jeudi 26 février 2009

Combien de fois je t'aime (de Serge Joncour)

Bonjour à celles et ceux qui n'aiment qu'une seule fois
Bonjour à celles et ceux qui aiment plusieurs fois
Bonjour aux zotres

Dans le cadre de mon challenge de lecture de février, j'ai une double que dis-je, une triple joie :
-
vous avez voté pour les deux recueils de nouvelles que je voulais lire (celui de Serge Joncour est arrivé en tête avec 20 voix, celui de Ron l'infirmier en a obtenu 18, les 3 zotres 13 chacun),
- tous les deux étaient excellents.

Le sujet

17 nouvelles qui conjuguent le verbe aimer sur tous les modes

Mon avis

J'avais beaucoup aimé U.V. (voir
ici avec un lien vers la critique de Liliba et où se trouve la mienne) au point de l'inclure au Top 5 de mes lectures 2008. Les nouvelles de Combien de fois je t'aime confirment les qualités tant appréciées dans le roman :
- une très belle écriture travaillée mais fluide, subtile, vraie,
- de jolies formules parfois poétiques,
- de beaux portraits humains,
- de grandes qualités d'analyse et une vraie virtuosité à décrire les sentiments et les actes (les pages consacrées au sexe sont magnifiques d'évidence),
- une douceur ineffable, un peu mélancolique, parfois désabusée qui donne une unité d'ensemble et un charme triste et tendre au recueil.

Pour moi, le point faible du livre et la 3e nouvelle "toute une vie dans un portable" construite sur une excellente idée de départ mais tourne vite à l'énumération lassante et vide de sens. Je ne sais pas quelle est ma nouvelle préférée tant quittant l'une à regrets, je plongeais aussitôt entièrement dans la suivante. Peut-être ai-je une tendresse particulière et un brin masochiste pour "Joyeux Noël" qui démontre s'il en était besoin qu'il y a des instants qui décident d'une vie et des choses simplissimes voire ridicules contre lesquels la plus grande des passions ne peut rien.
Les enfants planent comme des ombres sur la moitié des textes et leur présence/absence confère un relief particulier aux textes qu'ils inspirent.

Quelques extraits

Elle restait là sans se mélanger aux autres, son caractère l'amenait à ça, à être un peu en marge, on la disait de son époque, moins pour l'atteindre que pour la résumer. (P.10)

Camille la pauvre, elle a déjà tellement à faire avec une vie qui n'avance pas, même les bonnes nouvelles l'inquiètent, alors l'appeler un soir à l'improviste, ce serait la faire douter un peu plus. (P.39)

Avec elle on fait l'amour pour ne faire que ça, on ne se désire que pour ce désir-là, qui s'épuise par l'effet d'on ne sait quelle fatigue, après quoi on reste un temps sans se parler, rincés, comblés, piégés dans une mutuelle reconnaissance, les corps détachés, on fait juste l'effort de ramener un pan de drap sur soi, sur l'autre aussi, à nouveau on sent qu'on pourrait prendre froid, à nouveau on est fragile, humain, rien que ça, on pourrait presque être bien si c'était vraiment ce qu'on voulait. (P.54)

(...) quelle misère que d'être tombé si bas dans le silence de l'autre, suspendu à rien. (P.91)

(...) le passé est une fatigue qu'on ne finit pas de creuser, alors je polissais des souvenirs pour m'y voir plus brillant. (P.124)

La solitude c'est notre lien le plus fort, on passe chacun notre soirée dans son coin, on mange à peine ensemble, chacun son plateau-repas, toi dans tes bouquins, moi devant la télé, on communie par la saveur du surgelé, pour le reste, on fait assiette à part. (P.168)

Conclusion

Un très joli moment de littérature et d'émotion.

Un très bel avis que je partage absolument sur un blog hélas fermé.

7 commentaires:

Nathalie Croisé a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Nathalie Croisé a dit…

Rien que le titre en ces temps où on ne sait plus dire "Je t'aime" me donne très envie de feuilleter ces pages. Merci pour ses jolis commentaires.

Anonyme a dit…

je suis convaincue...je vais le lire! merci ;-)

Anonyme a dit…

J'en ai lu d'autres, dont VU (son premier roman). C'est une belle écriture, oui. Je suis un peu timide pour en parler parce que je l'ai rencontré sur un salon du livre, et il m'a acheté mon livre. Il est venu ensuite écrire des jolies choses sur mon blog. Je le dis ici parce que venant de cet auteur-là ces mots ont été importants pour la petite débutante que je suis.
Je m'offrirais celui-là bientôt ! Il y a une vidéo d'une interview de lui faite par ferney qui est assez amusante. Je cherche le lien et je reviens !

Anonyme a dit…

http://auteurstv.blogspot.com/2007/11/serge-joncour.html

Cécile Qd9 a dit…

Nathalie : j'espère que tu aimeras

@ Annaïg : j'espère que tu aimeras aussi

@ Ficelle : rien qu'au style, je m'étais doutée que le commentaire de "Serge J." sur ton blog était de lui... Merci pour le lien, je regarderai ça ce week-end.

Jerry OX a dit…

un livre qui me rappele celui de Frédéric Beigbeder qui s'intitulait "l'amour dure trois ans" et que j'ai trouvé bien écrit bien qu'étant d'un pessimisme sans nom ! douce soirée à toi !