mardi 27 novembre 2012

Que faire de Mister Sloane (j'aurais bien une idée...)

Bonjour Gaspard
Bonjour Charlotte
Bonjour Michel
Bonjour Jean-Claude
Bonjour les zotres

La première fois que j'ai vu Gaspard Ulliel au cinéma, c'était dans Embrassez qui vous voudrez de Michel Blanc adapté de l'excellent livre comique Vacances anglaises de Michael Connelly. Je l'ai trouvé extraordinaire, magnifique et déjà magnétique malgré son jeune âge et j'étais convaincue qu'il ne tarderait pas à devenir une star.

Il m'est arrivé par la suite de voir certains films uniquement sur la base de son nom au générique et jamais je n'ai été déçue. Aussi, lorsque j'ai entendu que pour la première fois de sa carrière il jouait dans une pièce de théâtre, j'ai su que j'irais la voir.

Le sujet

Kath, la cinquantaine bien sonnée loue une chambre au jeune et ténébreux (et pour le moins attirant) Mister Sloane dont le côté visiblement canaille semble on ne peut plus émoustiller sa logeuse. Le frère de celle-ci voit cette cohabitation naissante d'un oeil d'autant plus mauvais que lui non plus n'est pas insensible au charme du mystérieux locataire. Les choses se compliquent encore quand le père de Kath rencontre Mister Sloane.

Mon avis

Comme d'habitude, je juge l'intérêt d'une pièce de théâtre en fonction de trois éléments :
- le texte
- la mise en scène
- le physique jeu des acteurs

Cela étant posé j'ai envie de de dire que dire de Que faire de Mister Sloane ? (vous suivez ?)
La pièce ne mérite ni les louanges intello-snobino-bobo de Ca balance à Paris (comme Télérama c'est un peu mon thermomètre inversé) ni les descentes en flammes que j'ai pu lire dans certaines critiques.

Le texte

J'adore écouter et lire des pièces de théâtre quand elles sont bien écrites. Je me régale de Musset, je ne me lasse pas d'Anouilh et de quelques autres. Je doute en revanche que je prendrais plaisir à me plonger dans le texte de Joe Orton (accessoirement mort assassiné par son mec). La première partie de la pièce ne présente aucun intérêt sur le plan littéraire ou psychologique et repose sur un comique de situation. La seconde partie est certaine nettement plus dense, intéressante, potentiellement dérangeante sur le fond mais pas inoubliable sur la forme. Quant à la psychologie des personnages, elle est d'une légèreté coupable de la part de l'auteur : les émotions et les intentions passent dès lors par des effets démonstratifs parfois indigestes.

La mise en scène

Cela étant posé aussi, j'ai envie d'ajouter que si le texte d'une pièce est bon, il se suffit à lui-même et on n'a pas besoin d'en faire des caisses côté mise en scène. Ceci explique peut-être pourquoi Michel Fau (qui joue aussi le frère) a justement choisi d'en faire des caisses. J'ai lu et entendu des louanges quasi unanimes sur la mise en scène résolument... hum... résolument quoi d'ailleurs... loufoque... non... provocatrice... par moments... disons résolument susceptible de choquer les âmes prudes et sensibles. Je ne les partage pas pour deux raisons.
A - Je pense que personne ici ne pensera que je dis ça parce que j'ai été choquée mais parce que je déplore la gratuité de certains attouchements vaguement graveleux entre Charlotte de Turckheim et Gaspard Ulliel qui lorgnent non pas vers la scène torride et sauvage mais vers le touche pipi de mauvais goût. On est loin d'un Tramway nommé désir... Sloane n'est pas Kowalsky et Ulliel n'est pas (encore ?) Brando.
B - La plupart du temps les acteurs sont particulièrement statiques, les déplacements rares. Ulliel ne sait pas quoi faire de son beau grand corps et encore moins de ses 2 mains. Turckheim pourtant excellente habituellement dans les rôles de bourgeoise à la voix haut perchée surjoue ici plus que de raison, notamment pendant tout le début de la pièce. Et la, je pense vraiment que c'est un problème de direction d'acteur plus que de qualité d'interprétation, point sur lequel j'arrive maintenant.

Le jeu des acteurs

Fau, Jay et Turckheim sont excellents au petit bémol près évoqué précédemment. Quant à Gaspard Ulliel, les avis sont tranchés et, paradoxalement, parmi les 4 personnes du groupe, c'est moi qui était la plus sévère. Je maintiens qu'il est l'élément le moins convaincant, le moins fiable du casting mais je n'irais pas jusqu'à en faire le maillon faible parce que la gaucherie fait aussi partie du charme du personnage. Encore faut-il la jouer volontairement et sans la surjouer.

Ce que je retiens de la pièce

Une fois de plus, à l'inverse de mes camarades, ce que j'ai préféré dans la pièce est le traitement du personnage de Kath, une femme sur le retour pas (ou plus ?) vraiment gâtée par la nature, malmenée par la vie, par les costumes et par le texte ! En voyant Charlotte de Turckheim sur scène pendant la fin de la pièce, je me suis dit "Whaouw, faut oser mais ça doit être génial à jouer pour une actrice. J'adorerais avoir l'opportunité et surtout le cran de faire ça sur scène !!!" et c'est bien là tout le paradoxe de cette pièce : ce n'est pas lorsqu'elle tripote l'entre-jambe d'Ulliel en slip que j'ai eu envie d'être à sa place et que je me rêvais actrice mais lorsque son personnage sombre en pleine déchéance. La tension et la sincérité étaient beaucoup plus palpables que lors des scènes de tripotate du début de la pièce. Grand moment.

Conclusion

Un moment globalement non dénué d'intérêt et d'attraits mais dispensable si on ne va au théâtre qu'une fois par lustre.
Si c'est plus fréquent, à voir pour le thème cruel et son traitement sans concession qui évoque parfois certaines pièces grinçantes (et/ou brillantes) si magistrales chez Anouilh... mais tant qu'à faire autant voir du Anouilh (ou le lire tant c'est bien écrit) !
Accessoirement, Gaspard est vraiment beau, Charlotte est vraiment bonne... mais entre les deux, yapa photo, je sais qui je choisirais comme locataire...

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