de te-shirts et emballées dans des cartons, quelques détails ont souffert notamment les roues du camion tomate.

Je suis allée les acheter dans la maison même du fabricant, perdue dans des ruelles de la ville, guidée par un charmant dakarois vaguement rasta. Le capharnaum indescriptible regorgait d'objets insolites parfois fort esthétiques (d'autres fois plus discutables en termes de bon goût) mais j'ai hélas raté toutes les photos que j'ai faites sur place. Snif.

En dehors de la voiture Nescafé marron moins bien finie que les autres, chacune regorge de détails minutieux. Les portes s'ouvrent, certains capots aussi. Les roues des voitures oranges sont faites en bouchons de bouteille de 50cl de Fanta. On trouve aussi des vélos ou des hélico (instransportables) fabriqués sur le même principe et, plus rarement, des camions. J'en ai vu un superbe en canettes de coca pouvant contenir une vingtaine de CD.

En 2012, il faut qu'une de ces voitures participe aux 24h du Mans... Le pilote rose cochon est déjà prêt !

samedi 11 juin 2011

Jeu idiot (de juin)

Bonjour aux zapprenti(e)s comédien(ne)s
Bonjour aux zotres

Je vous propose de gagner deux places pour Comédien mode d'emploi de David Friszman. Que cela n'empêche pas les non-parisien(ne)s de jouer : elles et ils pourront offrir leurs places ensuite...

Pour gagner il vous suffit de répondre à cette question :
Quel(le) scène de quel film (et jouée par qui ?) donneriez-vous comme mode d'emploi de comédie et pourquoi ?

J'attire votre attention sur le fait que cette pièce se joue uniquement le samedi soir et que la dernière aura lieu le 2 juillet. En gros, il reste 3 dates : le 18, le 25 ou le 2.

Pour vous mettre sur la voie (ou pas du tout), je vais vous donner quelques exemples de scènes qui, moi, m'ont interpelée au niveau de mon vécu cinématographique. Puisque je ne peux pas répondre "Gregory Peck pour l'ensemble de sa carrière", je dirais :

- Keanu Reeves dans son célèbre slow motion chute arrière dans Matrix 1 pour l'esthétisme de l'ensemble
- Keanu Reeves faisant du surf dans Point Break (pourquoi croyez-vous que je fréquente tant les piscines des Novotel ces temps-ci : je m'entraîne)
- Keanu Reeves sautant d'un avion sans parachute dans Point Break (ah m'envoyer en l'air avec KR !)
- Keanu Reeves sous la pluie dans la scène finale de Point Break (vu le temps qu'il fait actuellement, j'en ferais bien un remake en sa compagnie)
- Keanu Reeves en duel à la fin des Liaisons dangereuses (il est beau quand il est en colère)

Bref, vous voyez que j'ai des goûts cinématographiques très affirmés. Plus sérieusement, je dirais peut-être :
- Wilhem Dafoe les bras en croix dans Full Metal Jacket (c'est d'ailleurs l'affiche)
- La scène de torture dans Reservoir Dogs
- Les images de trains qui roulent vers l'Allemagne dans Amen de Costa Gavras (et le regard de chien battu de Matthieu Kassovitz)
- en parlant de regard, celui de Richard Berry dans L'appat de Tavernier au moment où il comprend qu'il va mourir. Bizarrement et même si je ne rafole pas de cet acteur ni de sa personnalité, c'est la première réponse qui m'est venue à l'esprit
- Les scènes de shoot très speed de Jared Leto dans Requiem for a dream

24 heures (du Mans)

Bonjour aux pilotes
Bonjour aux spectateurs/trices
Bonjour aux zotres


L'édition 2010 des 24 heures du Mans a connu un dénouement catastrophique : aucune voiture Peugeot n'a franchi la ligne d'arrivée malgré une large domination aux essais et des victoires dans beaucoup d'autres courses d'endurance au cours de la saison.

Je crois les doigts pour la Peugeot n°9 qui, bien évidemment, est ma chouchoute comme toujours. Je fais de même pour les voitures des écuries locales (eh oui, le Mans est VRAIMENT la ville de l'automobile) Pescarolo et Courage qui, cette année, aligne une voiture électrique au départ.


24 Heures du Mans 2010: Audi et Peugeot dans la... par lmtvsarthe-wizdeo

Cette seconde video montre les images clefs de la course 2010. Le commentaire est en espagnol mais les images (superbes) parlent d'elles-même.



