jeudi 18 décembre 2008

Sa femme (d'Emmanuèle Bernheim)


Bonjour aux femmes
Bonjour aux maris
Bonjour aux
amant(e)s
Bonjour aux zotres


Je crois que lire un livre c'est faire une rencontre et que comme toute rencontre, sa réussite ou non est liée aux deux parties en présence (en l'occurrence, moi et le livre dont je vais parler) mais aussi (surtout ?) aux conditions qui l'entourent et au moment de sa vie où on la fait.

J'ai eu envie de lire Sa Femme d'Emmanuèle Bernheim dès sa sortie (1993) mais ça ne me semblait pas "le bon moment". Je savais que je le ferais un jour ou l'autre. Il se trouve que j'ai trouvé ce livre chez Book Off début 2008 et que je l'ai sorti du carton qui l'abritait au mois de novembre. J'ai dévoré les 114 pages d'un texte minimaliste, empreint de finesse et d'émotion.

Le sujet

Claire est médecin. Un jour, par hasard, elle rencontre Thomas à son cabinet. L'attirance est immédiate et réciproque. Seulement voila, Thomas est marié.

Mon avis

J'ai aimé le travail quasi pointilliste effectué par l'auteure qui s'attache avec tendresse à la description de bribes de temps volées, son analyse tout en finesse et en ellipses des pensées féminines, sa faculté à dépeindre les sentiments, à évoquer des détails qui en disent parfois plus que de longues descriptions ou discours.

Je me suis étonnée du manque de dialogue entre ces amants-là et j'ai trouvé leur relation finalement assez pauvre humainement et la fin du roman peu crédible non pas d'un point de vue masculin (j'imagine tout à fait un homme capable de ça) mais du point de vue féminin (je n'imagine pas une femme réagir comme Claire tout au long de cette relation). Peut-être est-ce que je projette trop en fonction de mes propres réactions si... et si... ou si...
En conséquence, j'ai adoré le livre jusqu'à la page 90 environ et moins aimé la fin. Je ne dirais pas pourquoi pour ne pas déflorer trop de cette histoire intime racontée sur un ton feutré, nuancé, neutre, qui m'a parfois fait penser à l'écriture blanche d'Annie Ernaux, la force, l'implication, l'engagement en moins... Je tourne sans le trouver vraiment autour du mot et du concept que je cherche ; je pourrais presque dire "la violence" au sens positif du terme. Disons qu'Ernaux est plus vraie, plus généreuse (et talentueuse) que Bernheim.

Ce qui fait à la fois la force et la faiblesse de Sa Femme, c'est la distance qu'Emmanuèle Bernheim met constamment et volontairement entre elle et son héroïne, entre ses personnages et ses lecteurs/trices, je dirais même entre ses personnages entre eux. Cela permet certes de s'identifier tant que l'on veut (avec de tels romans, le bovarisme a de beaux jours devant lui !) en remplissant les non-dits de l'histoire de son propre vécu, de ses réflexions personnelles, de ses limites morales/intellectuelles/autres aussi sans doute (projection, quand tu nous tiens). D'un autre côté, il manque un peu de sens, de corps et d'esprit à cette relation à la fois si régulière et si floue. Y croit-on vraiment ?

Mon avis

Subtil, parfois trop ? Humain, très humain. Une fin que j'aurais préférée différente.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je l'ai lu à sa sortie, je n'avais pas tellement aimé, beaucoup trop froid. Aujourd'hui je ne sais même pas si j'irais jusqu'au bout.

Cécile Qd9 a dit…

Oui, je comprends ta réserve. J'ai eu la même en fait.