Et puis, évidemment, une pensée esthétique pour Patrick Dempsey dont c'est la 2e participation aux 24 heures du Mans (pour le plus grand bonheur des organisateurs je suppose).

jeudi 9 juin 2011

2 spectacles (de David Friszman)

Bonjour David
Bonjour aux comédien(ne)s
Bonjour à celles et ceux qui voyagent en trains de banlieue
Bonjour aux zotres

David Friszman
est auteur de théâtre et co-réalisateur des excellentissimes Rimaquoi diffusées sur France 5 et encore visibles sur le net. J'aime beaucoup son écriture et, accessoirement, je l'aime bien aussi, lui.

La suite de ce message pourrait donc passer pour une petite pub sympa pour un pote (notez au passage la sublime allitération en p) si ce n'est que j'ai vu et aimé tous les spectacles qu'il a écrits et/ou mis en scène à l'exception du dernier en date créé l'an passé à Avignon (si mes souvenirs sont bons) et intitulé Comédien mode d'emploi qui se joue le samedi jusqu'au 2 juillet inclus au théâtre Essaion dans le 4e arrondissement. Pour samedi soir, il est possible d'avoir des places pour un prix plus que dérisoire voire indécent.

Je n'ai pas encore pu voir ce spectacle pour cause d'absence de samedis libres (Conakry puis week-end hors de Paris puis de Dakar) et je ne pourrai pas encore aller applaudir David demain soir mais je croise les doigts pour pouvoir y aller le 18 ou le 25 juin.

Une autre de ses pièces est jouée au théâtre Clavel dans le 19e. Elle s'intitule Trains de banlieue. J'en ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog. Je l'aime beaucoup au point de l'avoir vue 4 ou 5 fois déjà et d'envisager de la voir encore lundi 13 prochain. Avis aux zamateurs/trices : ce sera la dernière représentation.

Lien vers le récapitulatif des derniers spectacles de David Friszman
N'hésitez pas à faire passer l'info.

samedi 4 juin 2011

Panorama (dakarois)

Bonjour aux habitant(e)s de Dakar
Bonjour aux zotres


Le monument de la renaissance a été inauguré en 2010. Sa construction a été très controversée ce qui, en soi, est certainement un signe qu'il était important de l'édifier ou tout au moins d'édifier quelque chose du genre (même si ça a dû coûter un bras)... dans un quartier près de l'aéroport que le gouvernement souhaitait par ailleurs désenclaver et qu'il était difficile d'aménager.

Le monument est construit sur un mont qui domine la ville à quelques 100 mètres et, lui-même fait environ 50 mètres de haut. Les premiers étages racontent sa construction et l'histoire africaine. Elle abrite également une ébauche de musée des arts qui compte des oeuvres certes rares mais intéressantes.

On peut monter dans la tête du monsieur (son chapeau en fait) via un ascenseur pour 4 personnes minces. Là-haut on peut tenir grosso-modo à 8 et ça bouge comme sur une mer calme. J'avais donc vaguement la gerbe et surtout beaucoup plus le vertige qu'en haut d'un skycraper US ou de la Tour Eiffel.

Plus d'infos sur Wikipedia

vendredi 3 juin 2011

L'éducation d'une fée (Didier Van Cauwelaert)

Bonjour aux fées, génies et autres enchanteurs/eresses
Bonjour à celles et ceux qui croient en elles et eux
Bonjour aux zotres

L'éducation d'une fée est le 5e livre de Didier van Cauwelaert que je lis en 2 ou 3 ans et je sais désormais que cet auteur est capable du soporifiquement pire (La demi-pensionnaire) comme du superbement meilleur (Un aller simple). Aussi n'étonnerai-je personne en ajoutant qu'il est aussi sujet à l'inégal au sein d'un même ouvrage qui, dès lors, laisse une impression moyenne et mitijée.

Le sujet (trouvé sur un site)

Tout commence par un coup de foudre. Nicolas tombe amoureux de deux personnes : l'une, blonde, Ingrid, ornithologue et veuve d'un militaire tombé en Bosnie ; l'autre brun à lunettes, Raoul, 4 ans et demi et fils de la première. Mais après quatre ans de bonheur, Ingrid veut partir. Heureusement, une fée, prénomée César et caissière de supermarché de son état, veille...

4e de couverture sur Evene

Un inventeur de jouets voit son existence virer au drame lorsque la femme qu'il aime, jeune veuve et mère d'un petit garçon, décide de le quitter. Mais surgit dans sa vie une jeune immigrée kurde, qu'il assimile aussitôt à une fée. Saura-t-elle réenchanter des personnages blasés et amers ? Un conte de fée moderne et désopilant.

Mon avis

Si j'avais commencé par ce livre, peut-être n'aurais-je jamais lu un deuxième roman de l'auteur. Heureusement, c'est via L'orange amère que j'ai découvert Didier van Cauwelaert ce qui m'a permis, dans la foulée, de recevoir le choc encore humainement doux et littérairement éblouissant d'Un aller simple qui en son temps reçut le prix Goncourt.

Si j'ai retrouvé dans L'éducation d'une fée une thématique identitaire et un rapport à l'adoption (choisie) et à la croyance (au sens non théologique du terme) semble-t-il communs aux livres de l'auteur, j'ai cette fois ressenti les limites de l'exercice.

J'ai été une fois de plus très sensible à la qualité de plume de l'auteur, à son humour, à son inventivité pointilliste et à son évidente humanité mais je n'ai pu m'empêcher de regretter moult facilités, ficelles et autres coïncidences par trop capillotractées.

Certes, dès le titre, on se doute bien que l'on s'apprête à lire une sorte de conte pour adultes (et c'est bien le cas) mais le souci principal est que c'était une gageure de trouver une fin potable à cette histoire qui commence si bellement et dont les personnages sont tellement attachant. On assiste donc à une conclusion bâtarde (si je n'étais pas de bonne humeur, j'aurais peut-être écrit débile... mais je ne l'écris pas car je suis de bonne humeur...) forcément déceptive. Mais il serait dommage de réduire ce roman sympathique à ses derniers chapîtres et tout ce qui précède vaut la lecture et provoque sourires et émotions à grands coups de trouvailles imaginatives, de flash backs douloureux, de questionnements intéressants sur le déracinement et la culture.

Côté "histoire sentimentale", je ferais un parallèle avec l'univers et les théories amoureuses d'Alexandre Jardin et, de ma part, ce n'est pas vraiment un compliment. Mais je n'insiste pas, je rappelle que je suis de bonne humeur (sinon j'aurais peut-être souligné le gnangnatisme rose bonbon de cet aspect du roman mais je m'en garderais bien étant donné que je suis de bonne humeur).

Les premières lignes chez Caro[line] qui n'a pas été enthousiasmée

Je suis tombé amoureux de deux personnes en même temps, un vendredi matin, dans un bus d’Air France. Elle est blonde, en tailleur noir, les traits tirés, les yeux rougis, l’air à la fois concentré et absent, les doigts crispés sur la poignée de maintien au-dessus de sa tête. Il est tout petit, avec de grosses lunettes rondes à monture jaune, des cheveux noirs collés au gel qui se redressent en épis, et un chasseur bombardier Mig 29 de chez Mestro dans la main droite.

Extrait trouvé dans le bric à book de Leiloona qui a aimé le livre et évoque habilement son histoire

Personne ici ne soupçonne le voyage que j'ai fait, les années d'étude et les mois de guerre, les attentes de visa, les humiliations et ce rêve de la France qui m'a permis de tout surmonter, même les deux nuits où je suis restée cachée parmi les cadavres à la frontière iranienne -tout cela pour me retrouver CDD contrat jeune à l'hypermarché de Mantes-Nord. Je sais que je suis fière, que je ne suis pas à ma place, que "je me crois" comme elles disent. Mais quand on vient d'un pays muselé, vampirisé de l'intérieur et affamé par l'embargo, privé de livres, d'alternative et de liberté, leur résignation sous les néons, leurs petits songes mesquins d'un destin planifié soumis aux coucheries, aux maris, aux bébés, aux promotions, aux dettes, sont peut-être les plus grandes blessures que j'ai reçues dans ma vie, parce que c'est la première fois que je me sens en danger d'y renoncer.

La maman de la Conjuration des livres n'est pas dupe des faiblesses du roman mais livre malgré tout un avis positif

Conclusion

Un gentil roman de piscine inégal mais émaillé de passages intéressants et de personnages attachants. Il ne m'en restera quasiment rien dans un mois...